Les minorités sexuelles en mènent large au journal « Le Devoir »

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Tribune libre

     Avec quatre lettres depuis 1 mois dans Le Devoir (voir plus bas), le « correspondant » Robert Campeau a fait avancer la cause des minorités sexuelles. Comme elles représentent 6, 7 ou 8 % de la population québécoise, c’est important qu’on parle d’elles, mais pourquoi diable leur accorder autant d’importance ?


     À la fin juillet, j’ai envoyé une lettre au Devoir (voir à la fin) pour briser l’unanimisme de la critique relativement à la mise en scène 2SLGBTQ+ de Thomas Jolly aux JO de Paris, mais la rédaction l’a rejetée.


     C’est effarant le nombre d’homosexuels et de lesbiennes se trouvant dans l’orbite du Devoir, surtout dans le domaine des arts et de la culture en général. Vous croyez que les lecteurs apprécient cette quasi-prise de contrôle du journal d’Henri Bourassa ? Détrompez-vous !


Sylvio Le Blanc, un abonné


P.-S.  L'image d'en-tête montre un texte d'Henri Bourassa écrit en 1919 et affiché sur un mur de l'église de Brouage en France.


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Le Devoir


Éditorial, lundi 29 juillet 2024 316 mots, p. A6


L’été de tous les extrêmes


LETTRES


Comment ne pas être touché en découvrant les paysages apocalyptiques de Jasper et en entendant le cri du coeur de la première ministre d’Alberta, Danielle Smith, qui, au travers des sanglots, nous parle malgré tout d’espoir et affirme que «la magie n’est pas disparue et ne le sera jamais». Devant un tel jardin de cendres, le Canada est tout à coup un peu plus notre pays, et les barrières linguistiques perdent quelque peu de leur sens. Plus près d’ici — tellement tout près —, ce sont les tornades qui jouent les trouble-fête et nous rappellent qu’on fait toutes et tous désormais partie d’un nouveau monde avec, en toile de fond, des guerres qui se rient des conventions et n’en finissent plus de ne pas finir.


En ce jour d’ouverture de Jeux olympiques puisés à même la mégalomanie et après des semaines de politique américaine qui dépassent la fiction — et qui culminent par un Donald Trump survolté qui se targue d’avoir jeté les gants de sa récente conversion en traitant sa nouvelle rivale de «garbage» (vidange !) —, on se dit que ce nouveau monde exige plus que jamais de ne pas céder au cynisme ambiant, de se coller à l’essentiel et de cultiver son propre lopin de bien-être — si tant est qu’on a la chance d’en avoir un —, de cultiver la beauté tant qu’on peut et de croire plus que jamais à l’effet papillon de nos gestes et actions (au risque de se faire regarder de haut par ceux qui nivellent sans cesse par le bas…).


Comme le dit si bien le brillantissime metteur en scène des JO de Paris, Thomas Jolly, «à nous de poétiser ce méga show et de le rendre sensible sans pour autant nier la réalité de notre monde…».


Robert Campeau Le 26 juillet 2024


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Le Devoir


Éditorial, mardi 30 juillet 2024 368 mots, p. A6


À Paris, une boîte de nuit géante à ciel ouvert


LETTRES


Je l’avoue, je suis redevenu un enfant en regardant la cérémonie d’ouverture officielle des Jeux olympiques de Paris (que j’ai eu la bonne idée de visionner en différé, ce qui m’a permis de zapper les publicités !). Mes sens n’en avaient que pour ce spectacle grandiose et les visages irradiants des athlètes qui défilaient par milliers, sur une chorégraphie de bateaux qui ont fait de la Seine un tableau majestueux, qui restera longtemps gravé dans ma mémoire.


Tant de numéros magiques, émouvants : celui de femmes érigées en statues, dans une sorte de réparation de l’histoire (et qui, par un don à la Ville Lumière, sont vouées à la pérennité) ; celui du groupe heavy metal Gojira, associé à la chanteuse lyrique Marina Viotti, à même les balcons de La Conciergerie ; celui de la chanteuse Juliette Armanet interprétant la chanson Imagine sur un bateau à la dérive (et le piano littéralement en feu de Sofiane Pamart — le moment de grâce !) ; celui de cet athlète centenaire en fauteuil roulant, à qui on a passé le flambeau ; cette fête à l’honneur des dieux de l’Olympe personnifiés par des drag queens et l’impayable Philippe Katerine ; celui, éblouissant, d’une cavalière argentée, juchée sur un cheval métallique galopant sur l’eau ; celui de tous ces personnages habituellement figés dans leur musée qui sortaient prendre l’air pour saluer le monde entier… Une boîte de nuit géante, oui, à ciel ouvert. Sous une pluie soutenue, qui non seulement n’a pas eu raison de la magie, mais l’a souvent transcendée (la pluie rebondissant sur le piano d’Alexandre Kantorow interprétant Jeux d’eau, de Ravel : un pur moment de poésie !). Et bien sûr, «notre» Céline, dans une prestation magistrale qui forçait le respect, à qui on avait offert, pour habiller son Hymne à l’amour, rien de moins que la tour Eiffel ! Une tour qui s’en souviendra sans doute à jamais… Bref, une note parfaite (pour peu qu’on soit resté concentré sur cette explosion de créativité et qu’on n’ait pas trop consulté les réseaux sociaux !).


Robert Campeau Le 28 juillet 2024


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Éditorial, mercredi 14 août 2024 283 mots, p. A6


« Une parenthèse de bonheur absolu »


LETTRES


Ainsi s’exprimait un spectateur parisien des Jeux de Paris, dans le cadre d’un reportage de Tamara Alteresco, à Radio-Canada. Après tant de cynisme et de doutes sur la capacité de la Ville Lumière à générer un engouement pour ces Olympiades à sécurité maximum (et à coût exorbitant, il faut bien dire), voilà que les Français se sont laissé prendre «aux jeux» et les ont embrassés avec une ferveur qu’ils n’avaient pas anticipée. Cet événement festif, qui a superbement débuté (merci Céline !) et qui nous a fait découvrir le créatif metteur en scène Thomas Jolly (qui signe aussi la mise en scène de «notre» Starmania, présentement à l’affiche à la Place Bell, à Laval), nous aura fait assister au meilleur de nous-mêmes et rêver, une habitude que nous avions presque oubliée tant le climat, les nouvelles internationales et la misère grandissante nous bloquent régulièrement la vue. Soyons chauvins nous aussi : nos athlètes, galvanisés, reviennent avec 27 médailles, dont 9 d’or ! Cette «parenthèse de bonheur» (et ce saut à peu de frais dans la plus belle ville du monde !), ajoutée au fait que la campagne présidentielle américaine a pris une tout autre tournure et nous repose de la «trumperie» qui nous laissait sans cesse envisager le pire (il y a longtemps que nous avions entendu parler de «joie» et de l’art «d’élever les gens plutôt que de les rabaisser» chez nos politiciens du Sud), constitue une bouffée d’air frais qu’on voudrait bien voir s’étirer… À nous d’y travailler, portés par ces doses de grandeur et d’absolu plus que bienvenues.


