Article de Radio-CanadaInterdiction de parler en français pour des employés de Services Canada
lundi 21 février 2011
Des employés d'un bureau de Services Canada à Kentville en Nouvelle-Écosse se seraient vu interdire jusqu'à tout récemment de parler en français avec les clients qui leur demandaient de l'aide dans cette langue.
Des journalistes de Radio-Canada ont recueilli le témoignage de Dean Snelling, un anglophone qui a résidé en Suisse durant une quinzaine d'années. De retour au Canada depuis cinq ans, il dirige une maison de personnes âgées en Nouvelle-Écosse.
Il a récemment reçu des documents de la Suisse, en français, au sujet de ses prestations de retraite. C'est ce qu'il l'a amené à se rendre dans un bureau de Service Canada à Kentville, à une heure et demie d'Halifax.
Le Canada et la Suisse ont en effet une entente sur les prestations de retraite. Et il voulait obtenir de l'aide pour compléter la demande.
Il ne s'attendait pas nécessairement à recevoir du service en français, au bureau de Kentville, mais quelle ne fut pas sa surprise une fois rendue sur place : « Alors je prends ma place et quelques moments plus tard, c'est une dame qui arrive. Elle parle avec moi et je remarque qu'elle avait vraiment un accent francophone, alors je me dis : "bon, c'est bien, vous parlez bien le français, vous êtes francophone en fait" ».
Dean Snelling a porté plainte à Service Canada.
Dean Snelling demande alors à l'employé si elle peut l'aider en français, mais celle-ci lui répond : « Ben non, je suis désolée, mais maintenant c'est une règle, c'est un bureau anglais et moi, je ne peux pas parler français avec vous ».
La femme a quand même finalement accepté de l'aider en français. « Alors, elle prend le papier et commence à traduire, mais elle regarde comme pour être sûre que personne ne va la voir. Mais je me dis, ce n'est pas possible ça. Cette dame est de langue maternelle française et elle ne peut pas parler. J'étais un peu vexé, vraiment », explique Dean Snelling.
Ce dernier a porté plainte à Service Canada qui n'a pas voulu y donner suite, parce qu'il refusait d'identifier l'employée qui l'a servi.
Pas de commentaire de Service Canada
Les journalistes de Radio-Canada se sont rendus comme simples citoyens au bureau de Service Canada à Kentville.
À micro caché, on leur a confirmé que jusqu'à tout récemment, les employés ne pouvaient pas utiliser le français pour répondre aux clients : « Il y a quelques mois passés, on ne pouvait pas. On était frappé sur les doigts si on parlait un quelconque français. Parce qu'on n'était pas un bureau bilingue ».
La Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse est outrée par cette situation, mais elle n'est pas si surprise.
« Pourquoi c'est une attitude de minimum, au lieu d'une attitude de qualité de services, de maximum, de dépasser les attentes? Pourquoi on a peur de dépasser les attentes? C'est bizarre, on est capable d'offrir des services en français, on ne veut pas », s'interroge Jean Léger, le directeur général de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse.
M. Léger souhaite voir le gouvernement réagir : « Je pense que le Commissariat aux langues officielles a des responsabilités. Service Canada aussi a de grandes responsabilités, que ce genre de choses-là ne se reproduisent pas. De l'intolérance au niveau du français, nous on n'accepte pas cela ».
Le Commissariat aux langues officielles refuse de commenter la situation parce qu'il n'y a pas eu de plainte officielle faite à son bureau. Service Canada n'a pas non plus voulu commenter cette histoire.
Mais dans un courriel laconique, Service Canada a expliqué à Radio-Canada que le bureau fédéral de Kentville est unilingue et donc « à l'occasion, des agents qui possèdent une certaine connaissance de la langue de la minorité peuvent offrir le service, par courtoisie, bien qu'ils ne soient pas tenus légalement de le faire ».
Mon commentaire sur cet article
Le bilinguisme est vraiment menacé au Canada !!!
Au Canada, la raison pour laquelle le bilinguisme et les minorités francophones sont menacés de disparaitre est que la majorité anglophone voit la langue française comme une menace à la survie et à l'expansion de la langue anglaise plutôt que de voir le français comme faisant partie d'une richesse et d’un héritage bilingue et multiculturel du Canada.
