Partout au Québec, les électeurs vont aller voter demain pour choisir leurs nouveaux élus municipaux. Les candidats ont débattu de multiples sujets pour vous convaincre d’aller voter. Allez-y, la démocratie est précieuse !
Peu importe qui seront les élus demain soir, ils rencontreront tous un problème à plus ou moins court terme. Un enjeu très peu discuté puisque l’ampleur du problème n’est pas encore visible. Les taxes d’affaires des villes ne sont plus adaptées à la nouvelle réalité du commerce. Ce problème va émerger rapidement dans les années à venir.
J’oserais avancer que d’ici cinq à 10 ans, ce sera devenu le plus gros problème en matière de finances municipales. Les taxes d’affaires sont élevées, très élevées. Elles sont basées sur la conviction qu’une place d’affaires, c’est comme de l’or en barre. Cela relève de l’époque avant la révolution du commerce électronique.
Délocalisation
Les villes en ont donc tiré des revenus considérables pendant une période où avoir pignon sur rue était la base du succès dans le commerce. Dans la présente décennie, les achats en ligne explosent et les acheteurs ignorent dans quelle ville se situe l’entrepôt d’où part leur marchandise et ignorent autant où se trouve le siège social d’un géant comme Amazon.
Le client achète avec la confiance que dans quelques jours, le produit commandé se retrouvera comme par magie sur son perron. Et les millions d’achats ainsi faits en ligne doivent être soustraits du chiffre d’affaires de tous ces commerces qui ont pignon sur rue.
Les gouvernements supérieurs ont déjà commencé à prendre conscience des pertes en taxes de vente. Parce que l’impact est direct et immédiat. Une vente taxée remplacée par une vente en ligne non taxée entraîne un manque à gagner instantané.
Dans le cas des taxes d’affaires, l’impact est plus indirect et plus long à constater. Mais le coup n’en sera pas moins brutal. Le commerce de détail se transforme à un rythme inouï : Sears, La Baie, Toys “R” Us, des géants fléchissent ou tombent. Des milliers de pieds carrés de planchers sont laissés vacants.
Les optimistes ont confiance de voir des commerces de proximité avec des produits bien typés prendre la relève. Mais ces petits commerces essayant de faire leur place vont vite hurler que la taxe d’affaires qu’on leur impose est désuète et assommante.
Revendications à venir
Le jour n’est pas si loin où les chambres de commerce et autres associations représentant les détaillants vont crier. Aujourd’hui, ceux-ci réclament l’équité fiscale, c’est-à-dire qu’on force les géants du web à payer aussi les taxes. Québec solidaire a d’ailleurs embrassé leur cause cette semaine.
Avec ou sans taxes, le commerce en ligne va continuer à croître rapidement. La question suivante va être la taxe d’affaires, d’autant plus que pour ménager les contribuables ordinaires, certaines villes ont étiré l’élastique sur le dos des commerces, ces dernières années. Des commerçants exaspérés ont déjà commencé à se faire entendre ici et là.
Au rythme où les gouvernements bougent, il vaudrait mieux commencer à y penser dès maintenant.