Ma Chanson d'aube et ma Pastourelle

Tribune libre

Les Chansons d'aube, généralement des chansons de femmes...
et représentant le réveil de deux amants surpris par le lever du jour et bien souvent par le cri du "guetteur", leur douleur alors de se séparer sans aucune mesure
Les Pastourelles, des femmes au travail...
le plus souvent si souvent proches de par leur nature féminine des forces de production et de reproduction qui entendent à s'unir avec le Chevalier ou le Berger pour un désir qui puisse se satisfaire. Et la bergère comme le berger, inséparables de leurs moutons, filant patiemment la laine qui sait tenir au chaud et sachant l'offrir dans un geste de gratitude et de reconnaissance en n'oubliant pas les origines de la cause de cette chaleur procurée
Le gouvernement Charest n'a certes pas compris l'importance de la préservation de notre langue, de nos mots qui permettent de génération en génération une articulation fondamentale à ce qui nous constitue et nous perpétue en tant que nation mais également en tant qu'humain faisant partie d'une humanité définie et définissable
Il y a longtemps que je ne vote plus..
Mais aujourd'hui.. vous avez une Chance unique Mme Marois : celle de faire entendre et peut-être celle de faire comprendre à tous les Québécois, et ceux désireux d'être de ceux-ci, que la langue fondamentale qui nous constitue s'avère ce que nous avons de plus précieux à préserver, que le "guetteur" ne viendra jamais nous en séparer
***
De quelle façon dire, simplement et en peu de mots ce que j’aimerais dire
Il y a, dans la psyché humaine, ce petit moment de saisie fondamentale et d’acceptation du premier mot, du signifiant comme dirait la psychanalyse lacanienne, et qui vient faire toute la différence de par une signature ou une marque engendrant l’entrée du petit de l’homme dans le monde du langage, sortant ce petit d’un chaos originel et permettant son humanisation, son articulation ainsi que l’établissement d’un possible rapport avec l’autre aussi bien qu’avec une communauté
Ce rapport, loin d’être acquis d’avance, se construit beaucoup plus difficilement que ce que l’on pense généralement et grâce uniquement à cette langue véhiculée d’une génération à l’autre, par une action de Grâce même peut-on dire et relevant de plusieurs générations
Il n’est pas possible ni acceptable de traiter aussi légèrement que cela fût fait dernièrement le sort d’une langue ayant ce caractère sacré d’humanisation et d’union pour les générations entre elles de par un tissage ou un filage d’une laine tenant au chaud
S’il y a bien une dette à y avoir dans notre humanité, c’est bien celle d’une langue transmissible à préserver et protéger qui assure cette nécessaire humanisation et permet à ce petit d’homme de faire partie d’une humanité, d’une culture.. à la fois dans un universel, celui de la parole, et un particulier, celui qui le définit
La transmission brisée d’une langue n’est pas qu’une brisure dans cette langue.. c’est une déchirure dans un tissu dont les fils ne se rejoignent plus, affaiblissant ce tissu
Mon plus grand respect je pense, pour cette langue.. venue certes me marquer mais qui, sans elle et une certaine transmission, je ne pourrais être
Une langue, pour sa capacité à nous maintenir hors d’un chaos originel, pour la réunion qu’elle tente malgré la division, pour sa beauté lorsque bien utilisée qui sait nous réjouir et pour notre dette envers elle : une lettre à écrire pour son respect et sa non banalisation.
Suzanne Caron


Laissez un commentaire



3 commentaires

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    22 octobre 2010

    Madame Caron merci pour cette pastourelle légère.. Tout comme Nicole Hébert et André Vincent j'espère que votre Pauline Marois soit sur une bonne lancée et puisse tous vous emmener vers le but tant désiré .. Vigile est un phare qui éclaire votre longue nuit, où tant viennent se réchauffer pour repartir plus forts.
    Vous en avez besoin avec cette nouvelle attaque à la langue française,car une fois encore vous devez vous lever et résister, tout comme l'ont fait tant de fois avant vous, vos pères et les pères de vos pères..
    Heureusement vous êtes tous là, afin de ne pas laisser bafouer ainsi la voix du Pays de Québec, cette voix qui " fait l'âme de votre Pays, cette douceur de la vieille langue jalousement gardée.." (cf Louis Hémon)

  • Archives de Vigile Répondre

    21 octobre 2010

    Vous avez raison madame Hébert, la force du désir est l'amour qu'il dégage.
    Et l'amour est multiplicateur. Toi moi et nous le monde.
    André Vincent

  • Nicole Hébert Répondre

    21 octobre 2010

    Merci beaucoup pour cette "Chanson d'aube" et cette Pastourelle.
    Je me plais à souhaiter que vous retourniez voter et que Mme Marois puisse entendre votre conseil et recevoir votre voix. Si nous nous mettions à nous contaminer pour la soutenir, elle et ses troupes, je crois que nous n'aurions pas à le regretter. Il y a de ces paris qu'il faut savoir prendre à certains tournants de route.