Maudits politiciens: piètres débats et face-à-face

Toujours le trop-plein de vide: un vide abyssal

Tribune libre

Comme ce fut souligné pendant l'émission «C'est bien meilleur le matin» du jeudi 23 août 2012, les politiciens actuels ne sont plus des adversaires. Ce sont plutôt des ennemis hargneux, haineux et presque enragés. L'absurdité dans cet apparent embrouillamini, c'est que dans les grandes lignes ils pensent à peu près la même chose
Aussi on ne cesse de dire que la population est désenchantée («cynique»), désabusée et désillusionnée. Mais les médias et les politiciens parlent sans arrêt de nouveaux cas de corruption, de putréfaction et de pourriture, ce qui ne va sûrement pas briser le désenchantement, ce désenchantement que Jack Layton avait diminué et presque vaincu lors des dernières élections fédérales.
Alors, quand un nouveau parti émerge en disant qu'il faut faire le ménage, qu'il faut «nettoyer les écuries d'Augias» et qu'il faut retrouver la propreté originelle, je pense que ce parti a éventuellement trouvé la formule gagnante. Ce qui aide aussi ce parti, c'est que ses dirigeants ont eu le génie de recruter un Monsieur Net, lequel pourrait, un jour, voir dévoilées ses propres saletés et turpitudes.
Je n'a pas l'impression que Charest et Marois sont capables de faire efficacement un minimum de ménage. Je parle ici d'un ménage «brillant», non puriste, non «vertuiste» et pertinent.
Mais ce qui est inquiétant avec les «caqueteux», c'est que le rêve de l'intégrité totale et sans faille et de la blancheur exhaustive peut facilement déboucher sur un purisme délétère et dangereux.
Ceux que je verrais comme premiers ministres éventuels sont actuellement Amir Khadir, Françoise David et, peut-être, Aussant. Mais comme les «vieux partis», même le PQ, défendent bêtement le «britannique», «canadian» et «harperien» scrutin uninominal à un tour, la situation politique risque de rester figée, congelée et cristallisée.
Alors je me dois de «confesser» que je suis inquiet et désenchanté (terme plus adéquat que le mot «cynisme»). Merde!
Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias et écrivain public


Laissez un commentaire



10 commentaires

  • Jean-Serge Baribeau Répondre

    24 août 2012

    Merci de vos précisions, André Meloche. J'avais l'impression que vous sous-estimiez mon intelligence et ma lucidité.
    En ce qui concerne la télévision je souligne que j'ai donné, pendant plus de 20 ans, un cours de sociologie des médias. Je tentais alors d'aider, si possible, les étudiants et les étudiantes à développer leur sens critique. Je proposais diverses manières d'éviter le conditionnement par les divers médias, y compris la télévision. J'utilisais alors certaines grilles analytiques proposées par des intellectuels comme Noam Chomsky, Ignacio Ramonet et Pierre Bourdieu.
    Alors je pense pouvoir dire, sans prétention, que la télévision ne me conditionne pas trop. Ma conjointe et moi nous nous amusons à détecter les facteurs éventuellement «conditionnants» et nous ricanons beaucoup face à certains «machins-trucs» qui suscitent notre hilarité.
    Je regarde encore la télévision parce que je publie parfois, dans des revues ou journaux, mes analyses. J'ai aussi participé à des débats sur la télévision. Je suis retraité et j'ai 69 ans. Mais le sociologue des médias me passionne encore.
    Ce sera toujours un plaisir de vous lire, André Meloche.
    JSB

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2012

    Monsieur Baribeau,
    Veuillez m'excuser, j'ai fait une petite erreur de frappe en écrivant votre nom.
    Pierre Cloutier

  • Jean-Serge Baribeau Répondre

    23 août 2012

    Cher Mario Boulet, merci de votre commentaire.
    Je souligne que mon intention est depuis longtemps de voter QS si je décide de voter. Mais je ne pourrai pas m'empêcher de mettre ma petite marque. Mon erreur a été de ne pas communiquer mon intention dans mon texte.
    Au plaisir!
    JSB

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2012

    Monsieur Baribeau,
    Si je faisais référence à « vos » lubies, c'était pour montrer l'inutilité de la campagne électorale (ou électoraliste) actuelle et la soporifique converture des médias. Si la télévision vous frustre de votre intelligence, c'est assurémment parce que celle-ci n'accepte pas de se faire endormir. C'est tout à votre honneur et si je vous ai malencontreusement blessé par mes mots, je m'en excuse.
    Cordialement.
    André Meloche

