On célèbre ce lundi, et depuis 2003, la “Journée des Patriotes”. L’existence de ce mouvement progressiste, laïc, démocrate, francophone mais ouvert au fait minoritaire, constitue la source de toute l’histoire politique québécoise depuis.
Ceux des Patriotes qui se sont accommodés de la conquête et ont voulu, ensuite, en limiter les dégâts; ceux des Patriotes qui l’ont toujours refusé et qui se sont réincarnés chez les souverainistes.
S’il y a donc un acte fondateur de la politique québécoise, il se trouve là, dans les événements du début du 19e siècle, dans cet extraordinaire et résiliente volonté du peuple de ce coin d’Amérique de faire respecter son droit démocratique de se gouverner lui-même (le gouvernement responsable) et son droit à faire respecter sa langue.
On trouve aux États-Unis des historiens de la révolution américaine et pas une année passe sans que plusieurs ouvrages ne soient consacrés à cette période — relectures, réinterprétations, débats historiques et politiques. De même les historiens français ne cessent de creuser les archives pour éclairer encore et encore leur révolution et leur passé. Il en est de même pour toutes les nations.
Toutes ? Non. Il existe une nation qui, inexplicablement, ne dispose dans son corps professoral universitaire d’historien aucune personne qui ne soit intéressée par la période initiatrice de son parcours politique. Il s’agit, évidemment, du Québec.
La “Coalition pour l’histoire”, formé de jeunes historiens intéressés par l’histoire politique du Québec et dirigée par Éric Bédard, de la TELUQ, dénonce ces jours-ci de curieux trous de mémoire.
Dans n’importe quel pays normal, il existerait au moins une chaire de recherche universitaire dédiée à des événements aussi considérables. [...] En effet, aucun département d’histoire francophone au Québec ne dispose d’un professeur-chercheur reconnu pour ses travaux sur les rébellions de 1837/1838.
La Coalition précise “francophone” car il appert que:
les seuls chercheurs universitaires reconnus pour leurs ouvrages sur les événements que nous commémorons aujourd’hui oeuvrent à McGill et à Bishop tandis qu’aucun ne se retrouve dans des universités francophones.
Or lorsqu’un chercheur se concentre sur un pan précis de l’histoire, il peut déposer des projets de recherche auprès des organismes subventionnaires, mobiliser des doctorants et des étudiants de maîtrise et diriger leurs travaux, faire, donc, croître la connaissance et le débat. Aucune université francophone ne s’y emploie.
Un point d’entrée
Personnellement, j’ai abordé le sujet un peu à reculons. Comme une histoire qu’on croît connaître et qu’on ne veut pas se faire raconter à nouveau.
Mais quand je me suis plongé, il y a plusieurs années, dans la somme que constitue “L’histoire des Patriotes” de Gérard Filteau, je fus emporté par la force du récit, des personnages, des conflits, des espoirs et des déconvenues.
Publié à la fin des années 1930 mais s’appuyant, déjà, sur une base documentaire également britannique, le bouquin est criant d’actualité — sauf pour son parti pris pro-clérical.
C’est qu’il fut publié à l’origine en 1938, puis souvent republié, plus récemment en 2003 par Septentrion.
Un document essentiel, un monument qui, à lui seul, plaide pour une véritable et constante recherche historique sur ce moment que l’on célèbre aujourd’hui, sans vouloir vraiment, semble-t-il, le connaître.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé