Plusieurs dans l’Ouest canadien digèrent mal la hausse de la péréquation que reçoit le Québec, annoncée quelques jours à peine après que François Legault s’est opposé au pétrole.
« [La colère], c’est le sentiment qu’on a sur place [dans l’Ouest]. C’était prévisible. À partir du moment où M. Legault, surtout, a parlé de pétrole “sale” vendredi dernier. Ça, ce n’était pas de nature à faire baisser la tension, au contraire. Ça l’exacerbe », explique le politologue Frédéric Boily de l’Université de l’Alberta.
Plusieurs provinces rêvent de remettre sur les rails le projet d’oléoduc Énergie Est qui devait traverser le Québec vers le Nouveau-Brunswick. Le premier ministre québécois a toutefois émis une fin de non-recevoir vendredi.
« J’ai été très, très clair. Il n’y a aucune acceptabilité sociale au Québec pour avoir un oléoduc qui passerait sur son territoire, a affirmé M. Legault après la réunion des premiers ministres canadiens à Montréal. Moi, c’est de l’énergie propre [l’hydroélectricité], eux, c’est sale. »
L’insulte à l’injure
Quelque 48 heures plus tard, le fédéral annonçait dimanche la distribution des paiements de péréquations pour 2019-2020, un programme fédéral pour redistribuer les revenus fiscaux entre les provinces.
Le Québec touchera 13,1 milliards $, soit 1,4 G$ de plus que l’année précédente. Il s’agit de la part du lion d’une enveloppe qui totalise près de 20 G$. L’Alberta, dont l’industrie pétrolière est secouée par de graves difficultés, n’aura rien.
C’est ajouter l’insulte à l’injure, pour certains.
« Clairement, il [M. Legault] ne comprend pas ce qui se passe dans le secteur de l’énergie en Alberta », a lancé lundi Joe Ceci, ministre albertain des Finances qui réclame une révision de la péréquation.
Le chef de l’opposition en Alberta, Jason Kenney, a aussi dénoncé la situation dans une déclaration sur Facebook.
« C’est incroyable. Québec va recevoir 1,5 G$ de plus en péréquation au moment même où il annonce qu’il tentera de bloquer la relance de l’oléoduc Énergie Est. »
« Il faut que ça change », a écrit pour sa part le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe.
S’estimant floués, des Canadiens de l’Ouest ont craché leur venin sur les réseaux sociaux. Certains se sont dits « en colère ». D’autres ont appelé à ce que le Québec quitte la fédération.
« Si le Québec est contre les oléoducs, les Québécois ne devraient pas toucher de péréquation. S’ils sont pour s’opposer à l’économie canadienne, ils ne doivent pas profiter de cette économie », écrit Brad Douglas Brown.
« L’Alberta s’en va vers la faillite ! Les Albertains ont faim. Plus de paiements de péréquation tant que les Québécois ne supporteront pas le pétrole qui les nourrit ! » ajoute Dana Anderson.
La tension était aussi palpable lundi à Ottawa où se rencontraient les ministres des Finances du pays. Plusieurs ont réclamé qu’on revoie la méthode de calcul de la péréquation.
– Avec TVA Nouvelles