Je sais que vous êtes assez « laïc » et je crois me souvenir que vous
pensez que tous les gens au Québec devraient passer par la moulinette des
programmes concoctés par des fonctionnaires du Québec (beau monopole
médiocre).
Je pense pour ma part que la laïcité, le féminisme et l'hédonisme ambiant
sont en fait à la base de l'effondrement de la natalité québécoise (qu'on
n'observe pas aux États-Unis même chez les "Blancs"), effondrement
démographique qui est le plus sûr moyen de ne jamais avoir un pays appelé
Québec.
J'avais arrêté de contribuer à votre financement quand je vous avais vu
défendre un laïcisme que je trouve rigide et contreproductif.
J'en veux pour preuve cette histoire de Roxton Falls, où le Québec va
encore se distinguer en mal : chasser de pacifistes et bons citoyens,
chrétiens (sans doute un tort dans le Québec qui fantasme toujours sur la
Grande Noirceur), avec des nombreux enfants, qui apprennent le français,
installés au Canada depuis quasi deux siècles pour cette branche, plus pour
d'autres, qui ne connaissent ni chômage, ni crime, mais fondent des
entreprises et reprennent des fermes et tout cela parce que des
fonctionnaires veulent leur interdire ce qui leur est permis partout
ailleurs en Amérique du Nord: avoir leurs écoles religieuses.
Je doute que vous publierez ce mot, mais il explique assez bien mon dépit
et l'impossibilité pour moi de soutenir certains souverainistes québécois
qui font nettement plus de tort que de bien au Québec, Québec que
j'aimerais voir plus français, plus jeune et plus souverain.
P. A.
Je précise que je ne fais pas partie de cette église,
mais le dogmatisme idiot des fonctionnaires me révolte
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
----
(Je suis marié à une mennonite et l'auteur de : http://familleandries.iquebec.com/nietzsche_avait_raison.htm)
Quelques annotations rapides à votre page sur les Mennonites...
1 La doctrine
> Les mennonites vivent en collectivités ou communautés autonomes;
Remarque générale : il existe plein de types de Mennonites, dont certains ne vivent pas du tout en collectivité autonome (les plus progressistes vivent en ville et sont même ministre du gouvernement!).
> ils ne voyagent pas, sauf en groupe et pour aller visiter d'autres groupes religieux traditionalistes
Ceci est faux même pour des groupes très conservateurs comme les "Holdemans", peut-être que dans **certains**, cas rares, ceci est vrai. Mais il ne faut vraiment pas généraliser la chose.
>. Bien que celles-ci aient toutes en commun l'idéal d'une communauté religieuse fondée sur l'enseignement du Nouveau Testament, elles demeurent libres d'être plus ou moins conservatrices et de choisir >leur degré d'intégration par rapport à la société moderne où elles vivent.
Voilà ! Certaines sont très progressistes !
> Presque tous leurs principes fondamentaux sont issus de la profession de foi promulguée à Dordrecht (Pays-Bas) en 1632. Du point de vue de la conscience individuelle, la Bible est leur seule autorité en >matière de doctrine et ils ne considèrent pas le pasteur comme médiateur entre le croyant et Dieu. Ils refusent le baptême des enfants au bénéfice du seul baptême des adultes (17 ans et plus) comme >profession de foi. Ils célèbrent la Sainte-Cène (l'Eucharistie chez les catholiques), bien qu'ils ne la considèrent pas comme un sacrement, et pratiquent parfois le rite du lavement des pieds à cette occasion.
Globalement vrai, mais la Sainte-Cène est je pense un sacrement "un signe de foi" :
> Les mennonites furent parmi les premiers à adopter le principe de la séparation de l'Église et de l'État et à avoir condamné l'esclavage. Ils ont toujours respecté les lois civiles, mais la plupart d'entre eux >refusent de porter les armes ou de cautionner la violence, de prêter serment et d'avoir des fonctions officielles, de pratiquer la contraception et de recourir au luxe (téléphone, musique, électricité, voiture,
> etc.).
