Qu’on me permette de proclamer d’emblée que je souhaite et désire que des efforts sérieux et majeurs soient déployés pour «contrôler» ou «réduire» cette corruption délétère qui semble gangrener la société québécoise. L’avenir de la société québécoise en dépend dans une large mesure.

Comme la majorité des citoyens je sais et sens que «nous» sommes désenchantés, désabusés, blasés, déçus et en quête d’une «amélioration» assurément nécessaire. Je n'utilise pas le mot «cynisme» parce que ce mot est massivement utilisé en ne signifiant pas ce qu'il veut dire. De nombreux citoyens sont désenchantés et non pas cyniques.

Dans de telles situations il y a toujours le risque de voir apparaître le sauveur (le libérateur) qui va enfin rétablir la pureté . Au Québec de nombreux citoyens, depuis longtemps, attendent l’arrivée de «l’homme qu’il nous faut» (de Godot?).

Alors lorsque je constate que la CAQ a fait appel à celui qui pense être un rédempteur et un parangon de vertu, je me méfie profusément. Je n’aime pas voir surgir des cow-boys solitaires, peu solidaires et puristes au plus haut point. Je me rappelle avoir lu, il y a plusieurs années, un livre passionnant du controversé Bernard-Henri Lévy. Le titre : LA PURETÉ DANGEREUSE. Je pense que tous les Duchesneau de cette planète véhiculent et endossent un «vertuisme» radical et un moralisme totalitaire et dévastateur. Ils veulent rétablir la mythique pureté originelle. Et cela m’effraie au plus haut point! Le Québec n'a pas besoin d'inquisiteurs autoproclamés et «dangereux».

Actuellement des politiciens habiles et opportunistes peuvent exploiter le désenchantement majeur et peut-être déterminant qui démobilise et démoralise de très nombreux citoyens.
Lors des dernières élections fédérales il y a un être merveilleux, Jack Layton, qui a permis un certain «ré-enchantement», ce qui, hélas, n'a pas aidé le Bloc québécois.
Mais je doute que le tandem (provisoire?) Legault-Duchesneau puisse ouvrir la porte à un grand enthousiasme citoyen. Et ce n'est pas le gros Barrette qui va améliorer la situation.

Le thème qui va prévaloir lors de l’actuelle campagne sera-t-il celui de la guerre à la corruption, celui du conflit estudiantin, celui des réductions d’impôts ou je ne sais trop quoi? Nous verrons bien. Il reste encore quelques semaines avant le scrutin.

Je souligne que le PQ veut aussi combattre la corruption. Mais les péquistes affirment qu’un tel combat doit être mené par une équipe plutôt que par un héros solitaire. On ne joue pas, comme la CAQ, la carte de la fabrication d'un rédempteur sévère et «incorruptible»

Tout cela étant dit, je me dois d'ajouter que j’ai peur de la mentalité «caquiste», «caquetante» et déchaînée qui ouvre la porte à des Duchesneau ou des Barrette, pour ne nommer que ces deux-là. !

Mais nous verrons bien! Un jour la liberté guidera notre peuple!

Jean-Serge Baribeau, sociologue des médias