Robert Campeau Montréal, le 13 août 2024


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Le Devoir (site web)


Libre opinion, lundi 26 août 2024 - 04:00 535 mots


Quand Starmania s’écrit sous nos yeux


Robert Campeau


« Quand j'aime une fois, j'aime pour toujours », chante Richard Desjardins. C'est donc deux fois plutôt qu'une que je suis allé voir Starmania, cet opéra rock signé Luc Plamondon et Michel Berger dont le livret a été remis à l'avant-plan et au goût du jour par Thomas Jolly, ce génial metteur en scène (et artiste multidisciplinaire) français qui a également assuré la direction artistique de chacune des cérémonies des Jeux olympiques de Paris.


Entendons-nous : aller voir un opéra rock d'une quarantaine d'artistes et musiciens une fois est déjà un luxe. Aller le voir deux fois relève de la folie (folie douce, mais quand même), une folie peut-être héritée de l'époque où Diane Dufresne — dont on célébrait, incidemment, le quarantième anniversaire du spectacle Magie rose, donné au Stade olympique — conviait son public à être tout aussi extravagant et créatif qu'elle l'est elle-même. L'art éblouit, fascine, inspire, bouscule. Et l'argent qu'on y investit constitue, selon moi, un placement pour la vie.


Dimanche dernier, donc, s'éteignaient les projecteurs de la Place Bell sur la quatrième version de cette mégapole imaginée par deux êtres qui vivaient à fond leur époque et ressentaient profondément l'air du temps.


Tellement qu'ils ont fini par mettre au monde une oeuvre qu'on qualifie toujours, 45 ans plus tard, de « futuriste ». Une oeuvre en forme de miroir géant (et à peine déformant) tendu vers nous, dans laquelle ils ont mixé et magnifié nos doutes, nos peurs, nos fantasmes, nos violences, nos désirs, ponctués d'un tas de questions existentielles qui culminent par celle-ci : « Existe-t-il quelqu'un, dans l'univers, qui puisse répondre à nos questions, à nos prières ? »


Univers


C'est fou comme l'actualité rejoint la fiction. Au moment où cette mégaproduction prenait fin, le Parti démocrate américain entamait la grand-messe politique de sa convention, dans la foulée de laquelle les Américains finiront peut-être par donner la présidence à une femme, pour la première fois de leur histoire.


Ainsi, le milliardaire Zéro Janvier du livret de Starmania (auquel l'impayable Donald Trump fait immanquablement penser) pourrait bien être éclipsé par une femme noire qui, depuis à peine quatre semaines, insuffle un vent de « joie » et d'optimisme qu'on croyait jusque-là impensable et dont l'ascension fulgurante porte le sceau de « Kamalamania ».


Quand on pense que la France a échappé, il y a peu, au vent d'extrême droite que d'aucuns redoutaient, on peut affirmer, tout comme le couple Obama l'a fait avec éclat, que l'espoir est de retour. Du moins, un « vent de », une brise juste assez forte pour rallier autant le gauchiste Bernie Sanders que d'anciens présidents mainstream à un mouvement qui vise à barrer la route à un électron (un peu trop) libre, plus amer et imprévisible que jamais.


Ou, pour citer Stevie Wonder, qui a ajouté sa voix au concert, contribuer à un « higher ground ». C'est peut-être ça, finalement, qu'on appelle une vision. Cet ingrédient fabuleux qu'on échappe parfois dans un trou noir, qui a permis à Starmania de traverser le temps et qui fait qu'on qualifie aujourd'hui Plamondon et Berger de visionnaires. Vous ne pouviez mieux le dire, Messieurs : « Il se passe quelque chose à Monopolis… »


2024 Le Devoir. Tous droits réservés.


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De : Sylvio Le Blanc

Envoyé : 28 juillet 2024 12:04

À : Le Devoir (Opinion) <opinion@ledevoir.com>

Objet : Opinion


Montréal, le 28 juillet 2024


Une cérémonie d’ouverture woke


Le directeur artistique derrière la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, Thomas Jolly, a confié avoir été harcelé dans sa jeunesse du fait de son homosexualité : « C'est évidemment violent d'être victime de harcèlement. Mais ce qui a été surprenant, c'est que tout de suite, je me suis dit : "Je ne corresponds pas à ton modèle, mais ce n'est pas pour autant que j'en changerai. En réalité, tu dois faire le chemin pour m'inclure dans ton monde." » [1]


Il a tout dit. Il nous a enfoncé dans la gorge son monde woke idéal, fait d’hommes féminisés, de femmes masculinisées et d’humains mélangés, multicolores et portant des vêtements unisexes.


Comme il estime vraisemblablement que les minorités ethniques sont aussi harcelées en France, il les a mises à l’honneur. Il commence la cérémonie avec deux Français d’origine maghrébine (Debbouze et Zidane) et la termine avec deux Noirs allumant la flamme olympique. Les minorités en France, l’espace d’une soirée, se sont transmuées en majorité.


Politiquement parlant, la cérémonie de Jolly est un joli pied-de-nez au Rassemblement national et un french kiss à La France insoumise.


Personnellement, cette cérémonie m’a donné la nausée. Les spectateurs de la planète qui l’ont appréciée sont probablement ceux qui se sont endormis devant leur écran en la regardant.


Sylvio Le Blanc




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15 commentaires

  • Sylvio Le Blanc Répondre

    22 septembre 2024

    Les hommes lisent-ils davantage que les femmes ?


    Les photos d’hommes sont très nombreuses dans la section du D Magazine du Devoir des samedi 21 et dimanche 22 septembre 2024 dédiée à la rentrée littéraire d’automne :


    Homme (pp. 2-3) : https://www.ledevoir.com/lire/820234/dix-romans-theme-parcours-initiatique-surveiller-cet-automne


    Homme (pp. 4-5) : https://www.ledevoir.com/lire/820233/fiction-quebecoise-dix-temps-forts


    Femme (pp. 6-7) : https://www.ledevoir.com/lire/820237/dix-fictions-francaises-devorer


    Homme (p. 8) : https://www.ledevoir.com/lire/820239/tour-monde-litteraire-dix-titres


    Homme (p. 10) : https://www.ledevoir.com/lire/820242/poesie-ici-quelques-recueils


    Homme (p. 11) : https://www.ledevoir.com/lire/820243/cinq-polars-mediter


    Homme (pp. 12-13) : https://www.ledevoir.com/lire/820246/cinq-essais-etrangers-alimenter-reflexions


    Homme (p. 14) : https://www.ledevoir.com/lire/820245/dix-essais-ici-refaire-monde


    Enfants des deux sexes (p. 16) : https://www.ledevoir.com/lire/820247/rentree-litteraire-cinq-livres-lire-aube-age-adulte


    Femme dans le journal papier (p. 17) et adolescente dans la version numérique : https://www.ledevoir.com/lire/820248/cinq-bandes-dessinees-egayer-automne


    Comme si les hommes étaient plus nombreux que les femmes à lire. Un meilleur équilibre aurait été bienvenu. Si les photographes du Devoir manquent d’amies femmes, il reste toujours iStockphoto (les deux dernières photos en sortent).


