Aislin, le caricaturiste du Montreal Gazette qui a comparé la CAQ au KKK, l’ex-ministre péquiste Louise Beaudoin à Ilsa la louve des SS, et Camille Laurin, le père de la Loi 101, à Joseph Goebbels, l’un des bras droits de Hitler, en a remis une couche la semaine dernière.
Dans une récente caricature, il compare Montréal au reste du Québec.
Dans le dessin représentant Montréal, on voit des visages de toutes races et de toutes cultures, des voiles, une burqa, une kippa, etc.
Et dans le dessin représentant le reste du Québec, on ne voit que des visages blancs appartenant à des « Québécois de souche ».
LE QUÉBEC ARRIÉRÉ
Le message est clair.
Montréal est une ville évoluée et ouverte sur le monde.
Alors que le reste du Québec est fermé et rétrograde.
Oh, certains diront que je suis de mauvaise foi et que je mets des mots dans la bouche d’Aislin. Le caricaturiste du Montreal Gazette se contenterait de « constater un fait » — à savoir que Montréal est plus multiculturelle et plus ouverte à la diversité que le reste de la province.
That’s it, that’s all.
Mais pour qui connaît l’œuvre d’Aislin, cette caricature n’est pas anodine. Elle est la dernière d’une longue série associant le nationalisme québécois à l’obsession de la « pureté » de la race.
Pour Aislin, moins il y a de Québécois de souche dans une ville, plus cette ville est moderne et « allumée ».
Et plus il y a de Québécois de souche dans une ville, plus cette ville est arriérée.
Montréal est une ville cool, car les Québécois francophones de souche n’y sont pas omniprésents. Alors que Chicoutimi est une ville attardée, car les Québécois francophones de souche y sont majoritaires.
Imaginez si un caricaturiste publiait un tel dessin dans un quotidien d’Afrique du Sud.
Moins il y a de Noirs dans une ville, plus la ville est cool. Plus il y a de Noirs dans une ville, plus la ville est attardée.
L’homme serait traité — avec raison — de raciste.
Mais au Québec, pas de problème, ça passe comme du beurre dans la poêle.
LA QUÉBÉCITUDE SUSPECTE
Que cherchent les bobos quand ils voyagent ?
L’authenticité.
Aller au Japon et vivre comme des Japonais, dans une ville 100 % japonaise avec de la bouffe japonaise, des maisons japonaises, de la musique japonaise et des costumes japonais.
Le « vrai » truc, quoi. Le Japon dans toute sa « japonitude ».
Idem quand ils vont en Afrique.
Ils veulent vivre un trip 100 % africain, avec des Africains préparant de la nourriture africaine, qui sont habillés en Africains et qui chantent des chants africains.
Mais au Québec, on aime la culture québécoise quand elle est bigarrée, ouverte, diluée.
Trop de québécitude est suspect.
Toutes les communautés culturelles peuvent célébrer avec fierté leurs particularismes, leur unicité et leur spécificité, sauf les Québécois francophones de souche.
Nous, nous devons faire preuve de discrétion lorsque vient le temps de célébrer « notre » culture.
La chanson Gens du pays de Vigneault, oui, mais chantée par des artistes issus de la diversité.
Notre culture doit être célébrée par « les autres ». Mais pas par « nous ».
Car notre « nous » sent mauvais.