Ça y est, la table est mise. En effet, le gouvernement Harper a déposé hier à la Chambre des Communes le projet de loi C-12 sur la représentation démocratique portant modification de la Loi constitutionnelle de 1867. S’il est adopté, le nombre de sièges à la Chambre des communes augmenterait de 30, dont aucun au Québec. C’est donc dire le poids relatif du Québec dans les décisions prises par le parlement canadien se trouvera à diminuer proportionnellement. Autant dire que les carottes sont cuites.
Voilà une façon bien anglo-saxonne de noyer les poissons que nous sommes. Vous vous souvenez de cette époque où l’on se gargarisait du Canada des deux nations, les Anglais et nous ? Vous souvenez-vous des « Two solitudes » ? Vous souvenez-vous du « droit de veto » du Québec. Et bien, jetez tout ça aux poubelles, c’est même pas de l’histoire ancienne, c’est de l’histoire qui n’a jamais été, sauf dans les rêves et les illusions des fous des Rocheuses.
Il a d’abord fallu comprendre que le Canada étant multiculturel, la thèse des deux nations fondée sur la coexistence sur un même territoire canadien de deux groupes linguistiques ne pouvait pas tenir. Ensuite, « que voulez-vous », il fallut bien reconnaître les droits d’antériorité des Premières Nations. Et découvrir aussi que le « droit de veto » que le Québec croyait détenir sur toute modification de la constitution canadienne n’existait pas, et que cette dite constitution pouvait être rapatriée sans notre consentement. Et accepter ensuite la création de nouvelles provinces, ce qui permettait de diluer encore davantage la voix du Québec.
Pas si fous que ça, les Québécois décidèrent de mettre un holà au rouleau compresseur en supportant massivement le Bloc Québécois aux élections fédérales pour tenter de le freiner dans sa marche inexorable pour nous effacer du visage de ce monde en ne laissant derrière lui que des canadiens comme les autres.
Mais malgré la présence du Bloc, la décision fut prise de forger le Canada « nouveau » (foin du beaujolais, vous n’avez rien vu). On ajouta d’abord une onzième province, le Nunavut, pour diluer un peu plus la voix du Québec, et on s’apprête à « provincialiser » les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon. Comment ? Vous ne le saviez pas ? C’est pourtant l’image qu’on projette à l’étranger pour attirer des immigrants. Allez donc faire un tour sur le suite suivant : http://www.iwantcanadaforgood.com/13provinces.htm#
Lorsque le reste du Canada eut compris que son petit jeu d’alternance au pouvoir entre les deux grands partis nationaux ne fonctionnait plus en raison de la présence du Bloc qui défaisait tous les calculs et empêchaient une majorité de se dégager, il résolut d’aller la chercher ailleurs, cette majorité. Et c’est ainsi que l’idée lui vint d’en passer une « p’tite vite » au Québec en augmentant le nombre de députés aux communes et en faisant en sorte qu’aucun des nouveaux députés ne viendrait du Québec. Du coup, une majorité « national », (sans le Québec bien sûr, but who cares, they're just a pain in the ass!) redevient envisageable, et les Québécois sont baisés.
Brillant et vicieux petit scénario qui a toutes les chances de réussir à moins que les Québécois ne se réveillent très vite et réalisent que ce qui les guette n’est rien d’autre que l’extinction de l’identité québécoise à plus ou moins brève échéance. L’heure des grandes décisions approche à la vitesse grand « V ».