    Sylvio Le Blanc


  • Sylvio Le Blanc Répondre

    1 septembre 2024

    Deux lettre publiées dans Le Devoir en 2003 et en 2012 :


    1. Le Devoir, lundi 30 juin 2003, p. A6


    Et l'homosexualité de Pierre Bourgault?


    Dans Le Devoir des samedi 21 et dimanche 22 juin 2003, j'ai été surpris de constater que personne n'avait abordé le sujet de l'homosexualité de Pierre Bourgault dans les treize lettres et les neuf articles portant sur lui. Même pas Bazzo. Curieux. On ne me fera pas accroire que l'orientation sexuelle de Bourgault a passé comme lettre à la poste dans sa vie, lui, l'homme moderne, le libertaire, l'humaniste, le social-démocrate, qui a grandi dans une famille et un Québec religieux et conservateurs. Je connais des homosexuels beaucoup plus jeunes que Bourgault, ayant grandi dans un Québec beaucoup plus conciliant, et pour qui néanmoins l'orientation sexuelle aura constitué un grand combat, souvent dramatique, voire tragique. Bourgault n'ayant pas vécu aux Pays-Bas, il me semble qu'on aurait pu en parler.


    Sylvio Le Blanc


    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/30863/lettres-et-l-homosexualite-de-pierre-bourgault


    2. Le Devoir, Lettres, lundi 31 décembre 2012, p. A6


    Un Vatican III n'est pas pour demain


    Vatican II fête ses cinquante ans. Plusieurs se demandent avec raison comment l'Église catholique peut encore aujourd'hui refuser le mariage des prêtres, l'ordination des femmes, la contraception et les homosexuels. C'est parce que la majorité des pratiquants catholiques de par le monde le veulent ainsi. Le Vatican sait aussi que la progression de son empire en Occident est plafonnée, mais pas dans les pays plus pauvres ou « vierges », où ses idées rétrogrades sont bien reçues. Cette Église est hypocrite. Des siècles durant, des homosexuels s'y sont réfugiés pour ne pas se marier. Quand on pense à tous ces cas de pédophilie révélés depuis quelques années dans le monde, le cœur nous lève. Ça devait être la même chose avant, mais l'absence de démocratie et l'aura de l'Église auront suffi à tout étouffer. Non, décidément, Vatican III n'est pas pour demain, et l'obscurantisme a un avenir radieux devant lui.


    Sylvio Le Blanc


    https://www.ledevoir.com/opinion/lettres/367403/un-vatican-iii-n-est-pas-pour-demain


  • Sylvio Le Blanc Répondre

    1 septembre 2024

    Lettre envoyé au Devoir le 24 juillet 2016, mais non publiée :


    « Shakespeare dénaturé


    Je n’irai pas voir la dernière mise en scène de Serge Denoncourt au Théâtre du Nouveau Monde, Roméo et Juliette, d’après William Shakespeare. Pourquoi ? Parce qu’elle a peu à voir avec l’œuvre du grand barde anglais.


    Pour cette adaptation, Denoncourt, conquis par la pièce à l’âge de 12 ans [1], s’est inspiré notamment de Pier Paolo Pasolini, Luchino Visconti et Franco Zeffirelli, des homosexuels notoires. Pourquoi un tel intérêt de leur part pour cette pièce ? Pour la richesse du texte, certes, mais aussi parce que le grand amour entre les deux hétérosexuels que sont Roméo et Juliette est détruit.


    M. Denoncourt a déclaré dans une interview : « Dans la pièce, il y a deux histoires d’amour: celle de Mercutio et Roméo; et celle de Roméo et Juliette. Mercutio est un homosexuel vieillissant qui se tient avec des petits gars, qui boit, qui est amoureux de la beauté de Roméo. À l’adolescence, les garçons italiens couchent ensemble même s’ils ne sont pas gais. Dans ma mise en scène, on comprend que Mercutio joue à touche-pipi avec les garçons et qu’eux, ça ne les dérange pas. (…) » Claude Jutra aurait sûrement apprécié, mais, dans l’œuvre originale de Shakespeare, personne ne joue à touche-pipi. Mercutio n’a rien d’un homosexuel vieillissant : il est jeune et un ami de Roméo. Et il n’y a pas deux histoires d’amour, mais une seule : celle que l’on sait. [2]


    M. Denoncourt a aussi déclaré : « Le texte de Normand Chaurette me laisse beaucoup de place; je peux alors décider du sens que je veux donner aux mots. (…) » [3] Ma foi, quelle présomption ! Si les mots de Shakespeare perdent leur sens originel une fois traduits, peut-on encore parler d’une œuvre shakespearienne ? Une œuvre « denoncourtienne », plutôt.


    De nos adaptateurs et metteurs en scène ont de tels ego et de tels besoins qu’ils dénaturent les textes classiques. Pouvons-nous permettre aux Québécois de découvrir les grands auteurs quand ils sont au programme ? »


    Sylvio Le Blanc



  • Sylvio Le Blanc Répondre

    1 septembre 2024

    Lettre envoyée au Devoir le 12 juillet 2020, mais non publiée :


    « J’en disconviens, madame Wysocka


         Natalia Wysocka écrit notamment dans son article [publié dans Le Devoir] Les nécessaires nuances de cancellation : « Il y a une mer de nuances de gris entre les appels à “cancel R. Kelly” après que des dizaines de femmes ont dénoncé les abus et les violences de l’ex-roi du R & B et les publications vilipendant l’actrice Scarlett Johansson pour avoir déclaré, bêtement convenons-en, qu’elle devrait “avoir le droit de jouer n’importe quelle personne, animal ou arbre” en réponse aux critiques l’accusant de personnifier un homme trans ou une femme asiatique. » [1]


         Son « bêtement convenons-en » est de trop. Il n’y a rien de bête dans les propos de l’excellente Scarlett Johansson.


         Philippe Noiret, un hétérosexuel, a joué un homosexuel dans Les lunettes d’or [2]. Idem pour Michel Serrault dans La cage aux folles, qui lui a valu le César du meilleur acteur [3]. Rupert Everett, un acteur qui affiche publiquement son homosexualité [4], a joué un séducteur de femmes dans Un mari idéal [5]. Il a aussi joué une transgenre dans deux films d’Oliver Parker [6]. Dans Ceux qui m’aiment prendront le train, réalisé par Patrice Chéreau, un homo [7], Vincent Perez, un hétéro [8], joue une transgenre en cours de transition [9]. Melvil Poupaud, un hétéro [10], joue aussi une transgenre dans Laurence Anyways, réalisé par Xavier Dolan, un homo, ce qui a valu à Poupaud le Prix Écrans canadiens du meilleur acteur [11]. Dans Les aventures de Priscilla, folle du désert [12], un film devenu culte auprès de la communauté gay, trois acteurs hétérosexuels (Guy Pearce [13], Terence Stamp [14] et Hugo Weaving [15]) interprètent des drag-queens.


