Les faux-semblants de Québec solidaire

et les pancartes arrachées...

Tribune libre

Ce matin, comme d'habitude, j'ai fait le tour de mes diverses sources d'information question de partir ma journée du mauvais pied (les nouvelles sont tellement mauvaises, je me demande pourquoi je suis tant masochiste...) et j'ai été très bien servi. Au point où j'ai failli recracher mes céréales par le nez.
En effet, dans les pages du Journal de Québec, je suis tombé sur une des plus belles absurdités qu'il m'ait été tenu de lire en bien longtemps venant de M. Fonticella, nouveau co-porte-parole de Québec solidaire. Il dit, parlant de son parti : « Ce que nous proposons, c’est un projet de pays. Les autres partis comme Option nationale et le Parti québécois ont mis tout de côté en attendant les grands suaves de l’indépendance. Le message qu’ils envoient est le suivant: “On laisse la souveraineté à l’abandon et on laisse le Québec se développer sans intervenir”. »
Queouah!? Que l'on critique l'attentisme du PQ, je comprends bien, c'est la raison fondatrice d'Option nationale, mais que QS, les chantres de « la souveraineté si nécessaire, mais pas nécessairement la souveraineté » viennent nous dire à nous, qui avons quitté tous les navires présents et embarqués dans une chaloupe parce que les autres n'étaient pas assez indépendantistes, que nous laissons la souveraineté à l'abandon, ressemble à une phrase burlesque et ridicule de quelqu'un qui n'aurait jamais lu notre plate-forme ou entendu notre discours.
Un peu abasourdi de cette déclaration, je continue tout de même à lire l'article pour trouver, dans le paragraphe suivant tout la justification de cette déclaration en parfaite symbiose avec la réelle raison d'être de Québec Solidaire. « Nous sommes toujours souverainistes. Il nous semble difficile d’installer l’indépendance avec des partis qui se disent souverainistes, mais qui, comme le Parti québécois, gouvernent carrément à droite en mettant en œuvre des mesures qui tapent sur la tête des plus pauvres. »
La raison d'être de QS n'est pas l'indépendance, mais la justice sociale. C'est une cause louable, mais leurs réflexions et leurs actes montrent bien les biais démagogiques dont fait preuve ici Fonticella. Tout d'abord, les écrits. À la différence du PQ et de sa gouvernance souverainiste ou d'ON, de son LIT et de l'écriture d'une constitution québécoise qui viennent tous au point 1 des différentes plates-formes électorales, la question nationale chez QS n'est soulevée qu'au point numéro 29 et ne garantit en rien l'accession à l'indépendance. Ensuite, et plus particulièrement, les faits sur le terrain. La très vaste majorité des militants solidaires que je croise mettent à l'avant-plan la gauche et ne veulent pas d'un Québec souverain s'il se devait d'être à droite. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle QS, lors de son dernier congrès, a fermé la porte à toute alliance électorale avec le PQ et ON. Les militants ont d'ailleurs également voté pour M. Fonticella au lieu de son adversaire qui lui avait fait campagne sur la question constitutionnelle. En ce sens, Fonticella rejette ici le projet des deux autres partis en arguant que parce que le PQ gouverne à droite, il n'est pas souverainiste. Mais quelle pure sottise!
L'indépendance n'est pas une question de gauche ou de droite et si une condition est mise à son accession, c'est qu'elle n'est plus promue pour ce qu'elle est, mais pour ce qu'elle peut apporter. QS instrumentalise l'indépendance à des fins socialistes. Lorsque l'on doute de la primauté d'une idée comme la liberté et l'autodétermination nationale parce qu'elle n'est pas assez à gauche, on ridiculise l'idée même d'indépendance.
Parce qu'Option nationale s'est dit ouvert aux gens de toutes les allégeances; parce que l'on répète sans cesse que le point fondateur et articulatoire de notre plate-forme est le rapatriement par mandat électoral des lois, des impôts et des traités, puis une accession à l'indépendance avec l'écriture et entérinement par référendum d'une constitution; parce que l'on se dit ouvert à ceux qui ne sont pas pour la gratuité scolaire; parce que pour cette même gratuité on demande un engagement envers le gouvernement du citoyen après ses études; parce que notre nationalisation des ressources garde tout de même une exploitation privée; bref, parce que notre priorité n'est pas la lutte aux inégalités sociales, mais la lutte aux inégalités nationales, et bien pour toutes ces raisons, les militants de QS - ceux-là mêmes qui targuaient pendant des mois à l'unification - ont rejeté les alliances souverainistes et certains nous ont même traités de fascistes.
Et là, après que le parti et ses militants aient prouvé à maintes reprises leur attachement prioritaire envers l'étatisation et le socialisme vis-à-vis de la lutte nationale, ces citoyens du monde viennent nous dire, via leur nouveau chef, que parce que nous ne sommes pas assez à gauche nous ne sommes pas souverainistes? Un groupe d'information satirique aurait sorti la même information que je me serais bidonné, mais que cela viennent des hautes instances, solidaire est un retournement absurde, ridicule et manipulateur.
Non, Québec Solidaire n'est pas l'alternative indépendantiste. Pour être l'alternative indépendantiste, il faut rester ouvert aux gens du centre et aux gens de la droite. QS joue actuellement l'exact jeu de la CAQ, mais à gauche. Ils tiennent pour acquis que la souveraineté est une chasse gardée des gauchistes (tout comme la Coalition prend comme considération que pour jouer à droite il faut être fédéraliste) et la font passer derrière des intentions socialistes à souhait.
Je le répète et je le scande : On ne peut pas mettre de condition à la liberté.
Cette manigance de QS qui tente de faire passer les autres pour non souverainistes parce qu'ils sont trop à droite n'est qu'une preuve de plus que QS est un parti comme les autres qui tente de se faire passer pour le petit frère des pauvres et le super héros de la veuve et de l'orphelin. Si lors de la dernière campagne électorale, il n'y avait que des pancartes de QS dans Mercier et dans Gouin, ce n'est pas parce qu'il n'y avait pas d'autres partis qui s'y présentaient, mais c'est parce que toutes les autres ont été arrachées... devinez par qui.
Mathieu Gingras
Président intérim Option Nationale - Université Laval
Vice-Président Option Nationale - Taschereau

