Moscou menace d'interdire aux médias britanniques de travailler en Russie, si la chaîne RT au Royaume-Uni subissait le même sort. Il s'agit d'une mesure envisagée par Londres, qui voit la patte de la Russie dans l'empoisonnement d'un ex-agent double.
«Pas un seul média britannique ne travaillera en Russie si Londres décide de fermer RT au Royaume-Uni», a prévenu le 13 mars la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, dans l'émission 60 minutes, diffusée sur la chaîne publique russe Rossiya-1, en réponse à la menace brandie par les autorités britanniques le même jour.
En effet, Londres a qualifié de «très probable» la responsabilité de Moscou dans l'empoisonnement sur son territoire de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal, et a promis une «panoplie» de sanctions si le Kremlin ne donnait pas de réponse satisfaisante à ces accusations d'ici minuit, ce 13 mars. Ces sanctions pourraient être principalement d'ordre économique et diplomatique. Elles pourraient aussi inclure la fermeture de la chaîne RT au Royaume-Uni.
Des parlementaires britanniques ont effectivement appelé le gouvernement à imposer des mesures contraignantes contre la chaîne de télévision publique russe RT, y compris le retrait de ses licences de diffusion au Royaume-Uni.
La version britannique de RT a réagi et «regrette» d'être «si rapidement proposée d'être sacrifiée comme un pion politique».
Le régulateur de l'audiovisuel britannique, Ofcom, a souligné dans un communiqué qu'il attendait la décision du Conseil de sécurité national, qui doit se réunir le 14 mars, avant de se pencher sur le droit à émettre en Grande-Bretagne octroyé à la chaîne RT .
RT a pour sa part accusé l'Ofcom britannique de mélanger les rôles, celui «de régulateur des médias avec les affaires d'Etat».
L'empoisonnement d'un ex-agent double russe envenime les relations entre Occident et Russie
L'ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille, Ioulia, ont été retrouvés inconscients le 4 mars sur un banc de Salisbury, une ville du sud-ouest de l'Angleterre, victimes d'un puissant agent innervant. Ils sont depuis hospitalisés dans un état critique. Le Premier ministre britannique Theresa May a estimé «très probable que la Russie» soit responsable de leur empoisonnement, affirmant qu'un agent chimique appelé Novitchok développé sous un programme secret soviétique avait été employé.
«Personne ne sait rien sur le poison... y compris Theresa May, qui n'a pas de faits concrets entre ses mains», a commenté Maria Zakharova sur Rossiya-1, ce 13 mars.
En outre, l'ambassade de Russie à Londres a annoncé sur Twitter avoir demandé au gouvernement britannique l'ouverture d'une «enquête conjointe». Dans le même message, elle a aussi réaffirmé que la Russie n'était pas impliquée dans l'incident.
Enfin, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a prévenu que la Russie, innocente, ne coopérerait avec Londres dans cette affaire qu'à condition de pouvoir analyser elle-même la substance toxique, rejetant du même coup l'ultimatum qui lui avait été adressé par Theresa May.