J’entends des voix qui voudraient que Jean-François Lisée cesse de parler d’immigration.
Certaines de ces voix sont fédéralistes. On peut les comprendre.
Comme l’immense majorité des immigrants choisissent le camp fédéraliste, surtout parmi ceux qui n’adoptent pas la langue française, il est logique qu’un fédéraliste convaincu souhaite qu’on n’en parle pas et que rien ne change.
Parmi ceux qui voudraient que Lisée se la ferme sur le sujet, on trouve aussi des souverainistes.
C’est déjà plus étonnant. Mais on peut également comprendre.
Ce sont souvent des partisans d’Alexandre Cloutier ou de Martine Ouellet, qui voient la remontée de M. Lisée, et qui réalisent que la question identitaire préoccupe encore les péquistes.
Quand ?
Il est vrai, comme le notait le député Maka Kotto, que le sujet est délicat. Mais si sa délicatesse justifiait qu’on s’interdise d’en parler, nous serions bien la seule société en Occident à le faire.
Je ne me souviens pas que des figures de premier plan du PQ, ayant siégé au conseil des ministres entre septembre 2012 et avril 2014, aient exprimé à l’époque les réserves que l’on entend maintenant.
Le sujet était-il moins délicat au moment de la charte des valeurs? Hmm...
Et quel est le «bon» moment pour en parler? En politique, il n’y a jamais de «bon» moment pour parler des sujets émotifs.
Certes, quand Lisée a évoqué une immigration «parfaite», le choix du mot n’était pas le meilleur, mais il faisait référence à la correspondance souhaitée entre les profils des candidats à l’immigration et les profils des emplois disponibles.
Y a-t-il correspondance en ce moment? Assez peu.
Il faudrait aussi être volontairement aveugle pour nier que la plus ou moins grande distance culturelle entre la société d’origine et la société d’accueil complique ou facilite l’intégration.
Dans les années 1970, les immigrants en provenance de l’Amérique latine s’intégraient rapidement et sans difficultés majeures.
Il se trouve simplement que les immigrants viennent surtout des endroits où ça va mal.
Prenez une carte du monde, regardez où c’est le bordel, et vous saurez qui veut le plus venir chez nous.
Comme un immigrant n’est cependant pas un réfugié, c’est à ce moment qu’une société ne doit pas s’interdire d’avoir une discussion d’adulte sur qui elle veut accueillir.
Tension
Pour parler franchement, le Québec vit une tension qui est tout sauf simple.
Pour soutenir la langue française, nous recrutons massivement dans les pays du Maghreb.
On «découvre» ensuite que plusieurs de ces personnes pratiquent un islam musclé et troublant.
Si on recrutait davantage en Asie, on «découvrirait» que ces nouveaux venus seront ensuite peu enclins à vivre en français.
Lisée a aussi raison d’en parler parce que la recherche sérieuse a établi depuis longtemps que l’immigration n’a rien d’un remède miracle à nos problèmes économiques.
Le sujet est d’autant plus vital que le Québec fait partie d’un pays dont le premier ministre ne voit aucun problème à visiter une mosquée qui pratique la ségrégation et confine les femmes aux estrades d’en haut.
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