Mikaël Kingsbury est véritablement le "King des bosses"! Le skieur acrobatique de Deux-Montagnes a survolé la super finale de l'épreuve des bosses aux Jeux olympiques de Pyeongchang pour s'assurer le seul titre qui manquait encore à son palmarès: l'or olympique.
Kingsbury, l'avant-dernier à s'élancer en super finale sur la piste du Parc à neige Phoenix, a réalisé une descente parfaite pour s'adjuger une note de 86,63. Il a toutefois dû patienter que le Japonais Daichi Hara s'exécute avant de pouvoir célébrer.
Hara a finalement amassé 82,19 points, ce qui l'a relégué au troisième rang tout juste derrière l'Australien Matt Graham (82,57).
La suite de la confirmation de sa victoire, Kingsbury s'est dirigé vers ses parents, Julie Thibaudeau et Robert Kingsbury, et les a enlassés longuement. Puis, au moment de la cérémonie de remise des peluches, Kinsgbury a levé les bras vers le ciel, avant de pousser un soupir de soulagement.
J'ai maintenant gagné tout ce qui était possible de gagner dans mon sport.Mikaël Kingsbury
"J'ai senti la pression en arrivant ici, surtout après ma médaille d'argent à Sotchi, a reconnu Kingsbury. J'ai maintenant gagné tout ce qui était possible de gagner dans mon sport, et je savais que c'était le bon moment. Le 'feeling' est juste incroyable, je n'ai pas de mots. J'ai vécu cette journée-là un million de fois dans mes rêves, et là j'ai vraiment hâte à la cérémonie de remise des médailles, mardi."
Kingsbury a donc procuré une troisième médaille d'or olympique consécutive au Canada dans cette discipline, puisque Alexandre Bilodeau avait triomphé aux Jeux de Vancouver et de Sotchi.
Cette médaille d'or couronne par ailleurs un palmarès inégalé pour Kingsbury, qui totalise 70 podiums, dont 48 victoires, en 87 épreuves au circuit de la Coupe du monde.
Une journée difficile
L'athlète âgé de 25 ans a reconnu que sa soirée de travail avait plutôt commencé lentement, mais au fur et à mesure que celle-ci progressait, ses descentes étaient de plus en plus solides.
"J'étais 'stiff' en première ronde, mais je savais que ça n'allait pas se gagner à ce moment-là, a-t-il rappelé. Je me répétais sans cesse: 'N'essaie pas de gagner chaque ronde, contente-toi de les franchir, et ne fait pas d'erreur stupide'. Je me suis donc rendu dans le top-6, et c'est là que ça s'est joué.
"J'avais vu ma descente dans ma tête, et les petites erreurs que j'ai commises dans les rondes précédentes, je savais que j'allais les colmater en étant plus rapide dans mon absorption, a-t-il expliqué. Et quand j'ai vu la ligne d'arrivée en bas, je savais que ç'allait être assez."
Avant de pouvoir savourer cette victoire tant attendue, le bosseur québécois a cependant admis qu'il avait passé une journée plutôt difficile.
"Je vais être honnête là, je n'ai jamais été stressé de même de toute ma vie, s'est exclamé Kingsbury. Hier soir en me couchant, j'étais stressé, et aujourd'hui, puisque la course était en soirée, j'arrêtais pas de me dire: 'Voyons, arrête de stresser, arrête de penser au ski', mais je n'étais tout simplement pas capable.
"Plus on se rapprochait de la première finale, plus j'avais l'impression d'avoir un petit point dans le 'chest', a-t-il poursuivi. Mais quand je me suis retrouvé au haut de la piste, et que j'ai vu les bosses au bas, on dirait que ça m'a réconforté."
Déception pour Gagnon et Marquis
Si Kingsbury a vécu une soirée de rêve, ses coéquipiers, eux, ont plutôt vécu une amère déception.
Marc-Antoine Gagnon, de Terrebonne, occupait la troisième marche du podium jusqu'au passage de Hara. Il a finalement dû s'avouer vaincu, et a abouti au quatrième rang - comme à Sotchi.
De son côté, Philippe Marquis, de Québec, a été contraint à l'abandon à la suite de son premier saut en première finale.
"C'est la troisième fois ce mois-ci que mon genou lâche, donc je connais maintenant le 'feeling', a-t-il confié. J'ai atterri un peu en extension - un mouvement que je devais absolument éviter pour ne pas trop mettre de pression sur mon articulation -, puis j'ai essayé de skier trois ou quatre bosses par la suite et mon genou n'était tout simplement pas capable de supporter mon poids."
Néanmoins, Marquis s'est dit très fier de la façon dont il s'est comporté au cours de son séjour en Corée du Sud. Surtout de son accession à la finale.
"Je vais me rappeler pour toujours du 9 février, lors des qualifications, une journée miraculeuse, a-t-il évoqué. Aujourd'hui, j'ai encore poussé ma chance, sachant que les autres poussaient également, mais malheureusement ça n'a pas tenu. C'était le risque."