On le savait, le Québec serait attaqué de toute part en rompant avec le multiculturalisme.
Il ne fallait pas être Nostradamus pour voir venir la tempête qui s’abat sur le Québec en ce moment. Une tempête de mépris, d’insultes, de propos injurieux, trop souvent, appuyés par des prémisses mensongères.
Bienvenue dans le Canada 3.0 où le dernier rempart acceptable de la manifestation du mépris est celui qui vise les nationalistes et les indépendantistes du Québec. Et aussi tous les mécréants qui osent défendre les premiers balbutiements, imparfaits, de l’édification d’une société laïque.
En opposition, en rupture, du multiculturalisme canadien, cette idéologie élevée au rang de dogme sacré. Du type dont on n’a pas le droit de discuter, de débattre.
Tsé, un peu comme dans ces théocraties du monde où l’on rosse, où l’on enferme ceux qui contestent l’ami imaginaire de l’endroit... Parlez-en à Ensaf Haidar, à Raïf Badawi.
Au cours des derniers jours, le prétexte du moment pour cracher tout le venin typiquement «canadian» sur le Québec? Cette image du ministre de l’éducation Jean-François Roberge avec la prix Nobel de la Paix Malala Yousufzai.
On a fait de cette image, dans le Canada anglais et chez les opposants à la loi 21 au Québec, un symbole de «l’intolérance» du Québec.
Ah voyez-vous ça! Malala ne pourrait même pas enseigner au Québec! Bande d’intolérants, gang de racistes!
Et plus encore.
Même si tout cela est tout à fait faux. Malala Yousufzai pourrait enseigner au Québec. Dans les écoles privées, au CÉGEP, à l’université, etc.
Et c’est sans compter que cette militante iconique accepte volontiers de retirer son couvre-chef, lequel n’a pas de connotation religieuse en passant. Mais bon. Qui se soucie de ces détails n’est-ce pas? Pourquoi se priver de cette chance de pouvoir jeter son fiel sur le Québec!
Le Québec et les talibans
Dans le registre des énormités méprisantes, de cette haine ordinaire déclinée sans complexe, on doit souligner ce tweet d’une journaliste du Toronto Star :
Traduction : le Québec et les Talibans, main dans la main dans la façon de contrôler ce que portent les femmes.
Oui, oui, Québec et Talibans dans la même phrase. Et ça vient d’une chroniqueuse qui se dit «féministe». Ça dépasse l’entendement. À ce compte-là, on peut remplacer «Québec» par toutes les nations du monde qui ont adopté des lois qui vont dans le sens de la laïcité.
Ça fait tout un paquet de «Talibans»!
Pas grave. L’important c’est que cette femme ajoute sa voix au concert des indigné(e)s pour qui toute rupture d’avec le multiculturalisme est un crime sans nom qui justifie le mépris, voire les propos haineux.
Ce mépris systémique qui n’émeut guère la bien-pensance de chez-nous.
Malala visée par les talibans pour sa défense de la... laïcité!
Dans ce portrait de la militante pour les droits de l’éducation Malala Yousufzai fait par le Figaro on en apprend davantage sur le parcours inspirant de celle qui fut visée par les talibans chez elle.
D’ailleurs n’est-il pas ironique que Malala fut visée par les intégristes parce qu’elle défendait, entre autres, la laïcité... Extrait de ce texte intitulé Au Pakistan, Malala, 14 ans, dans le viseur des talibans :
Son combat, ce sont les talibans qui en parlent le mieux. «Malala a été prise pour cible pour son rôle de pionnière dans la défense de la laïcité et de la soi-disant modération des Lumières, revendiquait mardi le porte-parole du mouvement terroriste.
Ironique n’est-ce pas?
Et si les «talibans de la pensée» chez nous n’étaient pas ceux que l’on pense...
Et si les plus dangereux c’était, précisément, ceux qui refusent toute critique du multiculturalisme, au point d’en faire une pierre d’assise acceptable de l’expression du mépris et de la haine...