Les sondages, c'est comme les bikinis...

... Ça montre beaucoup, mais ça cache l'essentiel.
Publié par Pascal Henrard
Lorsqu'un sondage déclare que 59 % des Québécois sont racistes, pas besoin de faire un autre sondage pour affirmer que 99 % des sondages cachent surtout un grand vide.
Le problème du sondage publié lundi dans Le Journal de Montréal, ce n'est pas que les Québécois soient racistes ou pas, c'est que les sondages peuvent être plus dommageables pour la société que le racisme lui-même.
Les sondages, c'est la dictature de la démocratie, l'unification de la pensée, la gangrène du jugement personnel, la corruption de l'opinion. Les sondages réduisent l'esprit critique à sa plus simple expression, comme ils respirent, ils font la loi à la place du peuple, ils détournent l'attention et appauvrissent l'opinion.
Ça fait longtemps que je me méfie des sondages comme des promesses électorales. En fait, depuis que j'ai entendu un sondeur professionnel demander à son client avant de commencer son étude quel résultat il voulait obtenir. Vous avez bien lu « quelle réponse voulez-vous que le sondage donne ».
On peut faire dire n'importe quoi à un sondage. La preuve, quand un sondeur m'appelle, je lui raconte moi aussi n'importe quoi. C'est l'occasion de se prendre pour quelqu'un d'autre. Je réponds que je suis père de famille monoparental, que j'ai 6 enfants, que je suis chômeur, ou président de compagnie, selon l'humeur, que je vis dans un 3 et demi, ou dans un Manoir à Westmount, que je suis étranger ou pure laine tricoté serré, que je roule en vélo ou que j'ai trois autos, que je mange tous les jours au resto ou que je ne mange que des Pogos. Le plus amusant, c'est de les écouter prendre note scrupuleusement de mes réponses.
La semaine dernière, la maison CROP avait déjà commencé à lancer le discrédit sur la profession en ridiculisant les réponses des Québécois à un de ses propres sondages sur la lucidité. Cette semaine c'est Léger Marketing qui fait dans la lourdeur. Je prévois, si la tendance se maintient, que la semaine prochaine, vous lirez les résultats des sondages avec un peu plus de circonspection. Avec une marge d'erreur de 50 %, une fois sur deux.