«Les géants du web vous volent»

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Pendant que la classe moyenne se serre la ceinture, les GAFA font de l'évitement fiscal


 Le gouvernement Trudeau doit cesser de se réfugier derrière de faux prétextes et forcer les géants du web comme Google et Netflix à payer les mêmes taxes et impôts que les autres entreprises, affirme le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz. 


 « Les géants du web vous volent ! », lâche en entrevue avec Le Journal l’éminent économiste. « C’est peut-être explicite, mais c’est la réalité. [Les gouvernements] ont besoin de ces recettes fiscales d’entreprises. » 


 M. Stiglitz a reçu le prix Nobel de l’économie en 2001. Il était de passage à l’Université de Montréal pour recevoir le prix Anthony-Atkinson pour l’égalité. Or, cette égalité passe notamment par les taxes et l’impôt, dit-il. 


 « Pour Netflix ou Uber, faire son entrée au Canada a coûté à peu près zéro dollar. Cela signifie qu’on devrait les taxer à un taux très élevé. Ils ne vont pas partir si on se met à exiger qu’ils payent des impôts, ils ont plus à perdre [en partant] que vous. » 



 

 


 «Uber veut partir ? Qu’il parte, des compagnies canadiennes vont offrir le même service et on pourra les taxer.» –Le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz  


 En France, un projet de loi est actuellement à l’étude afin de taxer les géants du web à hauteur de 3 % du chiffre d’affaires réalisé, notamment sur la publicité et la vente de données. L’Union européenne cherche aussi à faire de même. 


 Le Canada doit leur emboîter le pas, croit M. Stiglitz, dont le dernier essai, People, Power and Profits, explique comment quelques entreprises ont fini par dominer des secteurs entiers de l’économie et contribuer ainsi à aggraver les inégalités. 


 Exiger l’impôt est surtout une question d’équité, dit-il. Tous les citoyens en paient. La plupart des entreprises aussi. Les géants numériques y échappent en raison de lois fiscales obsolètes qui ne tiennent pas compte des nouvelles technologies. 


 En France, ce manque à gagner s’élèverait à 400 millions d’euros (602 millions $). Ottawa affirme ne pas avoir de données à ce sujet. 


 « Le Canada doit dire : “Si vous voulez faire affaire ici, voici les taxes que vous devez payer. Ce sont les mêmes que payent nos entreprises”. Dans un contexte de concurrence entre sociétés, les entreprises [étrangères] vont venir », notamment parce qu’elles souhaitent mettre la main sur les renseignements personnels numériques des Canadiens, des données qu’elles sont ensuite en mesure de vendre à grand prix, selon M. Stiglitz.