         Les Chinoises Gong Li et Zhang Ziyi, ainsi que la Malaisienne Michelle Yeoh, ont joué des Japonaises dans Geisha [16]. Dustin Hoffman a joué un autiste dans Rain Man [17], ce qui lui a valu l’Oscar du meilleur acteur. Orson Welles a joué un Noir dans son film Othello [18]. Taika Waititi, à moitié juif par sa mère, a joué Adolf Hitler dans son film Jojo Rabbit [19]. Des hommes ont joué des singes dans le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, 2001, l’Odyssée de l’espace [20]. Charlie Chaplin a personnifié un arbre dans Charlot soldat [21] et une fleur dans Les feux de la rampe [22].


         Croyez-moi Mme Wysocka, Mme Johansson a raison, les bons acteurs et les bonnes actrices peuvent tout jouer. Ne mettons pas des barrières là où ce n’est pas nécessaire.


    Sylvio Le Blanc




























  • Sylvio Le Blanc Répondre

    1 septembre 2024

    Le 26 mars 2019, j'ai fait parvenir cette lettre au journal Le Devoir (bien entendu, elle n'a pas été publiée) :


    « L’Opéra de Montréal et le thème de l’homosexualité


    En 2016, l’Opéra de Montréal (OdM) présentait Les feluettes, un opéra de Kevin March, sur un livret de Michel Marc Bouchard (MMB), tiré de sa célèbre pièce, qui se passe de présentation [1]. En janvier et février de cette année, l’OdM faisait rebelotte avec Champion, un opéra en anglais de Terence Blanchard et Michael Cristofer portant sur le boxeur états-unien Emile Griffith [2], un homosexuel. Ces temps-ci, l’OdM présente Twenty-Seven, un opéra en anglais de Ricky Ian Gordon et Royce Vavrek [3], portant sur les lesbiennes Gertrude Stein et Alice Toklas. En 2021 et 2023, l’OdM remettra cela avec le librettiste MMB, pour deux opéras mis en musique par Julien Bilodeau : La beauté du monde et La reine garçon. [4]


    Le directeur de l’OdM, Patrick Corrigan, a déclaré en janvier : « Nous voulons que l’opéra devienne une vitrine sur la créativité québécoise, canadienne et ce qui touche les Montréalais. » [5] Pourtant, quatre des auteurs plus haut des trois opéras déjà présentés ne sont ni Canadiens ni Québécois [6]. Et en considérant que les causes justes sont innombrables, j’estime que cela fait beaucoup d’opéras abordant frontalement ou par la bande le thème de l’homosexualité. Pourrait-on en aborder d’autres ?


    Pour finir, MMB, déjà auteur d’un livret et de deux autres à venir en moins d’une décennie, c’est trop. Qu’on donne la chance à d’autres librettistes ! »


    Sylvio Le Blanc









    [4] https://www.ledevoir.com/culture/musique/546273/l-opera-de-montreal-cultive-l-audace-d-un-champion


    Un des personnages importants de La beauté du monde (http://www.michelmarcbouchard.com/pieces-77.html) sera Rose Valland, une lesbienne (https://fr.wikipedia.org/wiki/Rose_Valland). L’homosexualité sera un volet important dans cet opéra. Par la voix de Valland, Michel Marc Bouchard fera ressortir que les nazis détestent les homosexuels, qu’ils veulent éliminer, comme les juifs. Il fera ressortir qu’à leurs yeux les œuvres d’art décadentes, contre-nature, étaient produites par des artistes homosexuels, désaxés, dégénérés, etc. Avec MMB, la cause homosexuelle est toujours prégnante. L’autre personnage important sera Jacques Jaujard (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Jaujard#Vie_priv%C3%A9e). L’un des aspects intéressants pour MMB concernant ce dernier, c’est qu’il a divorcé à une époque où cela était très mal vu (le divorce des hétéros, je ne sais exactement pourquoi, intéresse beaucoup les homos, comme si ceux-ci espéraient que ceux-là virent homos une fois divorcés) et qu’il a épousé une célèbre comédienne de… théâtre (la passion de MMB). J’ai vu un excellent documentaire à la télé sur cette affaire.






  • Sylvio Le Blanc Répondre

    1 septembre 2024

         Le 30 avril 2021, à quatre reprises, j’ai essayé de répondre à un commentaire de Nadia Alexan dans ledevoir.com à la suite d'une opinion écrite par Gérard Bouchard, sans succès. J’ai tenté d’adoucir mon propos au fur et à mesure des trois premiers refus, mais le modérateur a été impitoyable. Après le quatrième refus, il était trop tard. C’est de la censure.


    https://www.ledevoir.com/opinion/idees/599812/point-de-vue-refaire-le-lien-de-confiance-entre-majorite-et-minorites


    Sylvio Le Blanc - Abonné 30 avril 2021 09 h 49


         L'auteur pose la question : « N’est-il pas temps de prendre enfin au sérieux l’interculturalisme ? » Et si on revoyait en priorité notre politique d'immigration. Il faut se rendre à l'évidence : certains immigrés s'intègrent mieux que d'autres à notre société. Au lieu d'en tirer des conclusions, on continue à ne vouloir exclure personne. Et c'est comme ça que nous nous tirons une balle dans le pied. En outre, nous ne rendons pas service à ceux que nous savons qu'ils s'intégreront difficilement au Québec, à ceux que nous savons qu'ils s'intégreraient beaucoup mieux dans le Canada multiculturaliste.


     


    Nadia Alexan - Abonnée 30 avril 2021 11 h 03


         Au lieu d'écarter les immigrants comme vous le suggérer, monsieur Le Blanc, c'est mieux de les accueillir, mais avec des balises claires et nettes avant leur arrivée ici. Si vous voulez vivre au Québec, il faudrait que vous adhériez à notre langue et à nos valeurs. Nous devrons légiférer des lois contraignantes qui les obligent à respecter nos valeurs et nos mœurs.


    Les quatre commentaires refusés :


    2021-04-30 13:53:43               Vraiment pas d'accord Mme Nadia Alexan, Plusieurs immigrés sont prêts à mentir pour venir ici. Ils vont nous promettre mer et monde, et la première chose que vous apprenez, c'est que l'une porte le voile intégral sitôt installée et que l'autre déteste avec violence les homosexuels (j'ai connu un Camerounais dans ce dernier cas). Non merci. Refusé


    2021-04-30 16:57:05               Vraiment pas d'accord, Mme Nadia Alexan. Plusieurs immigrés sont prêts à mentir pour venir ici. Ils vont nous promettre mer et monde, et la première chose que vous apprenez, c'est que l'une porte le voile intégral sitôt installée et que l'autre déteste violemment les homosexuels. Non merci. Refusé


    2021-04-30 19:35:53               Vraiment pas d'accord, Mme Nadia Alexan. Plusieurs immigrés sont prêts à mentir pour venir ici. Ils vont nous promettre mer et monde, et la première chose que vous apprenez, c'est que l'une porte le voile intégral sitôt installée et que l'autre voit les homosexuels comme des pestiférés. Non merci. Refusé


    2021-04-30 23:20:11               Vraiment pas d'accord, Mme Nadia Alexan. Plusieurs immigrés sont prêts à mentir pour venir ici. L'une passe une entrevue sans voile, et la première chose que vous apprenez c'est qu'elle porte le voile intégral sitôt installée. Non merci. Refusé


    Sylvio Le Blanc


  • Sylvio Le Blanc Répondre

    1 septembre 2024

         Dans le Répertoire des membres de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (https://www.fpjq.org/fr/), on demande à chacun de détailler leurs secteurs d’activité privilégiés. L’un d’eux est : « Enjeux LGBTQ ». Ainsi, les éventuels employeurs savent à qui ils ont affaire.


