Lorsque monsieur Robert Lafrenière a pris la décision de quitter son poste de commissaire à l'UPAC, tout le monde s'attendait à certaines révélations qui, sans être fracassantes, auraient éclairé les payeurs d'impôt que nous sommes tous.
Le directeur des enquêtes devait avoir ses raisons, mais il semble que nous ne les connaîtrons pas; le nouveau gouvernement n'a pas l'intention de nous en informer. Ici, comme dans toutes les sections spécialisées, la règle d'or est «Ce qui est dans la maison reste dans la maison». Les guerres intestines que se livrent ceux qui œuvrent dans ces sections ne sont un secret pour personne.
Nous l'avons vu ces dernières années avec la saga du SPVM. Grenouillages, mensonges, coups de Jarnac, calomnies, les Brutus aux lames effilées ne manquent surtout pas dans ces sections. J'ai la désagréable impression qu'il se passe plus de temps à alimenter des combats internes qu'à lutter contre le crime organisé.
Le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) tentera de faire la lumière sur l'opacité de l'UPAC qui, soit dit en passant, avait déjà le mandat de s'auto-enquêter. Qui enquêtera sur le BEI? Une commission non partisane faite de politiciens? Alors on bouclerait la boucle.
N'oubliez pas que ces enquêteurs se connaissent. Ils ne viennent pas de Vancouver ni de Moncton. BEI ou pas, ces enquêteurs vont dans les mêmes tournois de golf et fréquentent les mêmes endroits, les mêmes amis.
J'ai vécu à l'époque des sections spécialisées du SPVM. J'en connais le fonctionnement par cœur. Certains de ces super-enquêteurs venaient me rencontrer quelques mois après avoir découvert un important groupe criminalisé, que ce soit les Jamaïcains, les gangs de rues ou les Russes. Dans tous les cas, ces valeureux enquêteurs ont ramassé avidement toute l'information pour mousser leur avancement et oublier d'où venait l'information. Si vous croyez qu'il n'en est rien aujourd'hui, c'est que vous croyez toujours au père Noël.
Si Monsieur Legault prend la décision de ne pas poser de questions indiscrètes, libre à lui. Mais nous, contribuables, aimerions peut-être un peu de transparence.
Alors, imaginez l'UPAC formée d'un groupe d'enquêteurs venant de différents corps policiers. Le parfait nid de guêpes. Ce fut le même scénario lors de Carcajou et d'Amigo. Ces sections ont un dénominateur commun, l'«ÉGO». C'est aussi pourquoi certains enquêteurs sont malheureux.
Si Monsieur Legault prend la décision de ne pas poser de questions indiscrètes, libre à lui. Mais nous, les payeurs d'impôt, à qui on a demandé de contribuer à la hauteur de 140 millions, aimerions peut-être un peu de transparence. Entre nous, juste savoir ce qui se passe, pas en détail, mais le nombre d'enquêtes, le taux de réussite et le pourquoi des lenteurs de celles-ci. Disons que, pour le moment, le ratio «prix/rendement» est particulièrement sous les attentes.
Les sections spécialisées se doivent d'être imputables des actes posés et de celles qui auraient dû l'être.
L'inutile, mais divertissante commission Charbonneau aura coûté 44,8 millions. La commission Chamberland, on ne sait pas trop. Malgré tout, cette dernière aura au moins démontré que certains enquêteurs de sections et certains officiers de direction sont capables du pire.
Je ne suis pas contre les enquêtes, mais dans ma carrière, j'en ai tellement vu se terminer en queue de poisson et des budgets allègrement dépassés par des membres de sections spécialisées, que j'ai beaucoup de mal à croire qu'ils n'auraient pas fait pareil à l'UPAC.
Je crois que le nouveau gouvernement se doit de faire enquête. Il le doit à ses votants, il le doit au peuple payeur d'impôt. Les sections spécialisées se doivent d'être imputables des actes posés et de celles qui auraient dû l'être.