Le mercredi 12 décembre, représentée par Mgr Jean-Claude Turcotte,
l'assemblée des évêques est allée plaider devant la commission
Bouchard-Taylor pour réclamer une société laïque tolérante et ils se sont
dits ouverts au dialogue interreligieux, ils sont même allés jusqu'à dire
qu'ils favorisent l'accueil des étrangers dans un nous inclusif.
Venant d'une institution surannée dont les idéologues s'accommodent mal à
cette nouvelle donne qu'est la société québécois contemporaine qui a
tendance à se laïciser, l'archevêché semble quelque peu désespéré et en
manque d'argumentation quand il en vient à associer la laïcité à de
l'intolérance. En réponse à une question de M. Bourchard sur le rôle des
femmes dans son institution, M. Turcotte a répliqué que l'église avait
donné toute la place possible aux femmes dans le cadre qu'est son église.
M. Turcotte demande de revoir la place de la religion dans l'espace public
en disant que la religion se vit en société et en communauté, en ajoutant
que si on relègue la foi à la sphère privée, on favorise le repli sur soi
et l'intégrisme.
Voici comment le problème se pose quant à moi: la foi religieuse est
quelque chose de très intime qu'on peut partager avec les membres de sa
famille et cet engagement spirituel peut comprendre l'assistance à des
services religieux en groupe, à des endroits de culte bien définis. Pas de
problème là. Mais, dès qu'une foi religieuse quelconque se manifeste sur
la place publique, cela relève du geste politique et idéologique, quoiqu'en
disent les chartistes.
Lors d'une autre présentation devant cette commission ce jour-là, Steven
Slimovich, de B'nai Brith, qui est une institution qui représente
éloquemment une communauté particulièrement fermée sur elle-même, a déclaré
à nos deux commissaires, qui furent quelque peu surpris par ses propos,
qu'on devrait même étendre la pratique des accommodements afin de permettre
au plus grand nombre de gens possibles de participer pleinement dans la
société.
Pour ce qui en est des deux intellectuels choisis par M. Charest pour
faire l'audition de ces discours de ghettos polito-religieux, MM. Bouchard
et Taylor, ils ont été recrutés par ce gouvernement minoritaire afin de
calmer le jeu avant les dernières élections, pour ne pas avoir à gérer
cette éclosion d'une anxiété identitaire portant sur le multiculturalisme
imposé par les chartistes, la démographie ainsi que sur la minorisation
imminente de notre nation par une immigration massive venue angliciser la
région de Montréal.
Ces hommes de M. Charest ont été engagés pour neutraliser l'impact des
interventions nationalistes à l'origine de ce débat, c'est à dire les
publications et les actions de MM. Drouin et Thompson. Suite à la
publication du code de vie d'Hérouxville, ces aristocrates de l'académie de
la synthèse sociomystifiante et du civisme bien-pensant passaient leur
temps à relativiser face aux déclarations de beaucoup des participants à
leur commission itinérante, exhibant un aveuglement volontaire assez
évident face aux antagonismes culturels, religieux et historiques
confrontant le peuple du Québec.
Ces deux sommités issues de notre aristocratie académique ont régné sur
cette commission en allant même jusqu'à imposer une certaine censure à
l'endroit de plusieurs participants Leurs condamnations hautaines ont fait
les choux gras des médias de masse, particulièrement celles du ROC.
Voici comment je perçois nos deux commissaires: d'un côté, vous avez M.
Bouchard qui se spécialise dans la banalisation de l'histoire
socio-économique et démographique de notre nation, valorisant, comme son
frère Lucien, une ouverture à sens unique dans cette perspective
bouchardienne d'un nationalisme civique du reniement identitaire auquel on
a soigneusement évacué toute forme d'affirmation, isolant à dessein le
sujet de son histoire ainsi que de ses légitimes appréhensions, de ses
revendications historiques, le Bouchardien, semblable au socio-darwiniste,
a tendance à faire taire la juste révolte du petit peuple face à
l'envahisseur. Quant à lui, M. Taylor se veut l'auteur d'un prochain livre
commandité par la fondation Templeton. Il est à pondérer sa nouvelle
théologie, ce pont sacré qu'il tente d'élaborer entre la superstition sous
toutes ses formes et la science, affirmatif dans sa volonté de ramener en
bloc toutes les expressions religieuses dans la sphère publique pour mieux
nous assimiler tout en réprouvant la laïcité qu'il voit comme étant une
mouvance extrémiste et barbare.
Tant que le Québec ne sera pas un pays indépendant, la nation québécoise
peinera à assumer sa laïcité et notre système éducatif en est une preuve
éloquente. Le cours d'éthique et de religion n'a pas sa place à l'école,
pas plus que les cours de religion actuels. Je suggérerais plutôt des
cours sur l'éthique sociale et économique et, plus tard au secondaire, ou
même au cégep, des cours sur l'histoire des religions.
Daniel Sénéchal
Montréal
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