         Je ne sais pas qui fait les embauches au journal Le Devoir, mais ça dérape sérieusement de ce côté. Par exemple, les deux derniers caricaturistes en poste [ne savait pas et ne sait pas] dessiner. C’est quand même incroyable. Du temps de Serge Chapleau, j’ouvrais systématiquement le journal à sa page. Il est fini ce temps béni.


    Sylvio Le Blanc


  • Sylvio Le Blanc Répondre

    30 août 2024

         Le critique de cinéma du Devoir écrit dans l'édition du 30 août ce qui suit, relativement au film français Dernière danse :


         « Certains passages semblent par ailleurs issus d’un autre temps, comme lorsque Germain est découvert en pleine répétition, chez lui, en compagnie de son jeune partenaire de danse : débarquée à l’improviste, sa petite-fille en conclut que « papy » est gai. Et, comme on le sait, qu’un hétéro soit pris pour un gai, c’est très drôle parce que… Parce que quoi, au fait ? Bref, de-ci, de-là, on est dans l’humour un brin ringard. » [1]


         Il nous défend de rire d'une pareille situation. Incroyable !


         Le critique Robert Lévesque (lui-même bisexuel) a déjà écrit que les minorités sexuelles devaient se faire discrètes (je ne me souviens plus des termes exacts, mais c'est ce que cela voulait dire). C'est ce que je pense moi aussi. Mais c'est tout le contraire qui se passe ces dernières années. Les minorités sexuelles se font voir et entendre comme jamais. Si elles pensent aider leur cause, ce faisant, elles se trompent.


    Sylvio Le Blanc


    [1] https://www.ledevoir.com/culture/cinema/818996/derniere-danse-veuf-presque-joyeux


  • François Champoux Répondre

    30 août 2024

    Il y a des informations à savoir et il y en a d’autres qui ne sont pas nécessaires de savoir : le problème est de faire la distinction entre les deux. Pour ce, il faut se demander individuellement l’importance de celles-ci dans mon quotidien et celui des personnes que j’ai à aimer.


    «Je sais que je ne sais pas», m’a enseigné Socrate dans ce souci de savoir. Quand je regarde où l’humanité se dirige avec ses nombreux savoirs, je me demande ce que nous avons appris de justes qui favorise l’humanité et son bonheur; n’avons-nous pas accordé trop d’importance à des insignifiances? Même celles de voyager dans le cosmos ou dans le futur.


    Depuis la numérisation des journaux, je dois confesser que je suis de plus en plus comme Socrate et que je dois dire comme lui : «je sais que je ne sais pas.» 


    Ce que je constate cependant, c’est la manipulation des journaux et réseaux sociaux sur ma capacité de juger et de respecter; cette manipulation me semble de plus en plus malsaine au lieu de favoriser la société et l’équilibre de celle-ci. Tout savoir nous mène-t-il au désastre?


    François Champoux, Trois-Rivières


  • Sylvio Le Blanc Répondre

    27 août 2024

    https://www.ledevoir.com/societe/755822/grand-format-en-photos-la-foire-d-ayer-s-cliff-dans-l-oeil-de-marie-france-coallier


    Je constate encore une fois que Marie-France Coallier a un parti pris pour les individus de sexe féminin. Ceux de sexe masculin qu’elle a photographiés, soit ils ont l’air con (ou ils sont flous), soit ils ont l’esprit bien « masculin » de compétition (photo no 7). Mme Coallier ne nous fait pas aimer les hommes (je ne suis pas homo).


    Sylvio Le Blanc


  • Sylvio Le Blanc Répondre

    27 août 2024

    Il est surprenant que la rédaction du Devoir laisse ses photographes traiter leur sujet comme des putes.


    Sylvio Le Blanc




    12 février | « La fille d’elle-même », premier roman d’autofiction francophone écrit par une femme trans au Québec, Gabrielle Boulianne-Tremblay, marque l’année littéraire. « Sans trop pousser », Marie-France Coallier réveille l’audace de l’autrice. « Je voulais dénuder une partie de son corps qui pourrait montrer un peu sa féminité tout en demeurant respectueuse. J’aurais pu très bien ne pas aller là du tout, mais j’ai eu l’instinct de le lui demander, sans vouloir la vexer, et elle a dit qu’elle était très ouverte à ça. » Cette photo est d’ailleurs la toute première image de Gabrielle Boulianne-Tremblay publiée dans un média. Marie-France Coallier Le Devoir




    https://www.ledevoir.com/societe/656760/photographie-en-photos-2021-dans-l-oeil-de-marie-france-coallier


    • Sylvio Le Blanc Répondre

      1 septembre 2024

      La photo montrant Gabrielle Boulianne-Tremblay est indécente et sexiste. Une photo que j’imagine bien cadrer dans un autre journal connu et plus populaire auprès des masses.
      Si l’auteure trans avait été laide, l’idée n’aurait même pas effleuré la photographe, mais parce qu’elle ne ressemble pas à Safia Nolin, c’est vendeur. Son visage carré d’homme aura attiré la photographe.
      La photographe a déclaré : « Je voulais dénuder une partie de son corps qui pourrait montrer un peu sa féminité tout en demeurant respectueuse. » Quelle connerie ! Pourquoi ne pas avoir fait ça avec Marie-Claire Blais, lesbienne, avant qu’elle ne rende l’âme ? Ou encore Michel Tremblay, homosexuel ? Les deux ont une part de féminité en eux. Mme Boulianne-Tremblay n’a pas à « montrer un peu sa féminité », elle a changé de sexe, grand dieu.
      La sobriété aurait dû être de mise. Je doute qu’un écrivain, même bellâtre, aurait accepté une telle proposition.
      Sylvio Le Blanc

  • Sylvio Le Blanc Répondre

    27 août 2024


    La journaliste du Devoir oublie à escient la signification première de cet anneau : un anus. L'architecte paysagiste Claude Cormier nous a tous bien en... tubés avec son chant du cygne.


    Sylvio Le Blanc


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    Un anneau gigantesque surplombera l’esplanade de la Place Ville-Marie




    C’est un anneau suspendu de 50 000 livres (soit environ 22 tonnes), signé Claude Cormier et associés, qui couronnera les travaux de l’esplanade de la Place Ville Marie, lancés en 2017 par Ivanhoé Cambridge, propriétaire de l’immeuble.


