Moins de ministres et plus de femmes

Gouvernement Charest minoritaire


Tommy Chouinard - Pour incarner sa volonté de «gouverner différemment», le premier ministre Jean Charest a dévoilé hier un cabinet minceur composé de 18 ministres dont la moitié sont des femmes, une première dans l'histoire du Québec.
Parmi elles, la dame de fer du gouvernement Charest, Monique Jérôme-Forget, devient une ministre toute-puissante en héritant à la fois des Finances et du Conseil du Trésor. C'est la première fois depuis Jacques Parizeau, il y a plus de 25 ans, qu'un ministre cumule ces deux responsabilités. La députée de Nelligan, Yolande James, passe à l'histoire en étant la première personne noire à accéder au Conseil des ministres. La femme de 29 ans se retrouve à la tête du ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles. Lise Thériault, qui détenait ce portefeuille jusqu'à hier, retourne dans les banquettes arrière. Elle brillait par son absence au salon rouge du parlement. En proposant un Conseil des ministres paritaire et de taille modeste, le premier ministre juge qu'il répond au verdict sévère rendu par les Québécois à l'égard de son parti. «Le changement que les Québécois ont souhaité le 26 mars, le changement que les Québécois ont demandé, commence maintenant», a-t-il lancé au cours de son allocution.
Jean Charest a formé l'un des plus petits Conseils des ministres depuis la Révolution tranquille. Le précédent cabinet comptait 25 ministres (en excluant Jean Charest). En plus de Lise Thériault, Yvon Marcoux, Geoffrey Kelley, Henri-François Gautrin, Lawrence Bergman et Yvon Vallières (qui devient toutefois président du caucus) perdent leur limousine. Jean Charest a fait des mécontents. MM. Gautrin et Bergman se sont dits ouvertement déçus. Pierre Paradis, exclu une fois de plus du Conseil des ministres, a utilisé un euphémisme en affirmant qu'il «ne saute pas de joie». Le caucus libéral compte 16 femmes sur 48 députés et neuf d'entre elles sont maintenant membres du Conseil des ministres. Au-delà de proposer un cabinet paritaire, Jean Charest a nommé des femmes à des postes-clés. Nathalie Normandeau, qui conserve les Affaires municipales et les Régions, devient le numéro deux du gouvernement à titre de vice-première ministre. Jean Charest a confié deux ministères imposants, l'Éducation et la Famille, à Michelle Courchesne. La députée de Fabre ne chômera pas. Elle devra notamment mettre en oeuvre l'engagement des libéraux de dégeler les droits de scolarité, un geste auquel s'opposent farouchement les associations étudiantes.
Jean-Marc Fournier, autrefois titulaire de l'Éducation, se retrouve au Revenu et hérite des fonctions de leader parlementaire. Jean Charest a repêché ce lieutenant pour accomplir une tâche très délicate, celle de diriger les travaux en Chambre alors que le gouvernement est minoritaire. Deux recrues du Parti libéral se fraient un chemin au Conseil des ministres. L'ex-présidente du Conseil de la famille et de l'enfance, Marguerite Blais, est désignée ministre responsable des Aînés, un poste que Jean Charest avait promis de créer au cours de la campagne électorale. Et surprise, le portefeuille de la Culture, des Communications et de la Condition féminine se retrouve entre les mains de l'ancienne journaliste de Radio-Canada, Christine St-Pierre. Trois autres candidats vedettes du PLQ, Pierre Arcand, Nicole Ménard et Guy Ouellette, sont laissés sur le carreau. Ils disent comprendre la décision du premier ministre. Line Beauchamp prend le relais de Claude Béchard à l'Environnement. Le député de Kamouraska- Témiscouata, visiblement ravi, se retrouve aux Ressources naturelles. Sam Hamad réintègre le saint des saints comme ministre de l'Emploi et de la Solidarité.
Des ministres conservent les responsabilités qu'ils avaient auparavant, dont Benoît Pelletier (Affaires intergouvernementales) et Raymond Bachand (Développement économique). Philippe Couillard demeure ministre de la Santémême s'il souhaitait assumer d'autres fonctions. «J'ai toujours expliqué que je remplirais toutes les fonctions que M. Charest attendait de moi», a-t-il souligné. «Je présente aux Québécois une équipe forte, à la fois expérimentée et renouvelée», a affirmé de son côté Jean Charest. Ce gouvernement marquera selon lui «une rupture avec le passé» et gouvernera «différemment». «C'est un nouveau départ», a-t-il lancé.
Déjà, Jean Charest a ajusté son discours. Il a cherché à se rapprocher de la classe moyenne, soulignant que son gouvernement sera celui «des Québécois qui travaillent fort, qui ont des enfants qui grandissent, des parents qui vieillissent. Ils ont besoin d'un gouvernement qui agit pour eux.» «Dorénavant», a-t-il ajouté, «nous allons rapprocher nos actions et nos décisions de ce qui touche la vie quotidienne de nos concitoyens. Les Québécois nous ont lancé un message : nous devons faire différemment. « Le gouvernement Charest mettra de l'avant «un nombre limité de priorités» au cours des prochains mois. «Nous aurons pour objectif d'améliorer la qualité de vie et le niveau de vie des Québécois», a souligné M. Charest. Le premier ministre a confié le mandat à Monique Jérôme-Forget de baisser les impôts de tous les Québécois, de la classe moyenne en particulier. La ministre doit déposer son budget le mois prochain. «Nous allons nécessaire - ment respecter nos promesses», a noté la ministre, laissant entendre que les baisses d'impôt de 950 millions seront au rendez-vous.


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