Ottawa achètera les vieux F-18 australiens

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Canada : une quincaillerie en guise d'armée de l'air

Le gouvernement fédéral annoncera mardi qu’il se porte acquéreur de vieux avions de chasse de l’Australie en attendant que son nouvel appel d’offres, qu’il dévoilera du même coup, débouche sur l’achat de 88 appareils neufs pour remplacer la flotte canadienne vieillissante.



On ignore précisément combien d’appareils australiens seront achetés, mais le nombre 30 a été évoqué. La flotte canadienne de CF-18, qui comptait au départ 138 appareils, n’en compte plus que 77.



Achetés entre 1982 et 1988, les appareils sont aujourd’hui moins fiables, nécessitent plus d’entretien et sont donc moins souvent disponibles. Le ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, a souvent dit que le Canada éprouvait de ce fait une carence de capacité, c’est-à-dire une difficulté à remplir simultanément ses obligations auprès de l’OTAN et du NORAD, d’où le besoin de bonifier la flotte.



Les appareils australiens, des F/A-18 très similaires aux CF-18 canadiens, ont été achetés à partir de 1981. L’Australie a décidé de les remplacer par des F-35 qui lui seront livrés entre 2018 et 2023.



Mais pourquoi le Canada achèterait-il des appareils aussi vieux que ceux qu’il a déjà ? Des spécialistes en approvisionnement militaire estiment qu’au-delà de l’apparent non-sens, cette décision comporte une certaine logique.



« Les F-18 australiens ont été commandés en même temps que les [CF-18] canadiens et ont à peu près le même âge », concède Francis Langlois, professeur au cégep de Trois-Rivières. « Leur état n’est pas meilleur ou pire que celui des [appareils] canadiens. »



Plus pratique



C’est justement cette similarité qui constitue leur avantage, explique David Perry, analyste à l’Institut canadien des affaires mondiales.



M. Perry fait une analogie avec les téléphones intelligents. Lorsqu’on change d’appareil, il est parfois plus pratique de rester dans la même ligne de produits, d’une part parce qu’on sait déjà comment fonctionne son interface et, d’autre part, parce que certains accessoires qu’on possède déjà seront compatibles.



« Si vous changez d’appareils, vos infrastructures pour les accueillir ne fonctionneront pas, les programmes d’entraînement seront différents, il faudra entraîner les pilotes, il faudra conclure de nouveaux contrats avec l’industrie pour assurer leur entretien. Mais si vous achetez des appareils [comme ceux] que vous avez déjà, vous savez déjà comment les utiliser, et vous pourrez plus rapidement les utiliser. »



L’idée est donc d’agrandir la flotte canadienne le temps que les nouveaux appareils soient achetés. Ottawa devrait d’ailleurs annoncer mardi les paramètres de son nouvel appel d’offres, confirme une source au Devoir.


Leur état n’est pas meilleur ou pire que celui des [appareils] canadiens


Francis Langlois, professeur au cégep de Trois-Rivières


Cet achat transitoire d’appareils usagés australiens se veut un substitut à l’idée initiale d’acheter 18 appareils neufs Super Hornet à Boeing. Ottawa a abandonné cette idée dans la foulée de la guerre commerciale que livre l’entreprise américaine à Bombardier.



Même s’il comprend la logique de l’achat intermédiaire qu’Ottawa s’apprête à annoncer, M. Perry préférerait qu’il soit évité en obtenant une livraison rapide des appareils neufs. Toutefois, il rassure ceux qui craignent une réédition de l’épisode des sous-marins de seconde main achetés pour 750 millions en 1998 de la Grande-Bretagne.


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