Juste, seule critique la définition du luxe varie d'une communauté à l'autre. Même des très conservatrices ont désormais le téléphone, l'électricité et une voiture. Ces exemples sont donc largement faux en général.
> Les groupes mennonites les plus conservateurs se distinguent par la simplicité de leur mode de vie et de leurs vêtements noirs (à la mode du XIXe siècle).
Pas généralement vraiment vrai même chez beaucoup de conservateurs Ni pour les hommes (quasi indistincts des autres hommes) et même des femmes qui ont adapté leur costume (j'ai déjà vu des coiffes rigides de mennonite venus d'Alsace en 1870, elles ne sont plus portées depuis belle lurette mais remplacées par des coiffes plus légères).
> Chaque fois que les autorités ont tenté de les inciter à l'intégration sociale,
J'adore le mot inciter... Ils sont intégrés (dans le siècle) pas assimilés (du siècle).
> les mennonites ont résisté, s'appuyant avec force sur leurs traditions. Ils ne veulent rien devoir à l'État et ne lui demandent rien,
Généralement vrai.
> que ce soit des policiers ou des médecins.
Euh, ici grossière généralisation. 1) L'État -- sauf peut-être au Québec socialiste -- n'est pas le seul à fournir des médecins, 2) Presque tous (ou tous ?) les mennonites vont chez les médecins quand ils sont malades !
> La religion occupe une place centrale dans la vie des communautés mennonites. Dans certaines communautés des États-Unis, l'histoire a pu s'arrêter pratiquement au XVIe siècle :
16e siècle ? Ils ne sont arrivés qu'au XVIIIe siècle. Pourquoi le 16ème plutôt que le 18ème ?
> aucun journal ni aucune image ne vient concurrencer la Bible.
Ça existe, mais c'est très minoritaire.
> Non seulement, ils ne sont au courant de rien de ce qui se passe dans le monde, et le moteur à explosion et l'électricité sont considérés comme des luxes inutiles;
À nouveau très rare, certainement pas le cas des mennonites -- comment dites-vous -- « incités à s'intégrer socialement » par le Monopole de l'Éducation du Québec à Roxton Falls :
> seuls les chevaux peuvent sillonner les pâturages. Dans d'autres communautés plus modernistes, on ne dédaigne ni électricité, ni automobile, ni ordinateur.
> 2 Données historiques
> Le mouvement religieux mennonite apparut en Suisse vers 1520. Ses membres prônaient alors un protestantisme plus radical que celui défendu par le réformateur suisse Huldreich Zwingli, qu'ils quittèrent >d'ailleurs à la suite de leur désaccord sur le baptême des enfants (d'où l'origine du terme anabaptiste).
À l'origine une insulte : anabaptiste : rebaptiseur. Alors que la Bible dit « il n'y a qu'un baptême », source de persécution par l'Inquisition qui fut diligente envers les « anapabtistes » flamands.
> Du fait qu'ils rejetaient l'idée d'une Église au service de l'État et se considéraient comme des objecteurs de conscience, les mennonites furent accusés partout de subversion et furent persécutés.
Pas partout et pas tout le temps : ils trouvèrent refuge en Prusse et furent appelés en Ukraine.
Menno Simons
Au même moment, un mouvement parallèle fut fondé aux Pays-Bas par Menno Simons (1492-1559), d'où le nom de mennonites. Prêtre catholique (il reçut l'ordination en 1524), il prit peu à peu une position radicale, allant jusqu'à prêcher en faveur du seul baptême des adultes. Comme cela s'était produit en Suisse, les anabaptistes hollandais furent persécutés pendant des années. Des groupes similaires se répandirent dans le sud de l'Allemagne et en Autriche, où ils s'appelaient les huttériens, du nom de leur chef Jakob Hutter.