    L’anneau d’acier inoxydable, de 30 mètres de diamètre, occupera l’espace contenu entre les adresses 3 et 4 de la Place Ville Marie. Le tout sera illuminé en soirée à partir de l’automne.


    L’équipe d’Ivanhoé Cambridge annonce d’ailleurs que l’esplanade accueillera des spectacles cet été.


    L’anneau de l’esplanade de la Place Ville Marie se veut une porte d’entrée sur le centre-ville. Son concepteur, Claude Cormier, aime l’inscrire dans une série de repères marquants dans l’histoire de Montréal, avec les vues qu’il encadre sur le parc du Mont-Royal et sur l’hôpital Royal Victoria, ainsi que sur l’avenue McGill College, qui vient d’être redessinée et qui sera piétonne.


    « On a décidé de créer une lentille pour permettre de voir et mettre en valeur la perspective visuelle », dit Claude Cormier, à qui l’on doit notamment 18 nuances de gai, l’enfilade de boules colorées suspendues au-dessus de la rue Sainte-Catherine.


    Vœux de continuité et d’accessibilité


    L’anneau sera donc suspendu au-dessus de l’escalier, qui avait d’ailleurs été planifié au moment de la création de la Place Ville Marie, mais qui n’avait jamais été construit. « Cette ouverture était prévue dans le plan », poursuit Claude Cormier. L’escalier complétera ainsi le geste amorcé dans les années 1960.


    Malgré les effets de la pandémie sur la fréquentation du centre-ville, Ivanhoé Cambridge souhaite ouvrir ces espaces à l’ensemble de la population, et non seulement aux personnes qui travaillent à la Place Ville Marie. L’investisseur souhaite aussi faire de ces lieux de travail un site « essentiel et pertinent ». « On s’est demandé comment faire pour que les bureaux soient intéressants, pas seulement pour les locataires, mais pour les employés qui y travaillent », dit Annik Desmarteau, vice-présidente bureaux au Québec chez Ivanhoé Cambridge.


    L’installation de cet anneau final arrive au moment où la Place Ville Marie célèbre son 60e anniversaire.



  • Sylvio Le Blanc Répondre

    27 août 2024


    Montréal, le 23 juin 2020


    Le tâcheron Joel Schumacher et Le Devoir


    Le critique de cinéma François Lévesque a du temps à perdre. Écrire un si long papier (voir plus bas), sur un cinéaste aussi moyen que Joel Schumacher, décédé le 22 juin, cela dépasse l’entendement.


    Mediafilm a coté ses 25 films : pas un n’a obtenu les cotes 3 (très bon), 2 (remarquable) ou 1 (chef-d’œuvre). En revanche, 14 de ses films ont obtenu les cotes 5 (moyen) ou 6 (médiocre). Je suis porté à penser que la seule raison pour laquelle M. Lévesque a écrit un tel texte sur Schumacher, c’est que celui-ci était homosexuel. C’est ce qu’on appelle soutenir une cause. M. Lévesque serait donc un journaliste doublé d’un militant. Ce n’est pas la première fois que les textes de ce dernier me font sursauter.


    Quand je pense que Le Devoir n’a même pas souligné la mort du grand cinéaste grec Michael Cacoyannis, disparu en 2011. M. Lévesque aurait pu le faire, lui qui est en poste depuis 2008.


    Sylvio Le Blanc


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    Décès du réalisateur Joel Schumacher




    Pendant une bonne partie des années 1980 et 1990, Joel Schumacher fut non seulement l’un des « réalisateurs à tout faire » les plus occupés d’Hollywood, mais aussi l’un de ceux qui y réussirent le mieux. Aux yeux du public, à tout le moins. En effet, le cinéaste décédé le 22 juin à 80 ans des suites d’un cancer n’était guère apprécié des critiques. Il reste que l’évocation de nombre de ses films ne manque pas de susciter des souvenirs émus auprès des générations ayant grandi auxdites époques. Du sentimental à l’horreur, St. Elmo’s Fire et The Lost Boys sont emblématiques d’une filmographie hétéroclite.


    C’est que le cinéma, Joel Schumacher l’aima toujours dans toute sa diversité. Il vint au monde à New York, en 1939. Au magazine Vulture, il déclara à ce propos en 2019 :


    « Je n’ai pas grandi avec Dieu et du tapis mur-à-mur, le standard de la classe moyenne. Si vous étiez un enfant unique, que votre père était mort et que votre mère travaillait six jours semaine et trois soirs semaine, vous étiez libre. J’étais seul. Et la rue a été mon école. »


    La rue, et le cinéma sis juste derrière chez lui. « J’ai toujours été une personne visuelle, alors j’habitais dans ce cinéma », confia-t-il à la BBC. Mais en dépit d’une passion précoce pour le septième art, Joel Schumacher s’orienta d’abord dans le domaine de la mode. À la Parson School of Design, il rafla tous les prix : encore étudiant, il habillait la vitrine de la boutique Henri Bendel, longtemps un des joyaux de la Grosse Pomme.


    Puis, l’appel du cinéma se fit pressant, et c’est par l’entremise de la mode que Joel Schumacher y perça. En effet, Woody Allen lui confia la création des costumes de sa comédie de science-fiction Sleeper, en 1973. Schumacher écrivit ensuite divers scénarios (SparkleCar WashThe Wiz) avant qu’enfin, on lui confie sa première réalisation : The Incredible Shrinking Woman (1981), comédie fantaisiste où Lily Tomlin se met à rapetisser. Ce fut une production difficile, et Joel Schumacher faillit retourner à la mode.


    Or, en ce qui devait devenir un cas de figure récurrent, le film fut un succès populaire malgré un accueil critique tiède. Après le plus confidentiel D.C. Cab (1983), une comédie d’action avec Mister T., vint le film qui changea la donne pour le réalisateur : St. Elmo’s Fire (1985). Aucun studio ne voulait de ce projet sur de jeunes adultes qui se cherchent après l’université.


    Sur la recommandation de John Hughes, qui venait de les diriger dans Breakfast Club, alors en montage, Ally Sheedy, Emilio Estevez et Judd Nelson furent embauchés. S’ajoutèrent les Demi Moore, Rob Lowe, Anthony McCarthy, Andie MacDowell…


    Le surnom « Brat Pack », en référence au « Rat Pack » de Sinatra, Crosby et compagnie, en vint à désigner les membres de la distribution des deux films, qui cartonnèrent. Contrairement à Breakfast Club toutefois, St. Elmo’s Fire fut éviscéré par la critique : Schumacher le tâcheron qui confond forme et fond.


    Grasses recettes à nouveau et réception plus clémente pour The Lost Boys (1987), dans lequel un adolescent (Corey Haim) découvre que son grand frère (Jason Patric) se transforme en vampire après s’être acoquiné à une bande de délinquants aux canines pointues.


    Rythme effréné


    S’ensuivit un rythme professionnel effréné. Alors la star la plus populaire de la planète, Julia Roberts tourna coup sur coup avec Joel Schumacher Flatliners (1990), sur des étudiants en médecine qui jouent avec la mort, et Dying Young (1991), ou l’amour entre une jeune femme pauvre et un riche mourant. Mauvaises critiques et gros revenus, bis.


