Lors de l’épisode de «La Joute» du 24 janvier à LCN, Caroline St-Hilaire est tombée à pieds joints sur la chef du Bloc, Martine Ouellet. Mme St-Hilaire a dit qu’elle était très contrôlante, qu’elle imposait ses idées, que la démobilisation était grandissante, qu’il y avait des problèmes de memberships et des problèmes d’argent. Tout ça, en 46 secondes et même pas besoin de preuve.
Par la suite, Mme St-Hilaire a sous-entendu que Martine était responsable du déclin du Bloc, qui n’était plus celui qu’elle avait connu et qu’elle regrettait presque la larme à l’oeil. Comme si la vague orange n’avait jamais existé! Cette job de bras, clairement apprise avec trop de hâte et maladroitement exécutée, a un fond plus large. Il est temps de remettre les choses dans leur contexte.
Lors de l’élection canadienne de 2011, l’impensable se produisit: le Bloc Québécois était rayé de la carte. Duceppe démissionna et en fin 2011, Daniel Paillé est élu chef du Bloc. Chose qu’il n’aurait jamais pu faire autrement. Son mandat était clair: ne rien faire pour déranger le PQ et son suicide inconscient. Mandat exécuté avec brio, à tel point qu’à part les initiés de la politique, presque personne ne se souvient de lui aujourd’hui.
Puis vint 2014 où l’impensable se produisit une seconde fois : Mario Beaulieu, étiqueté comme un radical, prenait la tête du Bloc — parti dont la raison d’être est d’opérer un transfert de pouvoir des Basses-terres de l’Ontario vers les Basses-terres du St-Laurent, action radicale s’il en est. Toujours est-il que le soir de son élection, le nouveau chef rêvait à voix haute : «Nous attendons cela depuis 20 ans. Le temps de l’attente et du défaitisme est terminé», mais il avait sous-estimé l’emprise toxique du PQ sur le Bloc.
Au mépris du choix des membres, son leadership fut immédiatement et ouvertement contesté et les chicanes du Bloc faisaient quotidiennement la manchette, ce qui fit indubitablement baisser les intentions de vote dans les sondages. Et on connait la suite : on a ramené Gilles Duceppe, qui récita le même message qu’avant, perdit pour les mêmes raisons et rentra chez lui. Et malgré toute la mauvaise volonté du monde, le Bloc a quand même réussi à obtenir 10 députés.
Puis vient la période la plus nébuleuse du Bloc, avec un chef intérimaire et invisible, mais qui se voulait éternel, en plus. En congrès, ce même camp Duceppe, toujours sans candidat, tenta de repousser un peu plus la course. Ce que les membres ont rejeté à plus de 90% pour ensuite élire Martine Ouellet par acclamation.
Les membres veulent un Bloc Québécois indépendantiste, ils ont choisi deux chefs clairement indépendantistes et ont eu l’occasion de prendre souvent position en congrès sur le sujet : l’indépendance et rien d’autre. Cependant, il y a une majorité de députés bloquistes, 7 sur 10, nostalgiques de l’ère Duceppe et qui ne veulent pas en parler sur la place publique. Plutôt que d’essayer de bloquer le Canada, ces députés bloquent le Bloc par des tirs internes contre Mme Ouellet et rient des membres pour protéger leurs salaires de 160 000$ qu’ils ne pourraient pas avoir autrement.
Depuis trois ans et en provenance de ceux qui parasitent le parti, il n’y a pas eu un mois sans une subtile chiennerie, sans une crise dont les médias raffolent, sans une petite occasion de faire mal paraître les indépendantistes les plus volontaires et leur propre parti. Que l’on ne se trompe pas, l’attaque de Mme St-Hilaire contre Martine, contre le Bloc et contre les membres du Bloc était une commande politique. Ce n’est un secret pour personne que ce camp de factieux essaie de remplacer Martine depuis son élection. Il fut néanmoins surprenant de voir St-Hilaire s’attaquer ainsi, avec si peu de retenue, à Martine Ouellet le jour où celle-ci avait planifié une sortie dans le cadre de l’élection partielle de Chicoutimi-Le Fjord.
Depuis le départ de Duceppe et outre l’inaction, le camp des peureux n’a jamais été capable d’autre chose que du sabotage continuel et systématique. Est-ce qu’ils vont continuer ainsi jusqu’à la prochaine élection canadienne en 2019? Pourquoi? Des passagers clandestins, ça ne conduit pas le train! Est-ce que l’on peut, au prochain congrès, exiger leur départ?
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