Chers petits Québécois, le Père Noël est bien content de vous visiter encore une fois en cette fin d’année 2015. Cette année, j’ai fait un détour par Paris avant ma tournée des Fêtes, pour distribuer des bonnes nouvelles aux écologistes. Ils sont bien braves mes chers rennes. Cette année mon plus fringant a été le petit Renaud : avec lui, moi et mes lutins, on est blanc comme neige. Tout le monde m’a félicité pour mon courage d’entreprendre ce long voyage et de placoter contre Anticosti. Il y a juste quelques chiâleux qui ont dit que je portais bien mon nom, mais à la mauvaise place. Qu’ils sont vulgaires ces Québécois. Oups, j’oublie chu qui. Saudite habitude.
Je vous remercie pour toutes les lettres que vous m’avez fait parvenir ces derniers mois. Malheureusement Poste Canada ne livre plus le courrier à ma porte et je n’entends plus les messages de la population. Qu’à cela ne tienne, j’ai compris ce que vous vouliez me demander cette année et je vous ai préparé de belles petites baisses d’impôts. Pas si petites. Vous avez été très sages mes amis. On vous a rallongé les délais à l’hôpital, on vous a fait payer pour passer devant les autres, on a rajouté des enfants dans les classes, on vous a fait payer plus pour les services de garde et plein d’autres choses, et vous n’êtes même pas descendu dans la rue.
Maintenant, j’ai une marge de manœuvre pour vous laisser plus d’argent dans les poches, il faut bien vous distraire. Assez grande la marge, on a coupé fort. Le Fond des générations, mes jeunes, vous avez pensé que c’était un cadeau du Père Noël mais c’était de l’argent emprunté, on vous laisse la dette avec le Fond. Ça été très utile pour gonfler le déficit et justifier les grosses coupures. Maintenant on peut vous le dire, et vous pouvez le voir dans les données officielles, ce n’était pas un vrai déficit. On ne pouvait pas vous dire les vrais chiffres, vous auriez braillé pour nous faire dépenser plus, mes petits profiteurs.
Les baisses d’impôt ça sera surtout pour ceux qui payent trop, les riches qui créent notre richesse, mais il y en aura un peu pour tout le monde. Si vous n’êtes pas trop mal pris, ça vous aidera à payer pour des cliniques privées, des écoles privées, des garderies privées. Vous pensez peut-être que les entrepreneurs qui vivent de contrats publics sont favorisés parce qu’on n’a pas coupé dans ces dépenses-là. Rassurez-vous, ceux-là on les faits payer déjà quand ils reçoivent le contrat. Quant aux médecins, je ne sais plus quoi leur offrir, ils ont déjà tout. Ils vont se contenter des baisses d’impôt.
On a aussi les moyens de s’occuper de quelques milliers de réfugiés syriens, c’est un beau cadeau que je peux leur faire. Vous avez peut-être été surpris d’entendre que notre système de santé est prêt à leur donner tous les soins nécessaires, surtout si vous avez dû attendre longtemps à l’urgence ou pour une chirurgie urgente. Vous voyez, on n’est pas si mal pris.
Je peux vous promettre la même médecine pour les années futures, mon lutin Godbout m’a préparé un rapport qui me donne plein d’idées pour faire payer ceux qui s’accrochent aux services publics. Mais il faut me garder au pôle du plan Nord pour que la manne céleste continue de tomber. Méfiez-vous des Saint Nicolas qui voudraient prendre l’argent que vous gagnez pour la donner à vos patients et à tous ces Québécois moyens qui ne peuvent se payer des écoles et des médecins. Méfiez-vous aussi du grand Lego, qui a l’air de pencher de notre bord mais qui n’est pas fiable. Des fois, je pense même qu’il aime prendre un petit coup. Oh! Excusez-moi, ma barbe commençait à tomber.
Il faut que je vous dise que tout n’est pas simple. Il y a plusieurs Père Noël et toute une hiérarchie. Les Père Noël de centres commerciaux dépendent de moi mais il y a un grand Santa Claus à Ottawa qui contrôle la distribution au Canada. On est comme des enfants illégitimes au Québec et Santa Claus nous envoie beaucoup de bébelles et de bonbons, pas beaucoup de jeux de construction.
Il vaut mieux être gentil avec lui, on n’a pas les moyens de se débrouiller tout seul. Laisser moi faire, je sais rester à ma place et être poli. Ah! Ah! Ah!