Non ! Je ne suis pas vindicatif

Tribune libre 2009

Un péquiste qui accapare, à lui seul, un bon 60% de [Le pays inabouti->16980] de
Caroline Moreno, me désigne au passage comme « le vindicatif Michel Rolland
». Ce péquiste qui me plait par sa fougue, par l’énergie qu’il déploie à
défendre son point de vue et que je crois sincère, agit, sans s’en rendre
compte, comme une sorte de Grand Inquisiteur de la foi péquiste. On le
retrouve partout en Tribune libre, comme auteur et comme commentateur. Dans
mon texte [Autopsie du Parti québécois->16380], j’ai eu droit à un sermon
moralisateur. Un discours manichéen, où les indépendantistes qui ne voient
plus le Saint-P.Q. comme parti indépendantiste, deviennent les instruments
du mal. Ils deviennent les « diviseurs », « ajournateurs », « propagateurs
de la division », susceptibles de « querelles et bouderies immatures », qui
seront jugés « par l’Histoire comme étant la pire période d’ombre de ce
mouvement souverainiste. » Ainsi soit-il !
Il me dit, toujours dans Autopsie du Parti québécois : «Pour vous « le
Parti québécois est mort ». Pourtant, il ne l’est pas. Avec votre appui, il
pourrait renverser le gouvernement canadianisateur de Jean Charest. Mais
vous préférez le voir mort, lui le PQ. C’est votre opinion. Je ne pense pas
être en mesure de vous faire changer d’idée. Elle s’est cristallisée et ne
peut bouger. Elle s’est cristallisée sur la base des défaites subies. Vous
avez intériorisé la défaite en blâmant le PQ qui n’a pu réaliser vos rêves.
Il vous faut blâmer quelqu’un. »
D’abord, il me fait dire ce que je n’ai pas dit. Lorsque je disais que le
Parti québécois était mort, je puis l’affirmer avec autant de force
aujourd’hui, je veux dire qu’il est mort en tant que parti indépendantiste.
D’ailleurs, il faut voir les choses comme elles sont, le P.Q. est devenu
l’ennemi de l’émancipation sociale et politique des Québécois, autant que
le Parti libéral. Sur la question de la langue, c’est une chance pour le
Québec que le P.Q. n’ait pas pris le pouvoir…
Visiblement il s’adresse à moi comme on s’adresse à un esprit obtus dont
l’opinion s’est cristallisée et ne peut bouger, mais aussi, et surtout, à
un vindicatif, un être de vengeance, qui blâme le P.Q. de n’avoir pu
réaliser ses rêves… S’il avait lu Autopsie du Parti québécois, et mes
autres écrits, avec un tant soit peu d’attention, notre péquiste aurait
compris que non seulement je ne blâmais pas le P.Q. pour la défaite d’un
référendum, qui n’a pas été perdu mais volé ; mais que je trouvais néfaste,
pour la cause de l’Indépendance du Québec, de vouloir le gain à tout prix,
le pouvoir pour ne rien changer.
Voici 40 ans que le P.Q. existe. Devons-nous être au service du P.Q. ? ou
est-ce au P.Q. d’être à notre service, à nous, indépendantistes ? Depuis le
temps qu’il existe, nous a-t-il apporté satisfaction ? Nos pères et nos
grands-pères ont voté rouge ou bleu toute leur vie, allons-nous voter
bleu-rouge-blanc toute notre vie ?
Michel Rolland
N.B. Ceci est ma dernière contribution à la Tribune libre de Vigile. Si je
l’écris ici, c’est parce qu’en le disant devant vous, je m’oblige à tenir
parole. Ma participation s’est faite dans l’esprit d’un échange d’idées
entre indépendantistes et j’estime avoir dit ce que j’avais à dire. Je
m’intéresse aux idées et non aux partis politiques. Sur les partis
politiques, ma seule certitude est que le P.Q. ne conduira jamais le Québec
à son Indépendance. Je reste profondément indépendantiste et c’est à
défendre cette idée que je veux consacrer ce qui me reste d’énergie.
À partir de maintenant, je continuerai de vous lire, mais je resterai
coi.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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Michel Rolland33 articles

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Libre penseur. Confiance limitée au système d’instruction. Étude de l’Histoire de l’Occident, de la préhistoire à aujourd’hui, Grèce, Rome, France, Angleterre, Italie et États-Unis surtout, en autodidacte. Lecture d’ouvrages qui ont marqué les différentes époques, dont la Bible œcuménique et certains philosophes sceptiques. Diplôme d’études collégiales. Intérêt particulier pour français roman, philosophie marxiste, sociologie et psychiatrie.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    8 janvier 2009