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Candidat à la maitrise en littérature à l’Université Laval ; Vice-président d’Option Nationale - Université Laval ; Vice-président d’Option Nationale - Taschereau





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    10 mai 2013

    Son nom est pas Fonticella, c'est Fontecilla.

  • Éric Lévesque Répondre

    10 mai 2013

    @ Claude Hamelin, malheureusement cela ne se fera pas, j'étais ex-solidaire avant et je trouve les actes du CN de QS très manichéen, parce qu'ils ont une dent envers le PQ (qui est compréhensible et j'appuie cette démarche). Il y aura pas de fusion car les raisons d'être sont opposées et pouvant si proches. Ils sont de gauches c'est correct, pour qu'ON fusionne avec QS il faut une plateforme uniquement de gauche, mais le bassin de la population pour l'indépendance se trouve au centre. Donc, nous subissons les critiques de QS. Tant qu'à se faire dire "mange dla marde", arrêtons de chercher une collaboration et laissons les faire. C'est comme une chicane de couple, madame dit non, j'veux plus rien savoir. Monsieur essaie de se rapprocher pour se faire pardonner et madame le gifle au visage. Pour Monsieur, il n'y a qu'attendre, elle va se rendre compte qu'elle était mieux avec Monsieur que de rester toute seule. C'est une question de temps...

  • Marcel Haché Répondre

    9 mai 2013

    Q.S. est un parti qui ne peut pas être intéressé par aucune entente, sous aucune forme, avec aucun autre parti souverainiste ou indépendantiste. La raison n’en est pas que les autres ne sont pas assez à gauche. Il n’y a pas de véritable parti de droite au Québec. Même le P.L.Q. respecte (sans doute de mauvais gré) le Québec social-démocrate. Mais Québec Solidaire a ceci en commun avec les libéraux : ce parti profite à la marge du vote perdu et à gauche provenant du West Island, indéniablement progressiste, mais indéniablement anti-indépendantiste.
    Q.S. parle des deux côtés de la bouche et abuse de la sincérité de son électorat. Il n’y a pas que les vieux partis qui le font. Si O.N. tient la Flamme à lui seul, pourquoi faudrait-il qu’il aille encore une fois en élection comme à l’abattoir ? Pourquoi ne pas passer son tour et voir s’installer durablement une nouvelle conjoncture ?

