Les mérites de l'âge ?

Tribune libre

Permettez-moi une petite entorse à ma suspension temporaire d’écriture-vigile. C’est dimanche, je relâche! Et non! le titre n’a pas le sens que l’on pourrait lui prêter au premier coup d’oeil! Bien au contraire.
Un petit test: que celui ou celle qui considère avoir quelque mérite dans le fait d’avoir un âge plutôt qu’un autre se lève avec superbe dans son salon. Bon. Si l'une ou l'autre s'est levéE, s’octroyant ainsi un quelconque mérite d’avoir 18 ans, 25 ans, 38 ans, 50 ans, 75 ans... c’est qu’il y a quelque chose que cette personne n’a pas encore saisi dans les mystères de la vie. Ça viendra et le plus tôt sera le mieux. Mais, en bref : chacunE de nous naît avec plus ou moins neuf mois d’un vécu utérin qui présente encore bien des inconnues, malgré les prétentions de la science médicale. Ensuite, les années se déroulent l’une après l’autre pour chacunE et leur accumulation se termine un jour après plus ou moins de mois ou d’années d'un temps (compté?) qui passe de plus en plus vite. Et le long de ce parcours, on fait quantité de bons et de mauvais coups. À tout âge. Alors...
J’en parle parce que je remarque que, depuis quelque temps, on peut être témoin ici, à la lecture, en plus de la division entre les factions se voulant ou se disant indépendantistes, que certainEs des intervenantEs semblent de plus avoir un penchant pour une espèce de ghettorisation générationnelle et parfois sexiste. En voici quelques échantillons :
Christian Bergevin : "Avec un prénom comme Robert je présume que vous avez plus de 20 ans n’est-ce pas ? Parce que ce serait la seule excuse pour être aussi naïf que vous l’êtes de croire que des référendums sectoriels vont relancer la souveraineté, au contraire, c’est la garantie qu’on ne l’aura JAMAIS."
Frédéric Picard : "Vous comprendrez donc le peu d’attrait pour les nouvelles génération (sic) pour la masturbation collective dans ces clubs de l’age d’Or péquistes et bloquistes."
O! (Canada?) : "En attendant, les 2 dames causent toujours...".
Et il y en a quelques unes comme ça. On a questionné le grand âge de Pauline Marois (59 ans) alors qu’on verrait d’un bon œil le retour de Jacques Parizeau... (?) On suggère, après lui avoir reproché d’en avoir, qu’à son âge, certains gestes manqueraient d’élégance (a-t-on déjà relevé les défauts d’élégance de ses prédécesseurs?...).
Et, bien sûr, bien sûr, il y a les plus âgéEs qui trouvent parfois que les jeunes ne sont pas, ne font pas, ...ne...ne ...ne...
Alors, je répondais à Monsieur Picard, puisqu’il avait écrit le commentaire cité plus haut sous l’un de mes textes (Lettre à Andrée Ferretti) : "Avec tout le respect que j’ai pour vos efforts et votre sueur, je me permets quand même de souhaiter que vous en manifestiez un peu pour ceux qui en ont dépensé avant vous. Fussent-ils péquistes ou bloquistes ! Dépendant de la façon dont vous comptez « faire » l’indépendance du Québec, vous aurez sans doute besoin de nous tous". À moins que...
Et à Monsieur O, j’aimerais rappeler qu’il n’y a surtout pas que des femmes qui causent ici... Et que causer ne s’oppose pas nécessairement à agir; il en est sans doute lui-même un exemple? Quant à ce "O! Canada!", c’est de l’humour, Monsieur O, vous qui dites l'apprécier! Je n’ai pu y résister!
On aura sans doute envie de me répondre que les fossés de générations, c’est aussi ça la vie et c’est à certains égards vrai. Et même parfois souhaitable. Mais la conscience - dans le sens de capacité à voir - c’est aussi ça la vie, un petit effort supplémentaire de vie. Alors, comme je le disais à Monsieur Picard, pour ceux/celles qui veulent vraiment l’indépendance de notre peuple - sans pour autant travailler à la prendre de force en se foutant de ceux qui ne les suivent pas, en leur imposant des valeurs, substituant ainsi une domination à une autre - à ceux donc qui veulent un peuple libéré librement, j’ai envie de répéter qu’ils ne sauraient y arriver sans l’accord et l'apport de toutes les générations, des deux sexes et de toutes les sortes de citoyenNNEs. Donc, il est plus rentable pour ce faire de choisir le respect et la collaboration plutôt que le mépris et la ghettorisation. Et il est utile de se rappeler souvent que personne n’a quelque mérite que ce soit à avoir un âge plutôt qu’un autre, un sexe plutôt qu’un autre ou une couleur de peau plutôt qu’une autre. Le croire révèle un orgueil, une naïveté ou une limite de lucidité - pour ne pas dire d'intelligence - certainE.


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2 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    31 mai 2009

    Mme Hébert,
    C'est tout à votre honneur de nous prévenir contre le risque de dérapage vers l'âgisme. Vous m'avez laissé une note quelque part au sujet de mes appréciations d'une jeunesse dynamique à la parade du 24 mai. J'ai bien sûr insisté sur ce groupe parce que depuis longtemps nous les pointons du doigt comme facteur déterminant dans notre incapacité à obtenir le nombre critique de voteurs pour l'indépendance du Québec. J'ai même insisté auprès de Monsieur I qui continue à ne pas voir que ce n'est plus le cas: Les jeunes se manifestent enfin! Bon il y en a déjà dans plusieurs autres mouvements (RRQ, JPQ et chez les partis reconnus) mais là, nous sommes en présence d'un phonomène neuf: les non partisans, qui vont exactement dans ce sens qui nous préoccupe tous ici, rassembler tous les indépendantistes pour chasser Ottawa au vote démocratique...
    Ceci fait le lien avec Mme Ferretti, qui écarte cette voie, pour des méthodes révolutionnaires... Alors, Mme Hébert, pardonnez-moi de vous avoir associée à la Dame de Brigham, tout en vous opposant, dans la même phrase. C'est Monsieur I qui me l'a servie sur un plateau avec son titre: "pensée profonde pour ces 2 dames". Ça me donnait une jolie conclusion: les 2 dames causent toujours (Monsieur,I, et ce n'est pas pour nous déplaire) l'une pour approcher Mme Marois, l'autre pour la répudier... M. Sauvé n'appréciera pas ma rhétorique de dimanche après-midi... mais je m'habitue à son vocabulaire:(Ottawa ou Bay Street au lieu de Canada: il nous cultive en géopolitique.) O (diable l'occupant sur nos Plaines)

  • Gaston Boivin Répondre

    31 mai 2009

    Bien dit, madame Hébert: C'est à se demander parfois si ces querelleurs du bon âge réalisent, peu importe où il le situe, qu'ils ont déja eu ou auront cet autre âge non idéalisé par eux, sans que le tout ne les ait rendus ou ne les rende éventuellement imbéciles ou déraisonnables pour autant et n'attaque par ailleurs, de ce fait, la justesse ou non de leurs propos, ceci dit sans remettre en question qu'on puisse généralement être plus impétueux à un âge et plus expérimenté à un autre.