La fête s’annonçait familiale et la programmation musicale haute en couleur le 23 juin dans le quartier Villeray. Mais déjà, de loin, les hauts grillages du site du parc Jarry évoquent davantage la froideur d’un camp de migrants à la frontière texane qu’un lieu de rassemblement pour la Fête nationale. À l’entrée ultrasécurisée attendent une dizaine d’agents de sécurité tout de noir vêtus à la mine patibulaire.
Pas un sourire, pas un bonjour. Pendant qu’on m’ordonne de lever les bras pour me passer le détecteur de métal devant l’oeil médusé de mes enfants, j’entends que, derrière, on s’adresse à ma conjointe en anglais. Elle ne comprend pas qu’on lui dicte de déposer son sac à dos sur une table pour une fouille complète. Les gardiens s’impatientent après qu’on lui eut répété la chose à quelques reprises.
Quand le citoyen qui suit derrière elle souligne poliment qu’il est inadmissible de se faire recevoir en anglais, au Québec, sur le site de la Fête nationale, il se fait immédiatement traiter de raciste. Furieux, il quitte l’endroit pendant qu’un agent de sécurité vide sans explication et sans permission la dangereuse gourde d’eau de ma conjointe. Médusée, elle tourne aussi les talons.
Outré, j’interroge l’équipe d’agents de sécurité sur les raisons de leur accueil glacial, qui fait passer l’aéroport pour un lieu de réjouissance. On me répond que c’est parce que le premier ministre est là et que leur mauvaise humeur est due à l’agressivité des festivaliers. Il n’est encore que 16 h, et je ne vois que des petites familles autour.
J’imagine que l’homme au t-shirt blanc qui a apostrophé Justin Trudeau au parc Jarry ce jour-là devait avoir reçu le même genre d’accueil. Au moins, hors des malheureux grillages, des Québécois et Québécoises de toutes les origines pique-niquaient dans la joie. Famille, amis, barbecue, bières et musique : voilà le vrai esprit de la Saint-Jean !
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