  • Archives de Vigile Répondre

    9 mai 2013

    Vous avez raison, il ne peut y avoir de condition à la Liberté. Comme dans liberté conditionnelle. C'est le concepte même du mot. Il ne peut vivre quand on le réduit.
    Comme je l'écrivais ici même, s'il y a un cause qui vaut la peine qu'on la défende, c'est bien la liberté.
    La liberté c'est la liberté individuelle et la liberté nationale. Je ne peux plus entendre quelque discours que ce soit qui place l'une contre l'autre, l'idée de l'autodétermination de la nation et la ligne gauche- droite. Ou entendre que gauche, droite c'est pas grave faisons l'indépendance de toutes les façons.
    La gauche doit se transformer, j'en suis certain, quitter ses vieux habits et certaines fréquentations historiques douteuses. Mais nous devons aussi tous comprendre, qu'il ne saurait y avoir de lutte pour la liberté nationale sans qu'il y ait en même temps une lutte pour la liberté de chacun des citoyens de ce pays.
    Un pays c'est pas juste une idée, c'est aussi tout le monde qui vit dedans.
    J'ai hate qu'on pense à la souveraineté comme le moteur, le chemin évident, vers une plus grande justice sociale.
    Qui voudrait d'un pays supposément libre avec un gouvernement d'extrème droite?
    On se libère sur papier et on s'enferme dans les faits. Ben non ça ne se peut pas ! Commment parler de liberté quand un partie importante de la population est prisonière économique.
    On ne peut plus séparer en miette la justice, la liberté.
    Et de l'autre côté, qui peut croire à un vrai Québec en plein développement social, économique et culturel tout en restant dans la Fédération à la Harper. Qui peut croire à une chose pareil?
    Comment dire qu'on va défendre la justice sociale et la liberté, mais que la liberté au plan nationale est secondaire. Ben voyons donc.
    Il faut concevoir la liberté comme étant la cause première. Mais il serait bien difficile de parler de liberté dans un pays sans solidarité, sans justice sociale, sans égalité des chances et en sachant que ce sont des oligarques qui mennent le jeu au détriment de la population en générale.
    ON et QS ont des munitions en masse pour se reprocher l'un l'autre leurs faiblesses. Mois c'est une fusion d'une partie des deux concepts qui me semble la plus belle des visions pour un véritable projet national. Vive la liberté, vive l'indépendance.
    http://www.vigile.net/Pour-un-vEritable-projet-national

  • Christian Montmarquette Répondre

    9 mai 2013

    «Que QS, les chantres de «la souveraineté si nécessaire, mais pas nécessairement la souveraineté.»-Mathieu Gingras
    Remettons les choses à leurs places svp M.Gigras
    Et laissons de côté la démagogie des citations tronquées.
    Voici la véritable déclaration d'Amir au sujet de cette campagne négative peu édifiante de la part d'Option nationale :
    «Khadir: «Je n'ai pas de leçon d'indépendance à recevoir»
    «Le scrutin du 4 septembre n'est pas une élection référendaire. Un vote pour Québec Solidaire n'est donc pas «nécessairement» un vote pour la souveraineté, a-t-il résumé. Ce vote se ferait plus tard (exactement comme Option nationale en passant..).
    «Si on peut déduire de ça que moi, je comprends que l'indépendance n'est pas nécessaire, c'est une erreur totale. Ça fait 10 ans que je le répète sur toutes les tribunes. Ce que je dis, c'est qu'il y a de la place dans cette démarche vers l'indépendance pour les gens qui ne sont pas convaincus, mais qui sont assez ouverts pour dire: on va faire le débat ensemble.»-Amir Khadir
    Source :
    «Khadir: «Je n'ai pas de leçon d'indépendance à recevoir»
    http://www.lapresse.ca/actualites/elections-quebec-2012/201208/17/01-4565960-khadir-je-nai-pas-de-lecon-dindependance-a-recevoir.php
    .

  • Michel Patrice Répondre

    9 mai 2013

    "Je le répète et je le scande : On ne peut pas mettre de condition à la liberté."
    La liberté à certaines conditions, c'est la liberté conditionnelle. Et la liberté conditionnelle n'est pas la liberté.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    9 mai 2013

    Je vous rappelle que votre Chef, Jean Martin Aussant, a quitté le Parti Québécois parce que pas assez souverainiste selon lui. Or il a conclu une entente avec Québec Solidaire alors que ce parti n'a pas d'engagement ferme de réaliser la souveraineté.
    Lors du dernier Congrès de QS, Françoise David, a rejeté l'idée d'une entente avec ON, après l'avoir utilisé pour se faire élire dans Gouin; consacrant ainsi le départ de l'excellent Nicolas Girard.La conclusion qui me vient, c'est que Jean Martin Aussant s'est fait roulé dans la farine, par un parti qui a déjà démontré son peu de respect pour les pactes entre partis (voir : L'enfumage de Québec Solidaire).
    Maintenant que les masques sont tombés, serait il trop demandé aux membres de l'ON de faire campagne pour sortir les véritables souverainistes de Québec Solidaire.
    JCPomerleau