Montréal versus les régions

Tribune libre - 2007


Jeudi soir, lors d'un lancement de livre à la maison Ludger-Duvernay, j'ai jasé avec Martin, un gars de l'Île Verte, merveilleux coin de pays au nord-est de Rivière du Loup. Il se décrit comme étant d'une espèce peu commune, un descendant acadien, un péquiste de la région de Rivière du Loup.
On a discuté un peu du mythe de clivage culturel ouvertement véhiculé par les médias du divertissement et de la désinformation entre certains courants populistes francophones des régions opposés aux valeurs véhiculées par une prétendue élite montréalaise francophone, une stratégie de positionnement politique qui fait dévier le débat vers un déchirement entre des acteurs médiatiques francophones schizoïdes, des genres de foires d'empoigne qui font oublier le vrai protagoniste qui s'exprime inexorablement dans une autre langue.
On a abordé la qualité de la langue française démontrée par nos principaux leaders politiques pour constater la piètre articulation de cette langue qui se voit infectée par de nombreux anglicismes et des fautes syntaxiques chez la plupart de nos politiciens.
Martin m'a dit que depuis sept ans, il habite à Montréal et, parfois, il ne se sent pas vraiment chez lui dans certaines parties de la ville, me faisant observer que beaucoup d'affiches publicitaires que l'on colle un peu partout en bordure des trottoirs et des édifices parfois placardés sont pour la plupart rédigées en anglais. Dans la majorité des endroits du centre-ville et de l'ouest de Montréal, l'anglais est la langue dominante entendue dans les commerces et certains services gouvernementaux.
On a élaboré un peu sur les régions du Québec qui se vident de leurs ressources matérielles cédées à des prix dérisoires au profit de compagnies très peu philantropiques, souvent étrangères. Encore plus grave, on a vu l'évidence que les régions se vident de leurs précieuses ressources humaines, au profit de provinces canadian aux coffres pleins à craquer.
Je lui ai exposé ce que j'ai constaté. Vu par un francophone indépendantiste de Montréal, c'est évident que le Québec est en train de s'angliciser périlleusement, en partant de l'Outaouais et en virant jusqu'à Montréal.
J'ai un ami qui a été élevé dans la ville de Pointe-Claire. C'était une ville bilingue voilà trente ans ou plus. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, c'est maintenant une enclave presqu'anglo. Il s'appelle Laurent. Quand il travaille à l'ouest de la rue Saint-Denis, les gens le nomment Larry.
Il est entrepreneur en menuiserie et il se déplace partout dans la région de Montréal. Il se spécialise dans la rénovation de bureaux. Quand il est dans l'ouest de l'île et certaines parties de la couronne nord, il a constaté que la clientèle, le personnel en place ou les équipes d'ouvriers avec lesquels il travaille sont quasiment entièrement anglophones, mais tous d'origines allophones. C'est étonnant comment Laurent peut invariablement tracer leurs origines à des communautés culturelles autres qu'anglo, écossaise ou verte, parce qu'il les connaît tous par nom et qu'il est conscient que leurs communautés culturelles respectives votent pour le PLQ à plus de 90% et qu'ils ont voté non aux référendums sur la souveraineté dans les mêmes proportions, tout à fait comme leurs maîtres à penser, les anglos. Des proportions de votes dignes de régimes fascistes, une manifestation évidente de la négation de la nation française par ces mêmes communautés culturelles.
Il m'a pointé vers le fait que ce sont exactement ces mêmes communautés culturelles qui se sont opposées au changement du nom de Park avenue. Park avenue est un repère identitaire. Don't touch. Le Maire de Montréal s'est brûlé les doigts avec ça.
Laurent m'a dit que souvent, il n'y a pas un seul anglophone d'origine dans ses équipes quand il s'aventure à l'ouest de St-Denis. Ils se parlent uniquement en anglais entre eux, comme si le Québec francophone n'était qu'une aberration qui va passer. Il doit s'affirmer un peu parfois pour pouvoir communiquer en français. Dans certaines circonstances, quand c'est trop laborieux et qu'il a de la misère à se faire comprendre, il doit se résigner à se transformer en franglophone, encore accommoder...
Pour revenir à jeudi soir, j'ai expliqué à mon ami Martin qu'il y a quelque chose que je ne comprends pas au sujet de Mario Dumont. M. Dumont a fait son bac en économie à une université anglophone de Montréal. M. Dumont est venu souvent à Montréal depuis plusieurs années. Il ne peut ignorer l'effarante assimilation à l'anglais des nouveaux arrivants en la métropole du Québec et les attaques nombreuses à l'endroit du fait français dans cette ville.
Mais, le tout, tout petit populiste Mario Dumont, dit Duplessis, n'est pas le seul de nos politiciens fédérenlisants et de nos journaleux du divertissement à fermer les yeux sur ce phénomène de l'étouffement du Montréal francophone.
Dans une veine un peu plus légère, sans trop vouloir perturber la barraque à l'ADQ ou dans cetaines régions, si M. Dumont a étudié à Concordia, ça veut donc dire qu'il a été quelque peu un intéllectuel anglophone montréalais pendant au moins 3 ans. Je me demande bien où il a habité pendant qu'il faisait ses études, dans le plateau ou l'enclave du très bien nanti ghetto universitaire anglo?
Pars avec ça mon Jeff!
L'autre soir, j'ai lancé à Martin que s'il n'y a pas quelque chose de fait bientôt, voir l'amorce d'un Québec indépendant, que ça sera l'anglicisation de la région de Trois-Rivières et de Québec qui suivra. Après ça, sky's the limit comme diraient nos tis namis, Lord Durham en premier.
Les chiffres sont là. 28% en 1956. Moins de 24% en 2006. Faites vos jeux, mesdames et messieurs des communautés culturelles.
Pendant ce temps, Dumont astique son mirage autonomiste et Charest-Harper restent vagues avec leurs promesses de panacées du fédéralisme d'ouverture.
Mais, le plus répugnant, quant à moi, c'est Harper avec son budget de nananes qui s'en vient bientôt. Par ce procédé, il va venir s'ingérer directement dans la campagne électorale québécoise en faveur de ses candidats, dans le but de préparer son éventuelle campagne.
C'est un homme qui sait ce qu'il veut, c'est à dire, des sièges de l'originale région de Québec et du centre du Québec.
Dans un autre ordre d'idées, les deux régions nommées ci-dessus sont le berceau de Duplessis, un personnage qui ne s'est jamais marié et qui était très proche du clergé...
Les rumeurs qu'on pourrait faire avec ça aujourd'hui, hein Jeff?
À r'voyure,
Daniel Sénéchal
Montréal


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