Non, les États-Unis ne changeront pas

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La désillusion

Le temps passe, les illusions s’effacent. Tous ceux qui avaient espéré voir un changement radical dans la politique américaine avec l’arrivée de Donald Trump peuvent clairement revoir leur enthousiasme à la baisse. La politique étrangère des É.-U. ne changera pas.

Pour de nombreuses personnes, c'est enfin la désillusion. Et heureusement! Car dès le départ croire en la bienveillance de la nouvelle administration américaine envers le reste du monde et notamment croire à un changement de cap dans la crise syrienne était une approche erronée. La toute récente attaque étasunienne contre la base aérienne syrienne de Shayrat, dans la province de Homs, a de nouveau montré le seul et véritable visage de la politique étasunienne, à savoir une politique ouvertement néocolonialiste. Sans oublier évidemment la complicité avec les terroristes, qui ont immédiatement profité de l'attaque pour tenter de passer à la contre-offensive. Une contre-offensive de Daech que l'armée syrienne a réussi à stopper.
Soyons clairs: la pseudo-coalition commandée par les E. U. n'a jamais eu, n'a pas et probablement n'aura jamais pour objectif prioritaire de lutter contre le terrorisme. Le but était clair dès le départ: faire tomber Bachar al-Assad. Après tout, se débarrasser des leaders de pays souverains qui dérangent les appétits néocolonialistes étasuniens était et reste une pratique habituelle au sein du gouvernement américain. Sauf qu'avec Assad, ils sont tombés sur un os, malgré les énormes sommes engagées à cet effet aussi bien par les élites occidentales que leurs partenaires du Golfe, notamment saoudiens et qataris. Sans oublier évidemment la « contribution » de la Turquie, qui a elle aussi participé au chaos en Syrie, surtout durant les premières années du conflit. Et sans oublier non plus Israël, dont l'aviation a plusieurs fois attaqué les positions de l'armée gouvernementale syrienne.
Les partisans de l'unipolarité ne veulent pas s'avouer vaincus. Dans cette optique, Donald Trump ne représente rien d'autre qu'un énième agent de l'establishment étasunien, comme l'a rappelé à juste titre le Premier ministre russe Medvedev. Rien de nouveau donc à l'horizon: provocation avec une attaque prétendument chimique, gesticulations dans tous les sens des élites occidentales et de leurs suiveurs, puis frappe « ciblée ».
Cela ne vous rappelle rien? L'année 2003? Sauf qu'à la différence de la campagne irakienne, la Russie se dresse entre les forces étasuniennes et leurs projets. D'où l'hystérie toujours plus grande des Occidentaux et de leurs affidés, furieux de ne pas pouvoir arriver à leurs fins et de ne pas avoir de retour sur leurs énormes investissements.
Maintenant, parlons perspectives. Trump était probablement un moindre mal face à Clinton, mais tout le monde doit garder à l'esprit qu'un moindre mal n'est certainement pas le bien. Déjà, ses gesticulations hostiles envers certains pays, dont l'Iran et Cuba, deux alliés de la Russie, ne présageaient rien de bon. Maintenant, cette frappe contre la Syrie. Finies les illusions de certains fans, Dieu merci. La suite? Elle est encore incertaine.
Certains analystes présagent que cette frappe restera isolée, l'administration Trump, voulant simplement montrer ses muscles, y compris dans un but strictement interne, pour faire plier ses adversaires intérieurs et leur montrer qu'il n'est pas « une marionnette de Poutine ».
D'autres pensent au contraire que l'on risque d'assister à un durcissement du conflit syrien, notamment entre ceux qui se trouvent en Syrie sur une base légale (Russie, Iran) et ceux qui n'ont aucune légalité (la pseudo-coalition étasunienne). Une chose est néanmoins sûre: il faut se tenir prêt à toutes les options. C'est d'ailleurs en ce sens que le gouvernement russe vient de déclarer que désormais, il basera sa politique sur l'imprévisibilité des États-Unis, avec les conséquences qui en découlent.
Qu'en est-il des autres membres de cette « coalition »? Au vu des déclarations de soutien à la frappe américaine du côté de Paris, Riyad, Londres, Berlin et Tel-Aviv, ces pays ne feront rien d'autre que d'être des suiveurs de leur maître étasunien, comme dans le passé récent. Quant à la Turquie, dont on connaît l'animosité du président envers le gouvernement légal syrien, elle devrait néanmoins faire très attention, car le processus de normalisation engagée avec la Russie et le retour annoncé du partenariat stratégique entre ces deux pays pourrait être ralenti, sinon stoppé en cas de dégradation des relations entre Damas et Ankara. Il convient en effet de rappeler que si la Turquie est un partenaire stratégique de la Russie, notamment au niveau des relations économico-commerciales, la Syrie, elle, est un allié de Moscou. Et entre un allié et un partenaire (même stratégique), la priorité ira indéniablement au premier. La Turquie souhaitera-t-elle perdre les opportunités qui s'offrent actuellement à elles? Bien peu probable, mais l'avenir le dira.
Entre temps, la Russie a suspendu le mémorandum conclu avec Washington sur la sécurité des vols en Syrie. Cette annonce a été faite par la diplomatie russe. La Russie et la Bolivie ont également convoqué une réunion d'urgence au Conseil de sécurité de l'ONU. Igor Konachenkov, le porte-parole du ministère russe de la Défense, a pour sa part annoncé que la Russie allait désormais renforcer le système antiaérien des forces armées syriennes. En effet, jusqu'ici, les S-300 et S-400 se trouvant sur le sol syrien étaient uniquement destinés à la protection des militaires et des installations russes en Syrie, ce qui pourrait donc changer.
Sans oublier que ce fameux mémorandum a été annulé. Le message est-il passé? Enfin, le président Poutine a convoqué une réunion du conseil de sécurité de la Fédération de Russie. Des mesures seront certainement prises. Que les États-Unis et leurs amis djihadistes en prennent bonne note: la Russie poursuivra son soutien aux autorités syriennes dans la lutte contre le terrorisme et la défense de la souveraineté nationale du pays.


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