Au XVIIIe siècle, comme la communauté suisse subissait les persécutions, de nombreux fidèles ont décidé de fuir en Rhénanie, aux Pays-Bas, en Europe de l'Est, aux États-Unis (particulièrement en Pennsylvanie et en Ohio) et au Canada (surtout au Manitoba).
[PA] ********* Au 18e siècle aucun Mennonite ne s'est réfugié au Manitoba... Ce ne sera le cas que vers 1870 **** Mais avant cela, en Ontario, des Mennonites venant des États-Unis s'y seraient établis ****
Aux Pays-Bas, la persécution cessa vers la fin du XVIe siècle, mais les mennonites continuèrent à subir des discriminations de la part de ceux qui étaient en faveur d'une Église officielle d'État. Beaucoup d'entre eux émigrèrent en Pennsylvanie (USA) ou en Prusse, en Pologne et en Russie.
[L'image est je pense celle de Menno Simons quand les (prêtres) catholiques Hollandais s'habillaient ainsi... Puisqu'il en fut un.
Mais il y a d'autres portaits de mennonites chez les Maîtres flamands :
“Archival documents indicate that Rembrandt also painted a double
portrait of the Mennonite couple Jan Pietersz. Bruyningh and his wife
Hillegont Pietersdr. Moutmaker…”
“The dress of the woman does not have the Mennonite simplicity of say
Marten Looten, but the man’s does. Perhaps she was less committed to
her church than to her husband.”
“This is the only known painting that corresponds to an entry in the
death inventory of Jan Pietersz. The Bruyninghs lived in a small,
bare dwelling behind their cloth shop in the Nieuwe Nieuwstraat, but
they had quite a nice collection of paintings.”
Imagine d'un portrait de Rembrant de mennonites :
il ne viendrait à personne l'idée que tous les Hollandais s'habillent ainsi aujourd'hui, mais ces mennonites s'habillaient grosso modo comme les autres Hollandais, en un peu plus simple]
> De façon générale, que ce soit en Europe, aux États-Unis ou au Canada, leur vêtements austères noirs (datant du XIXe siècle) et leurs coutumes, particulièrement celles de ne pas payer certains impôts, de >refuser le service militaire et l'imposition d'une autre langue, etc., les placèrent en marge des sociétés où ils vécurent. D'autres vagues d'émigrants mennonites originaires d'Europe arrivèrent au Canada, >puis à partir de 1925 vers le Mexique, le Belize, le Paraguay, la Bolivie, le Brésil et l'Argentine.
1) Vic Toews (sec. du Trésor fédéral) est mennonite ! Ce serait donc la raison pour laquelle il porte des complets sombres comme Stephen Harper ?
2) Regardez la photo ici sur le même sujet :
Où est le vêtement austère noir ?
C'est vraiment simpliste.
> et leurs coutumes, particulièrement celles de ne pas payer certains impôts,
Aucune communauté au Canada ne refuse de payer l'impôt, même si elle trouve qu'il est mal utilisé.
>de refuser le service militaire
Exact, il refuse le service militaire. Ils sont pacifistes.
> et l’imposition d’une autre langue,
Je ne comprends pas. Qui impose une autre langue ? Vous voulez parler de l'imposition de l'anglais aux Mennonites et aux Francophones du Manitoba à peu près en même temps (vers 1916 de mémoire) ? Vous êtes pour l'imposition de l'anglais à tous ?
> etc., les placèrent en marge des sociétés où ils vécurent.
Relativement vrai (ils avaient une autre langue, d'autres coutumes, une autre foi et étaient minoritaires).
> D’autres vagues d’émigrants mennonites originaires d’Europe arrivèrent au Canada, puis à partir de 1925 vers le Mexique, le Belize, le Paraguay, la Bolivie, le Brésil et l’Argentine.»
