Nous connaissons tous la prière de la sérénité.
« Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses qui devraient l’être, et la sagesse d’en connaître la différence. »
La sérénité
C’est ce que Michel Gauthier, l’ex-chef du Bloc, a fait.
Je ne sais s’il a prié Dieu, je ne connais pas sa position sur la question, mais il a interrogé sa conscience.
Et il s’est rendu compte d’un certain nombre de choses.
On a beau avoir un idéal, un moment donné, il faut ouvrir les yeux et regarder la réalité en face.
Et la réalité, c’est que l’appui à la souveraineté est à son plus bas. Et rien n’indique que la situation va changer au cours des quatre, cinq prochaines années.
Devant cet état de fait, de deux choses l’une : soit on continue de prêcher dans le désert et de propager la Bonne Nouvelle auprès des convertis, soit on met de l’eau dans son vin et on change de tactique en attendant que le vent tourne.
Michel Gauthier a opté pour la deuxième solution.
Pour reprendre la fameuse prière du théologien Reinhold Niebuhr : il a eu la sérénité d’accepter une chose qu’il ne peut (malheureusement) changer.
Le Bloc agonise, s’est-il dit. Il est en train de crever la bouche ouverte dans une absence totale de dignité.
En fait, le Bloc aurait dû se saborder il y a une dizaine d’années, alors qu’il avait encore la force de quitter la scène avec panache et élégance.
Mais il s’est accroché piteusement, jusqu’à ce que ses appuis fondent comme neige au soleil et qu’il se retrouve seul dans sa chambre avec une vague cousine de la fesse gauche qui délire à voix haute à côté de son lit, et sept frères qui ne songent qu’à quitter l’hôpital pour aller refaire le monde au bistrot.
Le courage
« Que puis-je changer qui devrait l’être ? » s’est demandé Michel Gauthier après avoir tiré la ligne sur son ancien parti.
Réponse : « Je peux participer à foutre Justin dehors. »
L’ex-chef du Bloc a donc pris sa carte de membre du Parti conservateur.
Pas parce qu’il est passionnément fédéraliste.
Mais parce que tant qu’à vivre au Canada, il préfère vivre dans le Canada d’Andrew Scheer que dans celui de Justin Trudeau.
Michel Gauthier s’est dit : « Je peux rester confortablement assis dans les estrades et chialer contre le fédéral. Ou je peux chausser mes patins, sauter sur la glace et essayer de défendre les intérêts du Québec au sein d’un parti qui a des chances de prendre le pouvoir. »
Oh, certes, cette attitude pragmatique est moins chevaleresque et moins romantique que les Don Quichotte de la Cause qui se battent contre des moulins à vent.
Mais elle est plus efficace à court terme.
Comme le dit le proverbe : « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. »
Le beau risque 2
Oui, je sais : on a déjà essayé ce Beau Risque, et ça n’a rien donné, le paquebot de Brian Mulroney piquant du nez sous les torpilles du Manitoba et de Terre-Neuve.
Mais vous avez une autre stratégie à proposer ?