Nathalie Roy promet une approche musclée de la loi 101

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Le français doit devenir la seule langue officielle du Québec et non plus la « langue publique commune »

La loi 101 ne sera pas modifiée sous le gouvernement Legault. Mais elle sera appliquée avec plus de fermeté, promet la ministre responsable de la Langue française, Nathalie Roy. Celle-ci se dit notamment « préoccupée » par l’anglicisation de Montréal.


« Je crains qu’il y ait un recul de la langue française à Montréal, a soutenu mardi la ministre en entretien avec Le Devoir. Quand je me promène et que je vois dans différents quartiers des commerces qui affichent uniquement dans une autre langue que le français, il y a un sérieux problème. Il y a un manque d’application [de la loi 101] ».


Mme Roy dit constater « que le visage linguistique dans l’affichage a changé, qu’on respecte de moins en moins l’affichage [en français]. Ça me dérange profondément, et j’ai l’intention d’agir. »


Mais pour ce faire, il n’y a pas lieu de rouvrir la loi 101, pense celle qui est aussi ministre de la Culture et des Communications. « Il y a déjà dans la loi des articles qui permettent de sévir, dit Nathalie Roy. Commençons par l’appliquer — il y a beaucoup de rattrapage à faire. On a vécu quinze ans d’un gouvernement libéral qui se fichait pas mal de la loi 101. »


Sur la question de l’affichage, le gouvernement Couillard avait été critiqué pour la timidité d’un règlement adopté en mai 2016 et visant les bannières comme Walmart ou Best Buy. Après avoir jonglé avec l’idée d’exiger l’ajout d’un descriptif en français près du logo de ces marques de commerce, Québec avait opté pour une « présence suffisante » du français sur la façade. Un « coup d’épée dans l’eau », avait alors dit la Coalition avenir Québec.


En 2013, le parti de François Legault soutenait aussi plusieurs éléments du projet de loi 14 du gouvernement Marois pour modifier la Charte de la langue française. Mais aujourd’hui, NathalieRoy estime que l’enjeu n’est pas de donner plus de mordant à la loi 101 : il s’agit plutôt de s’assurer qu’elle est « appliquée de façon intelligente, et avec fermeté. »


OQLF dans la mire


À cet égard, Mme Roy a rencontré les dirigeants de l’Office québécois de la langue française (OQLF, l’organisme chargé du respect de la Charte) pour communiquer ses « attentes ».


« Le français commence à s’effacer de l’espace public et il faut corriger ça. Je l’ai dit clairement [à l’OQLF]. Je m’attends à des actions concrètes, à ce que la loi soit appliquée » de façon plus soutenue.


Mais elle prévient aussi qu’elle ne veut pas revivre des épisodes comme celui du « pastagate » — l’OQLF avait lui-même qualifié d’« excès de zèle » le travail d’un de ses inspecteurs qui avait reproché la présence du mot « pasta » sur un menu de restaurant en 2013.


« Peut-on faire preuve de discernement et de bon jugement, s’il vous plaît ? demande-t-elle. Peut-on arrêter de s’insurger pour des insignifiances ? Ce n’est pas comme ça qu’on protège la langue française. Allons voir à l’extérieur si on peut lire le nom ou que les spéciaux sont écrits en français. Usons de discernement… Le gros bon sens ! C’est très important. »


Mme Roy estime que son message a été « bien reçu et bien compris » à l’OQLF. « La façon de faire devrait être bien différente » à l’avenir, pense l’ancienne journaliste. L’institution n’a pas souhaité commenter la sortie de la ministre mardi.


Patrimoine


L’approche de Nathalie Roy par rapport à la loi 101 sera semblable à celle qu’elle veut suivre pour les dossiers de patrimoine bâti — la Loi sur le patrimoine culturel relève de son ministère.


Entrée en vigueur en 2012, cette loi visait notamment à donner davantage de pouvoirs aux municipalités en matière de protection du patrimoine. Or, plusieurs dossiers récents (la ministre évoque le « triste cas » de la maison Boileau à Chambly) ont montré que les municipalités s’acquittent de cette mission avec des résultats variables.


Mme Roy se dit « grandement préoccupée » par la situation actuelle. « C’est contradictoire : on a des municipalités qui veulent avoir plus de pouvoirs, et lorsqu’elles en ont, on se rend compte que certaines ne l’utilisent pas, ou qu’elles sont laxistes, ou qu’elles ne protègent pas leur patrimoine. »


> La suite sur Le Devoir.



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