Former une «nouvelle élite politique et économique» : l'Institut de sciences sociales, économiques et politiques de Marion Maréchal ouvrira en septembre à Lyon et déjà, assure l'ex-députée FN, les demandes affluent pour y enseigner ou s'inscrire.
L'Institut de sciences sociales, économiques et politiques (Issep) a reçu «une soixantaine» de demandes de pré-inscription en magistère, 160 autres pour la formation continue et «120 candidatures spontanées» d'enseignants, s'est félicitée Marion Maréchal le 22 juin devant la presse, en sa qualité de directrice. Les candidats, de niveau requis Bac+3, sont issus des filières «droit, économie-gestion, géopolitique, hypokhâgne/khâgne, sciences politiques». Les aspirants enseignants, eux, ont des «profils très variés» : professeurs, chefs d'entreprise ou militaires.
«L'objectif n'est pas politique, mais d'offrir une alternative éducative dans un monde du supérieur sclérosé», a déclaré l'ancienne parlementaire frontiste lors de la présentation officielle à la presse de l'établissement, pour laquelle deux journalistes se sont vu refuser une accréditation. «Nous allons étudier les grands courants dominants qu'ils soient économiques, politiques et nous allons adjoindre à ça d'autres auteurs, d'autres courants de pensée et cela sera livré à la discrétion des étudiants. A eux de s'en emparer et de le traduire comme ils l'entendent», a ajouté Marion Maréchal, 28 ans, qui se sait «attendue au tournant».
Pourquoi Lyon ? Outre l'accessibilité et le tissu économique «très varié» de la métropole, «quand on veut former une nouvelle élite politique et économique, sortir de l'entre-soi parisien est un symbole fort», a répondu celle qui a récemment abandonné le patronyme de sa mère, Le Pen.
Quelques dizaines d'opposants s'étaient réunis à quelques centaines de mètres de l'établissement, devant le conseil régional. La Licra Auvergne-Rhône-Alpes a de son côté dénoncé un enseignement basé sur l'«enracinement culturel», qui «tournerait ainsi le dos à la tradition d'ouverture et d'esprit critique indissociable de tout cursus universitaire».
Pas «au service d'un parti»
L'objectif est de «former des entreprenants, des ambitieux, des courageux», a pour sa part relevé le président honoraire de l'Issep, Patrick Libbrecht. «Ce n'est pas une école de cadres au service d'un parti», a prévenu Jacques de Guillebon, co-président du conseil scientifique, aux côtés d'un autre proche de Marion Maréchal, Patrick Louis. Le journaliste Jacques de Guillebon, qui se revendique comme catholique traditionaliste, est un ami intime de Marion Maréchal, pour qui il a écrit plusieurs discours. Il dirige le mensuel L'Incorrect, avatar médiatique de son mouvement, lancé en septembre.
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Ce dernier, professeur d'économie et de géopolitique à Lyon-3, avait débuté sa carrière politique lors des régionales de 1998 sur la liste de Charles Millon, élu président de Rhône-Alpes avec les voix du FN. L'universitaire était ensuite devenu numéro deux du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers.
Le conseil scientifique est composé du fondateur du Parti des forces nouvelles, Pascal Gauchon, de l'ex-président d'Alliance royale, Yves-Marie Adeline et de l'essayiste conservateur Thibaud Collin. La participation du Britannique Raheem Kassam, cadre du parti pro-Brexit Ukip, a été confirmée le 22 juin, ainsi que celles du général Jean-Marie Faugère et de l'historien russe, Oleg Sokolov.
Pour Jacques de Guillebon, les candidats sélectionnés auront des «personnalités originales» et les enseignements y seront «plus variés que ceux qu’on voit aujourd'hui dans les IEP [institut d'études politiques] qui sont malheureusement assez idéologisés et notamment par des théories venues d’outre-Atlantique ou d’outre-Manche comme la théorie du genre».
Pas de financements de l'étranger
Avec des classes de trente élèves maximum, cette formation, non reconnue par l'Etat, coûtera 5 590 euros par an en magistère et 1 190 euros pour la formation continue. Outre les droits d'inscription, l'Issep est financé par des dons, dont les montants n'ont pas été précisés. Marion Maréchal a toutefois précisé qu'elle refusait les dons de l'étranger.
Selon l'entrepreneur trentenaire Gérault Verny, chargé du club des partenaires de l'Issep, qui comprend une cinquantaine de sociétés, cette école répondra à la demande des dirigeants confrontés à «l'uniformité des profils des étudiants sortant de business schools ou d'écoles d'ingénieurs» et qui recherchent «des profils enrichissants par leur différence».
Marion Maréchal, elle, a dit «s'interdire» de diriger l'Issep en faisant de la politique.