    Durant cette période parut également Falling Down (1993), un thriller psychologique dans lequel Michael Douglas interprète un homme qui craque. Pour une rare fois, la critique aima, mais le public, moins. En alternance, Schumacher réalisa deux adaptations de best-sellers de John Grisham et deux Batman.


    Si les thrillers juridiques The Client, avec Susan Sarandon, et A Time to Kill, avec Sandra Bullock, firent bonne figure, Batman Forever, avec Val Kilmer, et surtout Batman and Robin, avec George Clooney, furent esquintés à raison.


    Fin des superproductions, mais pas des vedettes, qui adoraient Schumacher et continuèrent d’affluer aux génériques de films inégaux. Du lot se distinguent Tigerland et Phone Booth, drame de guerre et thriller d’un minimalisme étonnant, tous deux avec Colin Farrell.


    Pour la petite histoire, Joel Schumacher fut l’un des très rares cinéastes de sa génération à afficher son homosexualité sa carrière durant. Quant à ses films, il affirma à Vulture les avoir faits pour le public, uniquement.


    « Il y a des années lorsque je tournais en Angleterre, il y avait une exposition à la National Gallery de [James McNeill] Whistler et [John Singer] Sargent. Tant Whistler que Sargent étaient détestés des critiques, et ils ont fait quelque chose de brillant. Juste à côté sur le mur, encadrées près des tableaux, étaient accrochées ces critiques horribles. Qui se souvient de ces critiques ? »




  • Sylvio Le Blanc Répondre

    27 août 2024


    «Starmania», un astre noir éblouissant




    Déposée ces jours-ci sur la scène de la Place Bell, la recréation de Starmania par Thomas Jolly est un diamant noir qui brille de mille feux. Quarante-cinq ans après sa naissance dans la Ville Lumière, le chef-d’oeuvre prophétique de Luc Plamondon et Michel Berger connaît, grâce à l’un des metteurs en scène les plus inspirés de sa génération, directeur artistique de la renversante cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, ce qui pourrait bien être la relecture la plus émouvante, la plus intemporelle, la plus cohérente et la plus viscérale jamais réalisée. Depuis le début de sa course en 2023, la production a été vue en France, en Suisse et en Belgique par un million de spectateurs.


    Dès l’ouverture, lorsqu’apparaissent peu à peu dans une tour immense les protagonistes de l’histoire qu’on s’apprête à nous raconter, des êtres humains dont les heures sont comptées, on retrouve avec un grand bonheur l’esthétique immédiatement reconnaissable que Jolly forge depuis une décennie, notamment en dirigeant des marathons shakespeariens autour d’Henri VI et de Richard III. Dans la scénographie angulaire d’Emmanuelle Favre, dans les costumes sensuels de Nicolas Ghesquière, dans les maquillages iridescents de Caroline Bitu… on trouve partout des preuves du goût irréprochable du metteur en scène.


    Les éclairages de Thomas Dechandon jouent un rôle crucial dans la fabuleuse dystopie que Jolly a orchestrée. D’abord parce que les effets créés par les multiples projecteurs, souvent en synergie avec les vidéos de Guillaume Cottet, composent des tableaux saisissants, des sculptures lumineuses qui sortent du cadre de la scène et coupent le souffle, mais également parce que la lumière est ici pourvue d’une nature pulsatoire, comme s’il s’agissait d’une respiration, de la manifestation d’un organisme vivant. Pas de doute, cette conception d’éclairage aussi belle que complexe, aussi délicate que technique, constituera dorénavant un standard, un idéal à atteindre.


    Photo: Anthony DorfmannLes éclairages de Thomas Dechandon jouent un rôle crucial dans le spectacle.


    Donnant naissance à un alliage unique de gravité et de fantaisie, à une esthétique gothique en même temps que futuriste, à la fois expressionniste et spatiale, réaliste et virtuelle, tout cela sans même jamais flirter avec le gadget, sans jamais sombrer dans l’esbroufe, les créateurs nous entraînent en un claquement de doigts des souterrains labyrinthiques aux sommets vertigineux, de l’Underground Café tout en clair-obscur au rutilant Naziland. Au passage, le metteur en scène ne se gêne surtout pas pour évoquer le cinéma de Lang et de Murnau, mais aussi Orange mécanique de Kubrick ou encore les vidéoclips de Woodkid.


    Choix audacieux


    D’un point de vue dramaturgique, Thomas Jolly a fait des choix audacieux, d’abord en donnant une place centrale aux interventions de Roger Roger, le lecteur de nouvelles à qui il a prêté sa voix. Cette narration, qui évoque les générateurs vocaux de l’intelligence artificielle, sert de fil rouge à des endroits où l’oeuvre, surtout dans le deuxième acte, en a bien besoin. Le metteur en scène a aussi changé l’ordre des chansons et ressuscité le Gourou Marabout, un personnage qui était passé à la trappe depuis longtemps. Ce choix ne fera certainement pas l’unanimité, mais il a l’avantage de donner à Zéro Janvier un adversaire écologiste, sensualiste et un brin conspirationniste, un opposant qui élargit la palette des enjeux de société abordés par le spectacle tout en nous permettant de découvrir une vraie bombe, Malaïka Lacy, qui incarne le rôle en alternance avec Simon Geoffroy.


    À moins d’être assis dans les premiers rangs, il n’est pas possible d’apprécier pleinement le jeu des interprètes. Leurs aptitudes vocales, elles, par contre, font fi des distances. Alors que David Latulippe (Zéro Janvier), William Cloutier (Johnny Rockfort), Gabrielle Lapointe (Cristal) et Miriam Baghdassarian (Sadia) nous offrent les notes les plus impressionnantes de la soirée, Maag (Stella Spotlight), Adrien Fruit (Ziggy) et Alex Montembault (Marie-Jeanne, en alternance avec Heidi Jutras) jouent de délicatesse, avec des interprétations qui mettent en valeur certains des arrangements les plus originaux de Victor le Masne (vivement l’album !).


    Dans ce spectacle de trois heures, les chorégraphies de Sidi Larbi Cherkaoui injectent d’irrésistibles doses d’adrénaline. Certains tableaux, comme Enfant de la pollution et Ce soir on danse au Naziland, soulèvent fortement la foule. En guise de contrepoint, d’autres moments témoignent de la plus grande minutie, en s’appuyant sur une théâtralité aussi simple qu’efficace. Il en va ainsi du numéro final : dans ce qui est certainement l’une des plus bouleversantes évocations scéniques du 11 septembre 2001, Marie-Jeanne, seule survivante, chante Le monde est stone dans un nuage de poussière et de papiers calcinés. Cette image, elle s’imprime en nous à jamais.



