On ne saura jamais trop pourquoi Stéphane Dion s'est lancé en politique. Il faisait un professeur modèle, moins intéressant et moins drôle que son père, qui avait la pensée plus subtile et plus arrondie, mais un professeur respecté quand même. On dit que c'est Jean Chrétien qui alla le chercher pour se donner, lui boxeur de ruelles, des entournures respectables et intellectuelles. On ne saura jamais, à moins qu'il ne le raconte lui-même, pourquoi Stéphane Dion prit le contre-pied de son père, constitutionnaliste fameux et souple dont le rire généreux désamorçait les débats venimeux.
Le fils ferait dans la politique et il ne ferait pas dans les nuances, il donnerait plutôt dans la clarté. Et le voilà ministre, ministre du Canada, à la surprise de tout le monde. Il se prend au jeu de petit Trudeau, niant la société québécoise, niant les sages enseignements de son père. À la Chambre des communes, il fait le jeune coq et s'attire tous les applaudissements anglais et les sourires forcés de ses collègues francophones. Incapable de comprendre la politique, ce jeu d'impressions et de sentiments, il oppose sa rationalité. Pas question de se prêter aux bouffonneries de l'Infoman qui en fait sa marque de commerce. L'Infoman est le Québécois qui veut parler à Stéphane Dion et le ministre compassé refuse, outré. Un ministre ne se livre pas à de telles incartades. Cela n'est pas digne de son sac à dos de ministre. Que pense-t-il quand il se lance dans la course à la direction du Parti libéral et que les journalistes le regardent, incrédules? Il se sent probablement comme un objet volant non identifié qui va récrire les règles de la politique misérable et petite.
J'ai déjà écrit ici, faisant de la psychologie de café du commerce, qu'il se prenait pour l'antihéros, que sa modestie, sa gêne et sa réserve donneraient crédibilité à ses idées. Ce qui me renverse de la part d'une personne aussi intelligente, c'est qu'il ait cru à ce rêve.
On ne saura jamais pourquoi Stéphane Dion, sans appui, sans argent, sans avenir, s'est lancé dans la course à la direction du Pari libéral, promenant son modeste sac à dos et son sourire timide dans des assemblées de dix ou douze personnes, rappelant sa grande performance de président du Sommet de Montréal sur l'environnement. C'était sûrement par conviction, pour imposer ses idées sur l'environnement au débat entre les candidats sérieux. On ne saura jamais pourquoi Stéphane Dion à obtenu quatre voix de plus que Gerard Kennedy au premier tour et on ne saura jamais pourquoi Stéphane Dion, qui ne possédait aucune base dans ce parti, a humilié Ken Dryden et chauffé les Bob Rae et Michael Ignatieff au deuxième tour. On sait cependant pourquoi l'establishment libéral de Toronto a choisi Stéphane Dion. N'importe qui sauf ce professeur de Harvard qui faisait trembler les bases du parti, qui ne devait rien à Trudeau ni à personne, qui avait du Canada une vision beaucoup plus complexe que celle de l'arrogance libérale. Et Stéphane Dion fut coopté par une bande d'avocats et d'hommes de marketing de Toronto qu'il ne connaissait même pas. Les avocats se disaient que, puisqu'il venait du Québec, il maintiendrait au moins la présence libérale dans la province insoumise comme Jean Chrétien l'avait fait et que, fier Canadien, il leur conserverait l'Ontario.
On ne saura jamais pourquoi Stéphane Dion, sans appui, sans argent, sans avenir, s'est lancé dans la course à la direction du Pari libéral, promenant son modeste sac à dos et son sourire timide dans des assemblées de dix ou douze personnes, rappelant sa grande performance de président du Sommet de Montréal sur l'environnement. C'était sûrement par conviction, pour imposer ses idées sur l'environnement au débat entre les candidats sérieux. On ne saura jamais pourquoi Stéphane Dion à obtenu quatre voix de plus que Gerard Kennedy au premier tour et on ne saura jamais pourquoi Stéphane Dion, qui ne possédait aucune base dans ce parti, a humilié Ken Dryden et chauffé les Bob Rae et Michael Ignatieff au deuxième tour. On sait cependant pourquoi l'establishment libéral de Toronto a choisi Stéphane Dion. N'importe qui sauf ce professeur de Harvard qui faisait trembler les bases du parti, qui ne devait rien à Trudeau ni à personne, qui avait du Canada une vision beaucoup plus complexe que celle de l'arrogance libérale. Et Stéphane Dion fut coopté par une bande d'avocats et d'hommes de marketing de Toronto qu'il ne connaissait même pas. Les avocats se disaient que, puisqu'il venait du Québec, il maintiendrait au moins la présence libérale dans la province insoumise comme Jean Chrétien l'avait fait et que, fier Canadien, il leur conserverait l'Ontario.
Devant cette catastrophe, ce cataclysme, le nouveau politicien fait belle figure, sourit à tout venant, vante son candidat dans Outremont, il ne regrette rien. Le chef s'installe dans le déni, il tente de jouer le politicien.
Le chef a été parcimonieux dans ses premiers commentaires, au point même de ne pas reconnaître la défaite: les gens reprennent confiance, ils commencent à nous écouter, nous avons proposé une politique de l'eau qui les a séduits, les gens réfléchissent et nous entendent et, la prochaine fois, ils voteront pour nous. Un chausson avec ça, M. Dion?
Et on ne sait pas quand - on ne le saura jamais - quelqu'un lui a dit: «C'est peut-être vous, le problème. Vous n'êtes pas sympathique, on vous prend pour un anti-Québécois.» Et Stéphane Dion a jeté à la poubelle ses hardes d'antihéros, son sac à dos, son air de je sais tout, et il a fait son mea-culpa. «Je suis une personne plutôt discrète.» Et tralala. On me connaît mal, je suis plutôt drôle, je suis un vrai Québécois et je devrais faire plus d'émissions de variétés pour me faire connaître sous mon vrai jour. Un chausson avec ça, M. Dion? Ça fait dix ans que vous dites à l'Infoman que ce qu'il fait est ridicule, dix ans que vous dites que le Québec n'existe pas, dix ans qu'on ne vous a pas vu rire, dix ans que vous méprisez de votre oeil intellectuel les émissions de variétés et, pour refaire votre image, vous voulez être invité à Tout le monde en parle et pourquoi pas au Banquier?
On ne saura jamais pourquoi Stéphane Dion a choisi, plutôt que de corriger des mémoires, de faire de la politique, mais on pourra facilement expliquer pourquoi ce jeune homme plein de bonnes intentions est en train de livrer le Canada à Stephen Harper.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé