Marcel Côté est passé de la parole aux actes. Il est maintenant officiellement candidat à la mairie de Montréal. Il aura à disputer le fauteuil de premier magistrat de la métropole à trois adversaires, mais d’emblée, le débat politique se polarisera autour de sa candidature et de celle de Denis Coderre, ce qui réduira l’espace que pourra occuper Projet Montréal de Richard Bergeron.
Il n’y a pas de surprise dans le geste posé par Marcel Côté tant sa candidature était un secret de Polichinelle. Néanmoins elle demeure étonnante, car cet activiste intéressé autant à la politique qu’aux affaires et aux causes communautaires et caritatives a toujours préféré le rôle d’influenceur et de conseiller à celui de politicien. Il répond aujourd’hui à l’appel du service public sous la pression des milieux d’affaires montréalais et de cercles nationalistes qui rejettent de façon épidermique la candidature de Denis Coderre. Celui qui s’est autoparachuté depuis Ottawa dans cette course à la mairie a le défaut à leurs yeux de n’avoir aucune vision du développement de Montréal.
De fait, Marcel Côté dispose de cette connaissance intime des problèmes urbains et des grands et petits défis de l’administration municipale qui manque à Denis Coderre. Il vit à Montréal depuis des décennies et a participé à tous les débats à titre d’économiste-conseil et comme facilitateur politique à toutes sortes de projets. Il a codirigé ces dernières années un comité sur les problèmes organisationnels de la nouvelle ville et de ses relations avec ses arrondissements. Par contre, il n’a pas ce qui fait la force de Denis Coderre. Celui-ci est une bête politique, formé à l’école populiste de Jean Chrétien et disposant d’un sens inné de l’organisation.
Le débat électoral montréalais se polarisera d’autant plus facilement entre ces deux candidats à la mairie que tous deux ont bien compris le sentiment des Montréalais. Ceux-ci attribuent le scandale des contrats publics aux deux partis politiques, qui ces 20 dernières années ont dirigé Montréal. Marcel Côté et Denis Coderre s’affronteront en s’appuyant sur des coalitions qu’ils veulent arc-en-ciel, où on retrouvera fédéralistes et souverainistes, anglophones et francophones, libéraux et péquistes et des conseillers issus de Vision et Union Montréal.
Ces deux anciens partis ont bien compris que les Montréalais ne veulent plus d’eux. Union Montréal s’est dissoute alors que Vision Montréal appuie la candidature de Marcel Côté. Sa chef, Louise Harel, a su faire preuve d’abnégation en retirant sa candidature à la mairie au nom des intérêts supérieurs de Montréal.
Ce mariage entre une souverainiste et un fédéraliste paraîtra hasardeux à plus d’un. Néanmoins, le Rassemblement des citoyens de Montréal des années 70 et 80 réunissait des Montréalais de toutes tendances. Ce fut un succès. Dans le cas présent, le danger vient du caractère improvisé de l’alliance stratégique conclue entre Marcel Côté et Louise Harel. On a en commun pour l’instant des objectifs et un candidat à la mairie. Qu’en sera-t-il lorsque viendra le temps de se donner un programme et de mettre sur pied une organisation ? Ou encore, lorsque Marcel Côté aura à se choisir un colistier comme candidat à la présidence du comité exécutif ? Car les Montréalais voudront savoir, avant de voter, sur qui leur prochain maire s’appuiera pour diriger Montréal, ce qui vaut d’ailleurs pour tous les candidats.
La table est maintenant mise, notait le chef de Projet Montréal en se réjouissant de connaître ses adversaires. Le défi pour Richard Bergeron sera de se créer un espace entre ces deux coalitions qui, par leur nature, sauront ratisser large et dépasser les idéologies. Projet Montréal pourrait être écrasé, ce qui ne manquera pas d’être le sort de Mélanie Joly, candidate quasi solitaire à la mairie.
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