    Vous avez raison, vous n'êtes pas ce que je dis que vous êtes. Cela parce que vous n'êtes pas que ce que vous dites. Le Grand Inquisiteur que je serais selon vous, est désolé de n'avoir pas su faire la distinction entre vous et vos dires, entre vos dires et ceux auxquels ils s'apparentent, entre vous et vos dires et les analyses d'ordre général qui pourraient en expliquer la genèse et la prolifération. Je passe trop vite de l'un à l'autre, sans distinction.
    Quand je dis dans la même phrase après avoir parlé de vous et de l'une de vos idées qu' « Elle s’est cristallisée et ne peut bouger. Elle s’est cristallisée sur la base des défaites subies. Vous avez intériorisé la défaite en blâmant le PQ qui n’a pu réaliser vos rêves. Il vous faut blâmer quelqu’un. », j'aurais dû faire la distinction suivante. Je voulais parler d'une manière générale en formulant l'hypothèse qui nous fait tous, moi compris, cheminer dans l'évolution de nos idées de telle manière qu'elles se cristallisent, qu'elles finissent par se cristalliser et devenir très résistante à toute transformation. Que faire en ce cas ?
    Quand je parlais de blâmer « le PQ qui n'a pas pu réaliser » nos rêves. Je parlais de moi aussi, de nous, pas seulement de « vos » rêves à vous. Ou de moi tout court, si vous préférez, moi qui suis déçu. Déçu au point d'en vouloir un temps à la terre entière, à ce peuple, à nos chefs, au PQ, à notre division, à... Il nous faut parfois blâmer quelqu'un. J'ai cru déceler quelque chose comme ça... je l'ai dit, sans faire la distinction entre vous et le nous. Du moins c'est une piste que je soumettais à notre réflexion commune. Vous l'aurez compris, de manière par trop maladroite et personnelle, en prenant à témoin vos propos. Dans le feu de l'action peut-être, il s'agit d'un texte écrit à la veille des élections du 8 décembre dernier...
    Ce qui illustre à quel point nos querelles font des victimes, nous blessent. Je le vois bien, je vous ai blessé, et vos propos aujourd'hui me blessent. Ce pourquoi j'ai tenté de toutes mes forces, qui semblent trop grandes me semble-t-il, de contrer cette division. Ce pourquoi je me suis attaqué aux attaques... Ce pourquoi j'ai aussi tenter de trouver comment cesser, comment faire l'union, comme tout un chacun.
    Bien sûr que vous n'êtes pas que vindicatif, ou motivé par la vengeance. Encore là, j'ai généralisé. Je m'adressais à ce que je lisais dans Vigile et qui systématiquement sapait le Bloc et le PQ, sans nuance. C'est mon opinion, je trouve dans cette attitude un désir vengeur, souvent le fait du dépit, un désir de détruire, qui nuit à la cause. J'ai beau lire et relire, je n'y trouve pas de quoi me convaincre qu'il y a là progression.
    Tout cela à titre d'exemple... du fait que je ne m'attaquais pas à vous, ni à votre désir de contribuer à notre cause commune. J'ai tenté, je tente toujours, comme vous ici, d'exposer mes idées, de réagir à celles des autres, je tente autant que faire se peut de m'attaquer aux idées et non aux personnes. Je sais bien que je n'y suis pas parvenu... Et, je suis toujours en désaccord avec celle qui est la vôtre et qui affirme que le PQ ne fera jamais l'indépendance. Comme quoi je n'avais pas tout à fait tort en parlant de cristallisation... Et, je le dis non pas parce que je suis péquiste, je ne suis pas péquiste, mais parce que je suis souverainiste, et j'appuie le PQ. Nuance !
    Vous me faites le reproche d'être ici trop présent... de prendre trop de place. Cela n'est que circonstanciel et temporaire. N'hésitez pas à rompre votre résolution, elle n'a pas lieu d'être. Merci pour vos compliments et merci pour votre remontrance, elle est en partie justifiée. Je n'ai pas su exprimer bien la part de ce qui s'adressait à vous, celle qui s'adressait à vos idées, celle qui s'adressait à des idées semblables, celle qui s'adressait à la pensée elle-même, en tant que mode d'explication de ce qui se passe en nous et autour de nous, préoccupé comme vous par ce qui nous environne et qui nous menace, à commencer par nos propres actions et pensées, à commencer par celles qui nous divisent au lieu de nous unir.
    J'avais bien raison, nos querelles n'ont pas lieu d'être et ne manquent pas de nous blesser et nous affaiblir. Vous en faites la démonstration. Il faut trouver comment mieux les articuler de manière à progresser, pour nous unir au lieu de nous diviser, dans la diversité de l'union et non dans la blessure de la division.
    Si je vous ai personnellement blessé, ce n'était pas intentionnel, mais puisque c'est le cas, je vous prie d'accepter mes plus plates excuses. Avec la promesse de ne pas récidiver autant que faire se peut. On a beau être tenu pour être un Grand Inquisiteur... on n'en est pas moins faillible...
    Voir aussi :
    Réplique à Jacques Noël concernant son texte intitulé "Repenser le PI".
    C’est ça, continuez à tirer sur vos propres soldats !
    Éric Savard 7 janvier 2009