Piloter sans balises

La Caisse siphonne Bombardier

Chronique de Pierre Gouin

Les deux grands mandats de la Caisse de Dépôt et placement du Québec, soit assuré le meilleur rendement possible pour les déposants et contribuer au développement économique du Québec ne sont pas aisément conciliables. Quand il est question de développement économique, la Caisse devrait travailler en concertation avec le gouvernement du Québec qui en est le premier responsable. Malheureusement, le gouvernement libéral a abandonné sa responsabilité dans ce domaine et il a préféré demander à Bombardier ce qu’elle souhaitait comme programme d’aide plutôt que de faire appel à l’expertise de ses fonctionnaires.

À première vue la Caisse fait une très bonne affaire pour ses déposants. La Caisse profite des difficultés de Bombardier pour prendre une participation, obtenir des postes d’administrateur et exiger un rendement annuel de 9,5% sur son investissement. Si cette information sur le rendement garanti de 9,5% publiée dans les médias est exacte, il s’agit d’une énorme contrainte à la rentabilité à long terme de Bombardier et d’un comportement de prédateur financier de la part de la Caisse.

Dans la mesure où le gouvernement laisse la Caisse à elle-même, on ne peut reprocher à ses dirigeants de se comporter comme ses pairs de l’industrie financière. Les pays développés se trouvent dans une phase de prise de contrôle de l’ensemble des entreprises de production par celles du secteur financier, une évolution qui est déjà bien documentée. Dans le cas de la Caisse on peut dire que son implication dans Bombardier est en contradiction avec son parti pris officiel en faveur de l’entreprenariat. Ce sont les entrepreneurs qui ont créé et fait croître les entreprises non financières et ce sont eux qui peuvent faire prospérer nos économies dans le contexte d’une forte concurrence d’entreprises de pays émergents.

On a laissé entendre cette semaine que la division des transports terrestres de Bombardier opérait dans un secteur mature où les bons rendements sont la norme. Cela paraît une affirmation bien audacieuse dans le contexte actuel de l’économie mondiale et on peut être certain que les pays émergents qui aident leurs entreprises à percer dans l’ensemble des industries ne leur demandent pas de fournir quelques rendements annuels que ce soit.


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