L’attentat de Nice, le troisième d’importance en France depuis 18 mois, a provoqué des réactions dans le monde entier. La plupart des chefs d’État se sont contentés de présenter aux Français leurs condoléances et de réitérer leur détermination à combattre le terrorisme. En un moment aussi dramatique, qu’y avait-il de plus à dire ?
Parmi ces réactions, la moins subtile aura pourtant été celle de Philippe Couillard. Les larmes de notre premier ministre n’étaient pas encore sèches qu’il s’est aussitôt permis de faire la leçon aux Français à mots à peine couverts et imbu d’une sorte de supériorité morale, dont on se demande bien d’où elle pourrait provenir.
Notre premier ministre a étrangement repris les termes exacts de Justin Trudeau et qualifié le geste de Mohamed Lahouaiej Bouhlel d’« insensé ». Si les mots ont un sens, cela signifiait que, contrairement à ce que disait le gouvernement français, qui parlait clairement d’un attentat terroriste islamiste, il ne servait à rien de perdre un temps précieux à tenter de comprendre ce qui pouvait motiver son auteur, quelle idéologie l’inspirait et d’où il prenait ses ordres. Un acte insensé, évidemment, ne saurait être un attentat islamiste.
Le premier ministre québécois s’est ensuite empressé de faire la leçon aux Français. À mots couverts, bien sûr, mais sur un ton qui ne laissait planer aucun doute. « Nous devons continuer de fonctionner de façon ouverte, répondre à l’horreur par une ouverture constante et un désir de tisser des liens », a insisté le premier ministre. Pour lutter contre les terroristes, il suffirait donc de « davantage d’accueil », « davantage d’intégration » et « davantage de célébrations de la citoyenneté partagée ».
Cette réaction aux accents évangéliques vaut la peine qu’on s’y arrête, car elle illustre la plupart des préjugés que l’on colporte dans le monde anglo-saxon sur la France et le combat qu’elle mène contre l’islamisme. Il n’était pas besoin d’être un expert pour comprendre que, sans même attendre qu’elle enterre ses morts, Philippe Couillard se permettait de laisser entendre que la France était au fond le premier responsable de cet attentat par son manque d’« ouverture ». Même Justin Trudeau n’a pas eu cette impolitesse.
Faut-il rappeler que ce qui menace la France, ces jours-ci, ce n’est pas le « manque d’ouverture », mais bien une forme d’islamo-fascisme qui se répand dans les banlieues françaises ?
N’en déplaise au dieu « Ouverture », que bénissent aussi bien Justin Trudeau que Philippe Couillard, le terrorisme islamiste ne disparaîtra pas à coups de génuflexion et d’eau bénite multiculturelle. Si les Français ont quelque chose à reprocher à leur gouvernement, c’est justement de ne pas l’avoir compris suffisamment tôt et d’avoir hésité à nommer l’ennemi.
Cet ennemi, quel est-il ? C’est l’islamisme rampant qui gangrène aussi bien le monde arabo-musulman que les pays occidentaux. Couillard et Trudeau font mine d’oublier que, si cet islamisme ne doit évidemment pas être confondu avec l’islam, il demeure le terreau sur lequel se développe le terrorisme. Certes, les djihadistes sont parfois des êtres fragiles, comme le sont souvent les adeptes des sectes et des idéologies extrémistes. Cela ne veut pas dire que ces sectes et ces idéologies n’existent pas et que leurs protagonistes ne doivent pas être combattus pour ce qu’ils sont. Au contraire.
Comment ne pas voir la progression fulgurante de cet islamisme qui, sans être majoritaire, impose par ses méthodes mafieuses son hégémonie dans nombre de banlieues françaises ? D’aucuns préféreront détourner le regard en faisant mine de défendre les libertés individuelles. Pourtant, ce qui menace la France aujourd’hui, ce n’est pas tant le tout sécuritaire que l’aveuglement de ceux qui refusent de nommer l’ennemi.
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