Ceux qui me connaissent savent à quel point je ne suis pas un fan de Denis Coderre. À la dernière élection municipale, j’ai d’ailleurs voté pour Valérie Plante. La question du Grand Prix de formule électrique et l’idée de payer avec mes taxes un éventuel retour des Expos m’avaient éloigné de l’ancien ministre fédéral. La cheffe de Projet Montréal ne m’inspirait guère, mais je me disais qu’il faut donner la chance au coureur pour voir ce dont il est capable. Après quatre ans de Plante à la mairie, j’ai complètement déchanté et je me tourne désormais vers Denis Coderre.
Commençons par la langue. Tout fédéraliste qu’il est, Coderre a défendu le français dans sa carrière politique, notamment quand il était ministre des Sports. Il ne lui serait jamais venu à l’idée de faire un discours en anglais seulement, comme l’a déjà fait Valérie Plante. L’ancien maire a proposé de mettre sur pied un Conseil de la langue française – une institution réclamée par 18 000 personnes dans une pétition –, une mesure plus porteuse que le plan famélique sur le français que Plante a mis en place.
Outre l’unilinguisme anglais de certains de ses discours, qu’est-ce qu’a fait Valérie Plante pour le français? Elle a imposé le français dit inclusif dans l’administration. Selon elle, notre langue serait sexiste et, en vertu d’une série de nouvelles règles de grammaire complètement byzantines, elle se donne le rôle de rendre la langue de Molière moins machiste dans les communications de la Ville. Du gros n’importe quoi à la saveur politiquement correcte! C’est à se demander si on doit en rire ou en pleurer.
Plante, la redresseuse de torts, n’a jamais froid aux yeux. En 2017, elle a recruté Balarama Holness dans ses rangs, lançant ainsi la carrière politique de cet homme qui veut bilinguiser Montréal au détriment du français.
Parlons maintenant de diversité. Comment oublier l’embauche de Bochra Manaï comme commissaire à la lutte contre le racisme systémique? Celle-ci a comparé la loi 21 à du suprémacisme blanc. Cela signifie par extension que les quelque 70% de Québécois qui appuient cette loi suivant les sondages seraient en quelque sorte des suppôts du Ku Klux Klan.
Par ailleurs, certaines personnes au sein de Projet Montréal souhaitent aussi donner le droit de vote aux immigrants qui ne sont pas citoyens canadiens. L’idée serait de faire pression sur Québec et Ottawa pour que cela devienne possible. Parallèlement, des conseillers municipaux de Projet Montréal veulent mettre en place des safe spaces à l’Hôtel de Ville pour les gens dits «racisés», histoire de nous séparer les uns des autres selon notre couleur de peau. En somme, Projet Montréal veut abolir le concept de citoyenneté tout en instaurant une forme de ségrégation raciale dans la ville.
Je constate parallèlement que Denis Coderre a su recruter des nationalistes dans son parti. Je pense ici à Hadrien Parizeau, petit-fils de l’ancien premier ministre, à Gilles Grondin, ancien DG du Mouvement national des Québécoises et Québécois, ou encore à Réal Ménard, ancien député bloquiste. Ces personnalités sauront mettre leur poids dans la balance quand la question du français sera discutée à la mairie.
Je pourrais continuer sur d’autres sujets, mais je me contente ici de parler des questions identitaires et de leur incidence à Montréal. Je n’ai jamais été et je ne serai jamais un fan de Denis Coderre. Toutefois, dans les circonstances actuelles, il est certainement le moins pire des deux choix qui s’offrent aux Montréalais.