Seulement 300 personnes ont participé samedi soir, devant le Centre Bell, à la manifestation contre l'embauche d'un entraîneur unilingue anglophone par le Canadien de Montréal. À l'intérieur de l'édifice, plus de 21 000 partisans se sont réjouis de voir l'équipe dirigée par Randy Cunneyworth remporter une deuxième victoire de suite.
Le petit nombre de manifestants ne doit pas tromper les dirigeants de l'équipe; la grande majorité des Québécois francophones restent déçus du peu d'importance que le Canadien semble accorder à la place du français au sein de l'organisation. D'ailleurs, ce qui vaut dans le dossier Cunneyworth s'applique à toute la question linguistique. Les francophones ne manifestent pas leur grogne dans les rues mais ils sont bel et bien inquiets. Divers sondages l'ont montré. Et les anecdotes - service en anglais au centre-ville, affichage en anglais dans les vitrines, multiplication des marques de commerce anglaises - sont trop nombreuses pour ne pas témoigner d'une réalité.
Il ne s'agit pas d'être alarmiste. Il n'y aura pas d'«assimilation fulgurante» des francophones, comme l'a prédit récemment l'ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. Mais la situation commande la vigilance.
Depuis la Révolution tranquille, les Québécois francophones ont laissé la préservation de leur langue à l'État. Cela a abouti à l'adoption de la Charte de la langue française. Aujourd'hui - la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a raison -, il faut un «coup de barre». Le PQ et les manifestants de samedi soir prônent un «renforcement de la loi 101». À notre avis, cette approche n'est pas la bonne. Il y a une limite, dans une société libérale, aux moyens que l'État peut déployer pour régir la vie des gens.
Le «coup de barre» doit venir des Québécois francophones eux-mêmes. S'ils sont dirigeants d'entreprise, ils doivent s'assurer que l'internationalisation de leurs affaires n'entraîne pas l'adoption systématique de l'anglais comme langue de travail. S'ils sont clients, ils doivent exiger d'être servis en français. Ils doivent aussi faire connaître leur mécontentement aux Payless ShoeSource et Got-Junk de ce monde. Surtout, les Québécois doivent manifester leur affection pour la langue française en la parlant et en l'écrivant impeccablement.
Et le Canadien? Qu'arrivera-t-il si, sous la direction de M. Cunneyworth, l'équipe se redresse? On devrait alors suivre le sage conseil d'Yvan Cournoyer: «Si on l'encourage et qu'on le laisse se concentrer pour le moment sur le hockey, peut-être qu'on aura un jour un super pilote pour l'équipe. Peut-être aussi qu'on aura gagné un anglophone de plus à parler notre langue.»
Souhaitons entre-temps que la direction de l'équipe et celles des autres grandes entreprises québécoises auront tiré un enseignement des événements des dernières semaines. Sinon, personne ne sera mieux placé que leur clientèle pour les rappeler à l'ordre.
apratte@lapresse.ca
Manif: 300 Canadien: 21 000
Le «coup de barre» doit venir des Québécois francophones eux-mêmes.
La langue, une affaire individuelle, bien sûr... prattiquement rien de nouveau dans le discours, sauf dans les faits, la dégradation accélérée, mais déniée, de la situation du français à Montréal.
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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