L'ancien premier ministre Jacques Parizeau a raison de s'étonner de l'absence de participation de la Caisse de dépôt et placement au capital de la Banque Nationale. Faut-il pour autant aller beaucoup plus loin au chapitre de l'interventionnisme d'État dans les affaires du Québec inc.?
M. Parizeau n'est pas le seul à se plaindre du fait que l'actuelle direction de la Caisse a convaincu le gouvernement Charest de placer le rendement au sommet de ses objectifs d'investissement: le critique du Parti québécois en matière de finances, François Legault, est aussi de cet avis.
Dans la même veine, M. Parizeau se désole d'apprendre que le Mouvement Desjardins a vendu sa participation dans la Bourse de Montréal pour agir à titre de conseiller de la Bourse de Toronto lors de la récente prise de contrôle. Où s'en va le Québec inc.?
M. Parizeau regrette le temps où le gouvernement du Québec était plus actif et constate que d'autres pays, dont certains États américains, interviennent plus que jamais pour protéger la propriété locale des entreprises. Dans certains cas, on a adopté des règles qui agissent comme une pilule empoisonnée sur l'acheteur potentiel; dans d'autres, on utilise le capital de fonds d'investissement publics comme la Caisse pour influencer les décisions ou prendre carrément le contrôle d'une entreprise.
Il serait très regrettable que la Banque Nationale fasse l'objet d'une acquisition par des intérêts étrangers. La question qui se pose est cependant de savoir si une intervention massive de la Caisse de dépôt pour bloquer une telle transaction serait quant à elle souhaitable.
Peut-être pas, car il est loin d'avoir été démontré qu'une intervention télécommandée par le pouvoir politique a les bénéfices escomptés sur le développement économique. Dans bien des cas, de telles interventions se sont révélées coûteuses pour les déposants, sans apporter quelque avantage que ce soit à long terme. L'achat de Provigo par la Caisse en est un bel exemple.
En Norvège, petit pays de moins de cinq millions d'habitants, l'État a créé un fonds de revenus pétroliers dont la valeur atteint maintenant les 370 milliards de dollars, soit une fois et demie l'actif de notre Caisse de dépôt. Or, afin d'éviter tout effet pervers sur l'économie nationale, il est interdit aux gestionnaires de ce fonds d'investir un sou à l'intérieur du pays...
Le Québec n'est pas la Norvège, deuxième pays au monde en matière de revenus par habitant. Mais compte tenu du vieillissement rapide de notre population, il est impossible d'oublier que les principaux déposants à la Caisse sont les régimes de retraite des Québécois, dont on parle encore d'augmenter les cotisations pour cause de rendements anticipés insuffisants. Pensons-y bien avant d'exiger de la Caisse qu'elle relègue le rendement de ses investissements au second plan afin de répondre en priorité aux exigences dictées par les convictions politiques du gouvernement du moment.
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