« Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis. »
- Thomas Jefferson
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« L’or est une monnaie. C’est tout. »
- J.P. Morgan
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Une des activités préférées des indépendantistes comme moi est de se demander pourquoi l’indépendance ne s’est pas faite. Pourquoi, en fait, le Québec est toujours dans le giron canadien alors que je ne me rappelle même pas avoir rencontré un seul Québécois ouvertement et fièrement fédéraliste depuis dix ans. Pourquoi le Québec n’est pas un pays alors qu’existe une telle indifférence à l’égard du Canada. Dans un récent billet, je parlais de l’individualisme en tant que pire ennemi d’une conception collectiviste comme l’indépendance, mais il me semble qu’il faille aller plus loin. Et si la raison de ce manque d’intérêt provenait simplement de l’incapacité pour la population de concevoir ce que représente réellement la véritable indépendance?
Depuis des décennies, on nous vend un projet clef-en-main quant à la création magique d’un État soi-disant indépendant. Je dis « soi-disant » parce que la plupart des élites indépendantistes considèrent qu’un État québécois s’enchaînerait de la même manière que l’État canadien en adoptant ses alliances – dont le libre-échange nord-américain – et sa monnaie. Il s’agit d’une erreur fatale.
Qu’est-ce que l’indépendance?
L’indépendance commence par la capacité de diriger soi-même sa destinée et s’il y a UNE SEULE chose qui domine toutes les autres dans ce domaine, c’est la monnaie. Laisser la gestion de la monnaie à d’autres – une banque centrale semi-privée, un État étranger, un conglomérat de banques, etc. – constitue l’équivalent pour un jeune adulte d’aller vivre en appartement tout en laissant la clef à ses parents. Il n’y a pas un seul bien qui soit plus important que la monnaie.
La monnaie permet la vie économique. Elle permet de s’acheter des biens. Elle évalue ces biens. Elle participe à l’éducation, à la culture, à la langue d’une nation selon qu’elle favorise une dépendance face à ses voisins ou une indépendance face à ceux-ci. La monnaie, c’est l’arme ULTIME de toute nation. Qui contrôle la monnaie contrôle la nation.
Or, les nations ne contrôlent plus leur monnaie aujourd’hui. Le Canada, la France, les États-Unis ou l’Allemagne ne sont pas davantage indépendants que le Québec. Ce sont des groupes de banquiers qui, aujourd’hui, décident des politiques des États. Ce sont eux qui prêtent l’argent aux pays, ce sont eux qui prêtent l’argent aux gens. Ce sont eux qui créent cet argent à partir de rien du tout et qui détruisent ainsi les économies de la population par l’inflation.
Regardez l’image ci-dessous.
Tout en haut existe un cartel bancaire, formé de méga-banques, principalement étatsuniennes, mais également européennes. Elles contrôlent toute l’économie de deux façons. De la première (partie gauche), elles prêtent aux États – qui deviennent de facto leurs subalternes – ce qui entraîne une augmentation de la dette publique, contrebalancée en partie par des dépenses publiques entraînant des revenues de taxes et d’impôts. De l’autre (partie droite), elles prêtes aux particuliers et aux corporations, qui ensuite dépensent et obtiennent un retour sur leurs investissements.
Or, à chaque étape, on crée davantage d’argent, puisque l’argent constitue aujourd’hui une dette (chaque dollar dans vos mains est en fait une promesse de règlement de dette; le dollar n’a pas la moindre valeur par lui-même). Quand on prête aux gouvernements, les intérêts réclamés augmentent la masse monétaire. Et quand on prête aux particuliers et aux entreprises, on crée encore davantage d’argent puisqu’on peut créer jusqu’à dix fois la valeur reçue. Par exemple, si vous déposez 100$ à votre banque, celle-ci peut en prêter 1000$; on vient de créer 900$ à partir de rien.
Cela a deux conséquences: d’un côté les banques encaissent de juteux profits en recevant les intérêts de leurs prêts; de l’autre l’augmentation de la masse monétaire entraîne une augmentation de l’inflation et la dévaluation de la valeur de l’argent dans nos poches.
Concrètement: on se fait avoir des deux côtés.
Si vous regardez au centre du graphique, on voit différentes « solutions » proposées pour mettre fin aux dettes privées ou publiques. Notez que celles-ci ne constituent pas de véritables solutions. En privatisant ou en nationalisant, on transfère simplement les dettes soit vers la collectivité, soit vers l’individu; cela ne change strictement rien pour les banques en haut. D’un point de vue moral, on pourrait souligner qu’il est mieux de faire peser le poids de ces dettes sur la collectivité, mais à terme, même dans un système ayant largement nationalisé ses entreprises et réduit la pauvreté, le poids de la dette finirait par tout étouffer puisque l’argent est une dette.
