La CAQ a tellement le vent dans les voiles que même Jean-François Lisée prédit qu’elle continuera de monter dans les sondages.
« Tant mieux si la CAQ a sa lune de miel maintenant. Ce n’est pas fini, ils vont monter encore au prochain sondage », lance le chef péquiste, lucide, dans une entrevue qu’il nous a accordée à son bureau.
Depuis que la CAQ a devancé les libéraux dans les intentions de vote, Philippe Couillard et ses ministres sont obnubilés par François Legault.
Ils parlent de lui à chaque occasion et l’attaquent sur Twitter.
Au Salon bleu, le premier ministre et le chef de la CAQ éprouvent un plaisir ludique à se livrer les premières manches de la bataille préélectorale, en ignorant complètement le chef péquiste.
Ne susciter que l’indifférence, en politique, c’est le pire des scénarios.
Celui qui s’est forgé une réputation de stratège le sait.
Il caresse probablement le rêve que quelqu’un daigne à nouveau lui lancer sa juste part de boue.
À l’évocation de ce tableau peu flatteur, Jean-François Lisée ne conteste pas et ne laisse paraître aucune émotion.
« Ça ne me dérange pas que la CAQ passe en avant, on va crever cette baloune-là », lâche-t-il.
MAUVAIS MOMENT
Il risque de recevoir un accueil glacial ce dimanche, alors qu’une rencontre du caucus des députés est prévue avec l’exécutif national et les présidences régionales du Parti québécois pour élaborer le plan de match électoral.
Mais il croit possible de renverser la tendance et de « remplacer la CAQ comme véhicule de changement ».
« Tout ce qu’on a à faire, c’est préparer notre remontée », dit le chef, laissant entendre qu’à l’instar de Justin Trudeau en 2015, il abattra ses cartes tout juste avant le déclenchement de l’élection.
D’ici là, le parti mise sur des tournées ciblées, notamment sur la santé, la solidarité sociale, les PME, à travers le Québec, pour élaborer des engagements réalistes.
« Quand tu es en phase avec 200 000 professionnels de la santé, par exemple, c’est 200 000 familles, ça. Les influenceurs vont dire que nos positions sont les plus sérieuses », espère M. Lisée, en les comparant aux interventions « brouillonnes » caquistes.
Il ne craint pas que le thème de la famille favorise ses adversaires, rappelant que le PQ s’est engagé à ramener les tarifs de garde à 7,30 $ pour tous, et à assurer la gratuité scolaire au primaire et au secondaire, notamment.
BLESSÉ
Malgré sa carapace, il a finalement laissé transparaître son agacement à la toute fin de notre entretien, lorsqu’il a été question de certains chroniqueurs ayant déjà rédigé son éloge funèbre à un an de l’élection.
« Des gens d’expérience ont écrit que j’étais fini », commence-t-il, l’air grave, avant de prendre une pause.
Il se retient de livrer le fond de sa pensée, puis pèse ses mots.
« C’est l’absence de sérieux... Les lecteurs ont droit à mieux que ça », conclut l’ancien journaliste.