Les tourments du PLQ

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Le PLQ lui-même convaincu de l'inévitable réélection de Legault


La CAQ a fêté discrètement le 1er octobre dernier le premier anniversaire de son accession au pouvoir. François Legault a trop d’expérience pour triompher publiquement. Son parcours politique sinueux lui a enseigné à faire profil bas. Il n’est pas parvenu à devenir premier ministre sans pratiquer la réserve.


Le 2 décembre, une élection partielle se déroulera dans le comté de Jean-Talon à Québec, un comté refuge pour les candidats libéraux qui sortent du lot. François Legault présente une candidate douée, Joëlle Boutin, contre la libérale Gertrude Bourdon, dont la candidature sera annoncée cette semaine. Madame Bourdon, candidate-vedette des libéraux sous Philippe Couillard, tentera cette fois de se faire élire. Le premier ministre a affirmé publiquement qu’il ne tenait rien pour acquis et que la lutte serait serrée.








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Rupture


Cependant, nombre de libéraux n’ont pas encore compris pourquoi leur parti a subi un tel balayage en octobre 2018. Que le peuple n’ait pas saisi leur message les plonge dans le désarroi et l’acrimonie. Les libéraux, du moins une partie d’entre eux, continuent de se croire les dépositaires élus par Dieu du pouvoir à Québec. Ils sont donc incapables d’assumer le fait d’être dans l’opposition. Dans cette perspective, leur rupture avec la majorité francophone prouve qu’ils vivent avec des œillères, au-dessus de la foule, ne cherchant que les acclamations et le soutien de leurs électeurs irréductibles : les anglophones et une partie importante des allophones.


La course à la direction du PLQ n’arrive pas à attirer des candidats de poids, si bien que Dominique Anglade pourrait bien devenir le chef du parti en février prochain, faute d’adversaires.





Mon confrère Denis Lessard de La Presse cite des sources libérales qui confirment cette hypothèse. Est-ce étonnant que selon mes propres sources – sont-elles les mêmes ? –, ce soit aussi le scénario qui est en voie de réalisation ? Or, quelques jours avant l’élection d’octobre, une connaissance libérale m’avait prédit le balayage avéré. Il m’a assuré que nombre de libéraux anti-Couillard appuieraient la CAQ ou s’abstiendraient tout simplement de voter.


Pour plusieurs apparatchiks du Parti libéral, Dominique Anglade apparaît comme un chef transitoire, car ces routiers de la politique semblent déjà convaincus de la réélection de François Legault en 2022.


Odieux


N’est-ce pas odieux envers Dominique Anglade, une femme intelligente, d’être traitée de la sorte ? Jacques Dupuis, jadis ministre de la Justice, et un personnage haut en couleur et fort en gueule, a même émis sur les ondes de Radio-Canada cette hypothèse de chef « intérimaire ».


À vrai dire, les libéraux se défoulent, faute de réussir à accéder au pouvoir. Une autre source déclarait, il y a deux mois environ, que plusieurs militants étaient prêts à miser sur le ministre libéral François-Philippe Champagne, réélu dans Saint-Maurice–Champlain, la semaine dernière.


Le PLQ cherche désespérément un sauveur, ce qui en dit long sur l’aveuglement actuel de ses élites. Et sur le machisme qui accable la candidate Dominique Anglade, qui risque de regretter peut-être le choix qu’elle a fait de quitter la CAQ pour l’attrait libéral.


La politique, décidément, est un rouleau compresseur.




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