Les conclusions politiques du recensement

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Il commence à être temps de les regarder !






Les chiffres du dernier recensement canadien fournissent un dur rappel à la réalité pour le Québec. Habitués à dire que le Québec représente le quart de la population du Canada, il faudra revoir notre langage.




Un quart, c’était vrai il y a 30 ans, puis c’était un chiffre arrondi dans les récentes années (le Québec représentait presque 24 % du Canada au recensement précédent). Aujourd’hui, c’est carrément faux. Le Québec représente 23,1 % de la population du Canada.




Ce déclin n’est pas fini. Toutes les projections démographiques qu’on peut faire présentent le même scénario: le Québec pèsera encore moins lourd dans le Canada au prochain recensement et aux suivants. Pour l’avenir prévisible au moins.




Influence en baisse




Le poids démographique n’est pas insignifiant pour le Québec qui aspire à demeurer un joueur majeur dans l’équilibre du Canada et surtout à protéger sa spécificité.




Parmi les conséquences de ce déclin, on devine qu’à la prochaine réforme de la carte électorale, on voudra refléter la population des provinces en réduisant le poids du Québec dans la répartition des circonscriptions par province. Cela signifie une perte directe de poids politique à Ottawa, une perte d’influence.




Moins de députés du Québec signifie moins de ministres du Québec. Moins de circonscriptions au Québec signifie un moindre intérêt des partis pour le Québec au moment de rédiger le programme. Moins d’importance pour le Québec signifie qu’au cœur du pouvoir, dans l’entourage du premier ministre canadien, la présence de Québécois est moins importante.




Cette tendance a déjà été observée depuis une décennie. Stephen Harper a pu obtenir un gouvernement majoritaire sans le Québec. Il s’agissait d’un phénomène assez rare dans l’histoire du Canada. Sans qu’un mot d’ordre soit donné, on sentait bien que les priorités du Québec ne se retrouvaient pas aux premières loges comme celles de l’Ouest.




Robert Bourassa




Lorsqu’il tentait de vendre l’entente de Charlottetown en 1992, le regretté Robert Bourassa insistait sur cette garantie constitutionnelle qu’il avait négociée que les sièges du Québec devraient toujours représenter 25 % des sièges à la Chambre des communes. Cette entente bancale comportait d’autres grandes faiblesses et fut battue dans un référendum, comme elle devait l’être.




On réalise néanmoins mieux aujourd’hui l’importance que le premier ministre Bourassa accordait à cette protection de notre poids politique. Visionnaire, il avait sans doute senti venir le déclin du poids du Québec. Dans quelques décennies, la population du Québec pourrait représenter entre 20 % et 22 % du Canada, une garantie du quart des sièges au parlement vaudrait son pesant d’or.




Pour garder son poids dans le Canada, le Québec n’aurait qu’une solution: ouvrir les portes massivement à l’immigration, pour suivre le rythme de Vancouver et Toronto. Là-bas, on ne se préoccupe pas d’intégration linguistique. On se fie au fait qu’un nouvel arrivant qui débarque en Amérique du Nord va forcément apprendre l’anglais.




Faire la même chose au Québec entraînerait la mort de la langue française, au moins à Montréal.




Le français en déclin au Canada. Le poids du Québec en déclin dans le Canada. Ce recensement 2016 pourrait bien alimenter les débats politiques des années à venir.




 



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