Marine Le Pen à l’épreuve de l’élasticité ?

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«L'ADN de la France est chrétien», comme l'est d'ailleurs celui du Québec

Il y avait quelque chose de tout aussi poignant que déroutant, que d’entendre Marine Le Pen, lors de son dernier passage dimanche sur le « Grand Jury RTL« , marteler à propos du récent tangage opposant Florian Philippot à Marion Maréchal-Le Pen : « Cela n’a pas d’importance. » Une sorte de méthode Coué pour signifier « Circulez, il n’y a rien à voir ». Poursuivant, ce qui est important, que la France « retrouve sa souveraineté… que le peuple recouvre sa liberté ». Oui, mais pour quoi faire et pour aller où ?
Alors, qu’est-ce qui n’a pas d’importance ? Une certaine vision anthropologique de l’homme ? La place de la famille en tant qu’élément organique essentiel constitutif de la société ? Et pourtant, qui ne voit que nous sommes à l’heure où le sens de l’Histoire est en train de passer de bâbord à tribord, que les peuples sentent la supercherie du projet global qui fait de l’homme-individu un être réduit à sa condition d’agent consommateur de biens planétaires ? Nous sommes à l’heure où ces mêmes peuples expriment de façon encore plus ou moins consciente, plus ou moins assumée, la nécessité de retrouver leurs racines, cherchant des appuis naturels qui sont le meilleur rempart de ce monde réel combattu et raillé depuis 40 ans par les élites mondialisées. Au premier rang de ses appuis, la famille et, en Occident, une certaine vision de la famille, celle dont la chrétienté n’a pas le monopole, mais qu’elle a su faire sienne et maintenir jusqu’aux années 1960.
Dans ce débat, la question de l’IVG n’est pas anecdotique. Mineure, en effet, en termes d’espace occupé dans un programme présidentiel, mais majeure en tant que marqueur, et clé de voûte de tout un ensemble de valeurs dont on a oublié la teneur… Comme l’ADN du Maroc est musulman, celui de la Chine taoïste, celui de la France est chrétien : durant plus de 1.500 ans, c’est le Décalogue qui a façonné la conception des liens que chacun d’entre nous entretient personnellement avec le reste du genre humain. Oui, cette vision est combattue avec la plus grande vigueur, depuis Alain Juppé jusqu’à Mélenchon, par tout l’échiquier de la classe politique.
La base historique du Front national s’est faite jusqu’à 15 % – le fameux plafond de verre – pour une grande part avec un électorat partageant cette vision sur ces questions dites sociétales.
L’on comprend bien la volonté politique de vouloir élargir cette base électorale, et donc la « stratégie Philippot ». Stratégie totalement assumée par Marine Le Pen lors de la même interview, disant, en parlant de son père et plus globalement du « FN historique » : « … nous avons dépassé cela… » Certes, mais encore une fois, pour aller où ? Réponse : à 30 %.
C’est bien, mais cela sera-t-il suffisant ? Car de révocations en provocations internes, l’élastique se tend chaque fois un peu plus. Mai 2017 est à la fois proche… et lointain. Pour l’instant, l’ADN, cette base historique, tient encore… résignée parfois, mais elle donnera sa voix à Marine… et faute de grive avalera un merle.
Mais jusqu’à quand ? La limite de rupture est plus difficile à appréhender en politique qu’en physique des matériaux. Néanmoins, cette rupture est certaine lorsque les forces qui s’exercent deviennent excessives. Si la candidature de Marine Le Pen pour porter les idées de la droite nationale en mai prochain ne fait pas débat, elle ne saurait en tant que telle justifier tous les écarts. Entre 500.000 et 1 million de voix : il serait vraiment regrettable que celles-ci manquent à l’appel en mai prochain.


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