En clair: puisque l’argent constitue une dette, et puisque les dettes augmentent proportionnellement selon la quantité d’argent en circulation, il est tout à fait IMPOSSIBLE de rembourser ces dettes. Pensez-y. Les États sont endettés comme jamais et les individus ont un taux d’épargne négatif. Tout n’est que dette, dette, dette. Cette dette existe parce qu’elle est argent et on ne peut pas plus la rembourser que d’éliminer tout l’argent en circulation.
Ce système fonctionne un peu comme un siphon: il aspire vers le haut toutes les forces productives de la société jusqu’à rendre chacun de nous aussi esclaves qu’ils peuvent l’être, pris entre d’un côté les taxes élevés nécessaires pour rembourser la dette publique et de l’autre les salaires de misère ou les prix élevés pour rembourser la dette privée.
Nous sommes des esclaves.
L’or: la seule libération
Il y a une seule façon de sortir de cette gigantesque partie de casino truquée: l’or. L’or, depuis des millénaires, n’a qu’une seule fonction: celle d’être une monnaie. On ne peut pas imaginer une monnaie plus stable et plus indépendante: on ne peut pas l’imprimer, on ne peut pas la détruire volontairement (on pourrait, en théorie, mais ce serait stupide puisque sa valeur est intrinsèque), on ne peut pas altérer sa valeur. L’or est d’une telle importance que le lieu où il est gardé constitue présentement un secret encore plus important que celui concernant le lieu d’armes nucléaire.
Si vous avez de l’or, vous avez la liberté. On ne peut plus dévaluer votre monnaie. On ne peut plus vous aspirer dans une course sans fin pour battre l’inflation. Vous stockez le produit de votre travail dans l’or et on ne peut pas vous le prendre ni par les taxes, ni par l’inflation. L’or existe, simplement. Sa valeur est intemporelle, éternelle. Elle ne monte pas; elle ne descend pas. Seule la monnaie à laquelle on le compare monte ou descend.
Si vous calculez vos revenus et vos dépenses en or, vous pouvez les comparer dans le temps. Par exemple, le salaire per capita des États-Unis, en 1970, était de 3 587$ par année, ce qui équivalait à 102 onces d’or (35$/oz.). En 2010, ce salaire était rendu à 39 945$, soit 29 onces d’or (1400$/oz). Il s’agit d’une baisse du pouvoir d’achat en or de 72%.
Évidemment, cela ne signifie pas, selon le paradigme actuel, que tous les Américains se sont appauvris de 72%. Puisque notre monnaie est créée à partir de rien, qu’elle ne repose sur rien, et ce depuis le début des années 70, on a créé une gigantesque bulle de crédit facile s’appuyant à la fois sur les épargnes du passé (taux d’épargne à la baisse depuis quatre décennies) et sur les richesses du futur (voilà exactement ce que constitue le crédit). On a ensuite donné l’illusion de la richesse à des gens qui, s’ils étaient réellement observateurs, remarqueraient sans peine que là où un seul salaire réussissait à faire vivre une famille un demi-siècle plus tôt, deux sont maintenant insuffisants.
Et quand le système actuel s’effondrera, quand le gigantesque siphon aura sucé jusqu’au dernier baril de pétrole à bas prix, quand il aura rendu esclave des dettes le dernier des citoyens, quand cette gigantesque bulle se dégonflera parce que l’épargne du passé et les anticipations du futur ne suffiront plus pour alimenter la machine, que restera-t-il?
Il restera ceux qui auront une monnaie alternative, libre de toutes contraintes.
Voilà pourquoi le Québec, plutôt que de vouloir devenir l’équivalent des autres « pays » soumis de cette planète, ferait mieux de commencer à accumuler ses richesses et à tenter de construire un modèle alternatif. Il devrait s’allier à tous les mouvements, à tous les partis politiques, à toutes les organisations réellement indépendantistes, de tous les pays, dans le but non pas de créer un nouvel ordre mondial différent, mais plutôt un ordre local sain, véritable, basé non pas sur des dettes, mais sur des richesses concrètes et inviolables.
Individuellement, les citoyens devraient également commencer à se protéger et à retirer progressivement leurs jetons de ce grand casino pour acheter des valeurs sûres, comme l’or. Évidemment, la première étape, s’ils sont comme votre humble serviteur, consiste d’abord à se sortir de dettes…
Aucune monnaie fiat, basée sur de l’air, n’a jamais réussi à créer un ordre stable. Celle-ci s’effondrera également, comme les autres.
À ce moment-là, on descendra dans les rues, on deviendra des Indignés et on réclamera le retour d’une forme ou d’une autre de monnaie basée sur l’or. À ce moment-là, le fruit sera mûr et notre discours sera assez porteur pour atteindre le 99% encore confortablement assis au casino aujourd’hui.
Ces changements risquent de se produire de toute façon, si on se fie à certains documents rendus publics par Wikileaks et qui indiquent que la Chine entrevoit un retour partiel à l’étalon-or d’ici quelques années par les États-Unis dans le but de sauver son système et de limiter la croissance exponentielle de la Chine et de l’Inde, notamment…
Tout est lié.
Nous sommes des esclaves
Il n’y a pas un seul bien qui soit plus important que la monnaie.
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