(Ottawa) Ottawa affichera un déficit nettement plus élevé qu’anticipé pour l’année financière 2019-2020 : le gouvernement estime qu’il atteindra 26,6 milliards plutôt que 19,8 milliards tel que prévu dans le dernier budget.
Le ministre des Finances, Bill Morneau, continue à préconiser les investissements plutôt que l’austérité, alors que des nuages s’accumulent sur les provinces de l’Ouest du pays et que l’économie mondiale montre des signes de ralentissement.
«Avec notre approche, on va avoir une cote de crédit AAA, et ça, c’est très important. Ça nous donne un niveau de confiance pour se préparer aux défis de l’avenir», a-t-il plaidé après le dévoilement de sa mise à jour économique et budgétaire.
Pour l’année financière 2019-2020, la croissance devrait se chiffrer à 1,7%, et si l’encre est plus écarlate, c’est en raison de dépenses encourues pour cet exercice, notamment la baisse d’impôts pour la classe moyenne.
«On va continuer avec une approche qui va améliorer notre niveau de croissance. C’est bon pour l’emploi et la croissance des salaires», a poursuivi le ministre, qui ne voit pas de récession à l’horizon – pas plus que les représentants du privé qu’il a consultés.
«On a des économistes de 14 institutions, dont la Caisse de dépôt [et de placement du Québec], Desjardins, et personne ne pense qu’on va avoir une récession. Ça veut dire que notre situation actuelle est bonne», a-t-il insisté.
Le déficit va bondir à 28,1 milliards pour 2020-2021 pour progressivement diminuer et s’établir à 11,6 milliards pour 2024-2025 – soit bien au-delà d’un deuxième mandat du gouvernement Trudeau, surtout en situation minoritaire.
Une récession «faite au Canada»
Le porte-parole conservateur en matière de finances, Pierre Poilievre, a descendu en flammes ce document présenté alors que les travaux parlementaires ont été ajournés pour la période des Fêtes, accusant les libéraux de jouer inutilement avec le feu.
«On ne sait pas s’il y aura une récession, mais on sait une chose : s’il y a une récession, ce sera une récession faite au Canada, par les décisions des libéraux […] On a un déficit 7 milliards plus élevé que dans le budget, et le ratio dette-PIB augmente», a-t-il martelé.
Le député bloquiste Gabriel Ste-Marie est quant à lui demeuré sur son appétit, parlant d’une mise à jour «inutile» car ne comportant «pas de mesure». L’élu ne s’est toutefois pas offusqué du niveau du déficit.
Pas de bonification en santé
On y apprend par ailleurs, sans surprise, qu’Ottawa garde le cap quant au Transfert canadien en santé. Malgré le front commun du Conseil de la fédération, le taux annuel de croissance reste à 3,0%, alors que les provinces voulaient qu’il passe à 5,2%.
«On va prendre leur avis en considération, mais en même temps, on doit évaluer l’ensemble de la situation», a offert le ministre Morneau lorsqu’il a été questionné à ce sujet.
«Nous, on va se battre pour que ça se retrouve dans le prochain budget», a promis l’élu bloquiste Ste-Marie.
Le grand argentier d’Ottawa accueille à compter de lundi soir ses vis-à-vis provinciaux et territoriaux. Le montant que chacun d’entre touchera en péréquation leur a déjà été annoncé et sera rendu public sous peu.
Déficits fédéraux
2019-2020 : 26,6 milliards
2020-2021 : 28,1 milliards
2021-2022 : 22,1 milliards
2022-2023 : 18,4 milliards
2023-2024 : 16,3 millards $
2024-2025 : 11,6 milliards