Oui, enfin, tout ceci est bien trop simple (ou mal écrit). Beaucoup après la Ière GM, la IIe GM et la chute du Mur de Berlin sont arrivés au Canada et ont renforcé les Mennonites déjà établis depuis 1870 au Manitoba par exemple. Pour l Mexique, il s'agit d'une émigration partant du Canada après l'imposition de l'anglais à tous au Manitoba et du Mexique une autre immigration se dirigea vers le Belize (où est né ma femme, je sais de quoi je cause).
Mais de nombreux autres mennonites vinrent directement d'Allemagne et de Russie et allèrent vers ces pays d'Amérique latine. Ce n'est pas parce qu'ils portaient des vêtements noirs austères (!) les avaient persécutés et tués en URSS ! En commençant par Nestor Makhno...
3 La langue
> Vivant dans de petites colonies agricoles, les mennonites se caractérisent formellement par leurs vêtements noirs (perçus d'une autre âge)
Faux donc et sans rapport avec la langue...
> et l’utilisation de leur langue héritée du bas-allemand: le Plautdietsch (Plattdeutsch en allemand) fortement teinté d'influences néerlandaises et flamandes.
et de russe (avec des déplacements sémantiques amusants par ex. autour de la tomate/aubergine) et d'anglais aujourd'hui. Mais de toute façon le plaudietsch est en perte de vitesse.
(Linguistiquement le flamand, le néerlandais et le plautdietsch sont tous des dialectes bas-allemands)
> Aux États-Unis, le Plautdietsch est appelé Pennsylvania Dutch (ou néerlandais de la Pennsylvanie) ou Pensilfaanisch en allemand.
Non rien à voir, c'est un dialecte alsacien/rhénan alors que le Plautdietsch est bas-allemand (du nord donc).
> Les mennonites écrivent toujours en allemand standard, une langue qu'ils apprennent et enseignent dans leurs écoles.
Parfois. Il est plus juste de dire que s'ils écrivent dans une langue allemande, ce n'est pas un dialecte mais en allemand standard.
> Les seuls manuels «scolaires» sont l'Ancien et le Nouveau Testament dans des éditions allemandes.
Faux. Vous nous avez bien fait rire. De quelle communauté parlez-vous ? Citez le nom de celle-ci svp !
> Partout, sauf aux États-Unis (Pennsylvanie et Ohio) et au Canada, ils résistent ou refusent de parler la langue officielle du pays où ils résident, que ce soit en Russie
C'est faux, la majorité des mennonites de Russie ont été persécutés parce qu'ils étaient perçus comme Allemands (après la 1ère GM) et ceux qui ont émigrés d'URSS (plutôt que de Russie puisque beaucoup avaient été exilés de "force" (pardon incités à s'intégrer socialement) par Staline dans les républiques soviétiques d'Asie centrale (surtout Kazakhstan).
> ou en Amérique du Sud, principalement au Mexique (40 000), au Belize (6000), au Paraguay (35 000), en Argentine (2000) et au Brésil (6000). Dans ces trois derniers pays, la plupart des mennonites se >consacrent à l'agriculture et ont créé leurs propres écoles, banques, hôpitaux, médias, etc., utilisant le Plattdeutsch et parlant peu l'espagnol.
difficile au Brésil on y parle le portugais. Mais au Brésil il y en a pas mal qui parlent plutôt l'anglais en fait...
> Ce ne sont pas les maîtres d'école de la communauté qui enseignent la langue officielle aux enfants mennonites, mais les pères et autres parents mâles.
Je ne comprends pas, déjà qu'il n'y a habituellement pas de maîtres d'écoles mais des maîtresses d'écoles.
> En général, les mennonites ont toujours conservé de bons rapports avec les populations locales, souvent des autochtones amérindiens, généralement peu habituées à la non-violence de ces Blancs aux >yeux bleus.
Généralisation un peu méchante contre les autres Blancs (d'office violents ?)
En espérant que vous corrigerez votre page que deux journalistes (Voix de l'Est et Vigile.net) ont déjà utilisée pour commettre de nombreuses imprécisions,
Veuillez agréer, mes salutations distinguées,
P. Andries, 16 août 2007
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