    Starmania


    À la Place Bell, à Laval, jusqu’au 17 août




    Starmania: nous sommes Marie-Jeanne



    Elle n’a pas demandé à venir au monde, nous dit Marie-Jeanne au début du premier acte de Starmania. « Qu’est-ce que j’vais faire aujourd’hui ? / Qu’est-ce que j’vais faire demain ? / C’est c’que j’me dis tous les matins », chante encore le personnage le plus important de l’opéra rock de Luc Plamondon et Michel Berger. « Je pense que c’est un des personnages les plus humains de l’histoire, et c’est pour ça que ses chansons ont eu une telle portée. Quand on les écoute, on accroche à ce qu’elles racontent », indique Alex Montembault, qui, après le triomphe parisien de l’an dernier, reprendra son rôle à la Place Bell le 6 août. Regards croisés avec trois interprètes du personnage clé de Starmania.


    « C’est sûr que Marie-Jeanne est le personnage le plus important de Starmania », assure Louise Forestier, qui l’a interprétée lors de la première production au Québec de l’oeuvre, à l’ancien théâtre Comédie nationale, rue Sainte-Catherine, en 1980. « C’est le rôle auquel le public s’identifie tout de suite, et ça, c’est magique ! »


    « Il y a dans Marie-Jeanne quelqu’un de complètement innocent — dans le bon sens du mot ! poursuit Forestier. C’est quelqu’un d’un peu perdu, qui tombe toujours en amour avec les mauvais gars », en l’occurrence Ziggy, ce « garçon pas comme les autres », chantera-t-elle aussi. « C’est un peu une victime, et ben du monde s’identifie à ça. Elle capte toutes les émotions autour d’elle, mais elle est naïve. »


    Pour Fabienne Thibeault, qui a mis le personnage au monde, sur disque en 1978 et sur scène l’année suivante au Palais des congrès de Paris, elle est « une enfant-fleur, une jeune femme qui ressemblait au monde qu’elle a connu avant. Un personnage qui rêve d’idéal et d’un monde à refaire et qui témoigne de tout ce qui se passe dans cet Underground Café, où elle travaille, et des répercussions dans les hautes sphères de Monopolis », la capitale de l’Occident, prise entre les élans despotiques du milliardaire et aspirant président Zéro Janvier et la révolte des Étoiles noires, bande dirigée par Johnny Rockfort et Sadia.


    Au fil des productions, Marie Carmen, Maurane, Luce Dufault, Isabelle Boulay et Lulu Hughes ont aussi servi les clients de l’Underground Café, gardant les yeux rivés au téléviseur sur lequel sont diffusées les infos du jour et l’émission Starmania, animée par Cristal, sorte de Star Académie avant son temps, à laquelle Ziggy rêve de participer. Ainsi, Marie-Jeanne tient, en ce sens, le rôle du choeur antique dans la tragédie grecque, à la fois témoin et narratrice, s’adressant parfois directement à l’auditoire.


    La Marie-Jeanne d’Alex


    Le metteur en scène Thomas Jolly a confié ce rôle à Alex Montembault, 25 ans, auteur-compositeur-interprète préparant aujourd’hui son tout premier album. « J’ai cru comprendre qu’on me l’a offert pour ma simplicité de jeu et de chant », raconte Alex, qui n’avait aucune expérience préalable en théâtre musical.


    « La production cherchait quelqu’un qui chante sobrement pour porter au mieux le message de Marie-Jeanne, lequel détonne avec celui des autres personnages, hauts en couleur, féroces et sombres. Plus posée, elle explique au public ce qui se déroule. Dans ce spectacle intense, sonore et vocal, le personnage apporte un peu d’équilibre. »


    Comme pour Fabienne Thibeault il y a plus d’une quarantaine d’années, Marie-Jeanne a apporté la consécration à Alex, sacré révélation masculine de l’année lors de la cérémonie des Trophées de la comédie musicale de juin 2023, à Paris (Montembault est non binaire et emploie les pronoms masculins).


    Le talent d’Alex ne fait plus de doute, mais comme Thibeault, l’interprète a aussi le privilège d’incarner un des personnages les mieux servis par les chansons de Berger et Plamondon : MonopolisComplainte de la serveuse automateUn garçon pas comme les autresLes uns contre les autres, tous des classiques de la chanson populaire francophone. « Si je peux me permettre, je ne suis pas certaine que c’était volontaire, à l’origine », affirme Fabienne Thibeault, qui a connu de l’intérieur la création de Starmania. « Je pense sans prétention que Marie-Jeanne est devenue le personnage principal peut-être grâce à la manière dont j’ai donné corps à ses chansons, puis à comment le public les a accueillies. »


    Les immortelles


    Selon Fabienne Thibeault, Marie-Jeanne n’était pas, au départ, un personnage principal : plusieurs de ses chansons étaient destinées à d’autres — comme Les uns contre les autres, écrite pour le personnage de l’actrice vieillissante Stella Spotlight, interprétée par Diane Dufresne, « mais la chanson ne l’intéressait pas, alors j’ai proposé de la faire », le dernier jour de l’enregistrement. Claude Dubois, débarquant en fin de soirée pour inviter les amis à aller faire un tour à l’Élysée-Matignon, boîte disco en vogue à l’époque, proposa d’improviser des vocalises sur la chanson, désormais assurée d’être sur l’album.


    « Ah ! lâche Forestier en sursautant. Les uns contre les autres, c’est de la philosophie ! C’est une prière, c’est extraordinaire, d’une fantastique simplicité ! J’avais un amour profond pour cette chanson. Et Complainte de la serveuse automate, cette description qu’elle fait d’elle-même. Et la musique ! Chanter ça, c’était jamais plate. » Alex a pour sa part beaucoup d’affection pour Le monde est stone, « une des plus mythiques. Elle clôt l’histoire en résumant bien tout ce qu’on a entendu avant. Musicalement, elle possède tous les codes de la musique de Michel Berger, ses enchaînements harmoniques ».


    Les chansons ont traversé le temps, mais qu’en est-il du récit ? « Je trouve qu’il y a ben des affaires qui passent encore aujourd’hui, affirme Louise Forestier. Je ne sais pas si ça a à voir avec son enfance à Saint-Raymond, mais Luc [Plamondon] a toujours eu dans sa création un regard sur le petit, l’abandonné. Sa sensibilité sociale est encore forte, parce que c’est ça, pour moi, Starmania : la lutte des classes, les ultrariches et les laissés-pour-compte. Et la révolte. »


    « Je trouve que l’histoire de Starmania a malheureusement bien vieilli, confirme aussi Alex Montembault. Tout ce qui y est énoncé, ou dénoncé, est toujours d’actualité. Zéro Janvier, par exemple, le dictateur par excellence, nous fait tout de suite penser à des personnages politiques que je n’ai pas besoin de nommer. L’émission Starmania, comme les télécrochets d’aujourd’hui. L’effondrement de la plus haute tour de l’Occident. Les nombreuses questions d’identité de genre qu’on y aborde et qui sont hyperactuelles. En fait, Plamondon était précurseur de quelque chose et avait en même temps l’impression de raconter quelque chose de son temps. »



    Starmania


    Mise en scène de Thomas Jolly. À la Place Bell, à Laval, du 6 au 18 août.