  • Jean-Serge Baribeau Répondre

    23 août 2012

    Quelles sont mes lubies? J'ai peut-être des lubies. Mais je suis surtout un peu désenchanté et un tantinet lassé et blasé.
    Très respectueusement!
    JSB

  • Mario Boulet Répondre

    23 août 2012

    Je comprends votre désarroi face aux tribunes que l'on accorde à la gente politique. Elles ne vous satisfaient pas car vous possédez un niveau plus élevé que la moyenne de la population. Probablement pour cette raison que vous venez sur Vigile.
    Cependant, votre désillusion temporaire vous amène à considérer un parti prônant la différence. Le parti Québec Solidaire est solidement différent. Allez lire le billet de Yves Claudé. C'est un sociologue. M'enfin, ça en prend pour voter Québec Solidaire comme on dit!
    Alors, lorsque vous parlez de votre état étant devenu du désenchantement, désabusement, cynisme, etc., soyez à peu près certains que des membres d'Option Nationale, ici présent, viendront renforcer votre idée. Comme pour les abeilles, vous venez de leur offrir du miel. Ils pataugeront jusqu'aux genoux à coeur joie.
    N'avez-vous pas pensé que c'est probablement juste la forme des débats qui n'est pas ajusté aux circonstances? Au lieu de présenter en 1 heure d'antenne, tout le contenu d'un mandat de 4 ans, et ce, avec au moins 2 débattants, ne vaudrait-il pas mieux de faire une émission hebdomadaire à la télévision, pour que l'on puisse inviter chaque parti à venir s'exprimer, tout au long de l'année? L'émission pourrait proposer aux téléspectateurs de formuler une couple de questions via les ondes. Pourquoi toujours attendre 1 à 2 semaines avant le scrutin pour recevoir toute l'information en pleine figure, sans avoir la possibilité de vérifier l'exactitude de ce que le chef ou son représentant du parti exprime.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2012

    Pierre Cloutier a raison. Au-delà de tout ça, on peut relire « La société du spectacle » de Guy Debord. Les pauvres n'accèderont jamais au pouvoir avec un système représentatif qui les maintient dans un spectacle permanent qui a pour but de les frustrer de la vie de la jouissance. Sortez de vos lubies...

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2012

    Vous regardez encore la télé? Vous êtes probablement masochiste ou fortement conditionné. Cette conférence vous intéressera fort assurément.
    http://plusconscient.net/index.php/societe/francais/469-tv-lobotomie
    P.S. Philippe Muray prétendait que le débat, entre deux positions qui se ressemblent - lire pour cela, Moderne contre Moderne (http://www.lesbelleslettres.com/livre/?GCOI=22510100577110])-, était une perte de temps et confortait l'observateur dans ses conditionnements. Autant regarder ailleurs...

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2012

    Monsieur Barbeau,
    Poussez plus loin votre raisonnement et fouiller un petit peu plus la nature intrinsèquement corrompue du système de gouvernement représentatif dans lequel les prétendues "démocraties" occidentales vivent depuis la révolution américaine et la révolution française.
    Dans ce type de système, les pauvres n'ont jamais été au pouvoir. Jamais. Les riches supportent ce système parce qu'ils le contrôlent parfaitement. Banquiers, financiers, capitalistes, politiciens professionnels = même combat.
    Ce n'est pas en changeant 4 trente sous pour une piastre qu'on va faire le ménage. C'est en changeant les institutions, pas les hommes (ou femmes).
    La corruption c'est la collusion entre le pouvoir économique et le pouvoir politique des politiciens professionnels, qui inévitablement finissent toujours par servir leurs propres intérêts et ceux de leurs commanditaires au lieu du bien commun.
    L'élection est le problème no 1 de la corruption. La corruption et la politique spectacle de merde.
    C'en est déprimant et je comprends parfaitement le peuple de se réfugier dans leur vie privée (la res privata) et de détester la vie publique (la res publica), car la base est pourrie.
    Le tirage au sort pour des mandats courts et non renouvelables pourrait être une solution citoyenne à toute cette farce macabre.
    Pierre Cloutier ll.m
    avocat à la retraite

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2012

    "Ce sont plutôt des ennemis hargneux, haineux et presque enragés. L’absurdité dans cet apparent embrouillamini, c’est que dans les grandes lignes ils pensent à peu près la même chose"
    Vous confirmez par là, monsieur Baribeau, que la politique c'est du théâtre destiné à perpétuer le statu quo politique, économique et social; c'est un spectacle qui culmine lors de la campagne électorale.
    Le bien commun est toujours le négligé.
    Maudite politique-spectacle! Maudit spectacle!