Aux JO de Vancouver, les organisateurs tenaient tant à démontrer à la planète que l'anglais était la seule langue officielle du pays. L'an passé, l'Anglo Society avait fait parler d'elle en voulant hisser son drapeau unilingue dans plusieurs villes du Nouveau-Brunswick. Plus récemment, dans un musée de Halifax, les responsables ont utilisé comme deuxième langue d'affichage une autre langue que le français ! Puis, hier, un spectateur d'une équipe de hockey junior en Nouvelle-Écosse a fait brûler un drapeau acadien pendant un match. C’est la troisième fois en moins de deux mois que des gestes discriminatoires sont posés à l’endroit des Acadiens de la Nouvelle-Écosse… On peut se demander, avec raison, si le bilinguisme est véritablement respecté en Nouvelle-Écosse. Avec ces gestes discriminatoires, il n’est pas surprenant de constater que le taux d’assimilation des Francophones de la Nouvelle-Écosse bat des records en dépassant les 65 %. Depuis 1960, les Francophones de la Nouvelle-Écosse sont passé de 70 000 individus à 36 000 individus, il y a de sérieuses questions à se poser à ce niveau-là…
Le problème dans toutes ces attaques contre le français est qu'une partie de la majorité anglophone perçoit le français comme un danger pour l'avenir linguistique et culturel du Canada. Pourtant, ces gens devraient voir la cohabitation du français et de l'anglais comme une richesse nationale. De plus, la majorité anglophone n'a pas à avoir si peur du français, car elle sait que le pays sera toujours en très forte majorité anglophone.
Toutes ces attaques nous démontrent bien que le Canada n'a toujours pas réussi à faire cohabiter également et démocratiquement les langues anglaises et françaises.
Ce qui est encore pire, c’est que les gouvernements canadiens se servent de l’image du bilinguisme et du multiculturalisme pour promouvoir les vertus du Canada et les bonnes intentions de leur parti politique alors qu’en fait, ces réalités n’ont jamais existé au Canada. C’est la 3e fois en moins de 2 mois que les Acadiens de la Nouvelle-Écosse sont victimes de discrimination, mais M. Harper n’a jamais tenu à intervenir pour faire respecter le bilinguisme. L’an dernier, le premier ministre n’est pas plus intervenu pour mettre fin aux scandales relativement à l'Anglo Society qui tentait de faire hisser des drapeaux discriminatoires au Nouveau-Brunswick.
En refusant de défendre sur le terrain le bilinguisme, les premiers ministres entretiennent les mensonges du bilinguisme et de la diversité canadienne. Pierre Elliot Trudeau, considéré comme le père du multiculturalisme canadien, a adopté la Charte canadienne des droits et libertés sans avoir obtenu l’accord du Québec et sans avoir consulté et respecté les Francophones du pays.
De plus, le Commissariat aux langues officielles devrait également intervenir pour défendre les droits des minorités francophones, car c'est son devoir et sa responsabilité. Ce dernier ne doit pas attendre que les Francophones viennent à lui pour intervenir ou pour faire une enquête. Le Commissariat aux langues officielles doit adopter une attitude plus offensive et plus entreprenante, car les minorités francophones viendront rarement faire des plaintes à ce dernier puisqu'ils sont souvent intimidés sur les plans professionnels et sociaux. Le Commissariat aux langues officielles devra de toute évidence revoir sa politique d'action afin de devenir un organisme actif plutôt que passif.
Les Acadiens de la Nouvelle-Écosse sont victimes de gestes discriminatoires
Stephen Harper refuse toujours d'intervenir pour défendre le français au pays
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
24 février 2011On a brûlé un drapeau acadien dernièrement en Nouvelle-Écosse. Aucun écho au Québec.
http://www.radio-canada.ca/regions/atlantique/2011/02/22/005-drapeau-acadien-brule.shtml
Le drapeau acadien brûlé
Mise à jour le mardi 22 février 2011 à 14 h 12
Un partisan d'une équipe de hockey junior en Nouvelle-Écosse a fait brûler un drapeau acadien lors d'un match d'une série éliminatoire.
Le match en question s'est déroulé vendredi à la patinoire de l'Université Sainte-Anne. Il mettait aux prises des rivaux de longue date : l'équipe anglophone des Ice Dogs de Barrington Passage et l'équipe francophone des Lions de Clare.
Le geste du partisan de Barrington Passage qui a fait brûler le drapeau acadien suscite de l'indignation.
« La majorité des gens trouvait ça plutôt extrême. Il y a une grosse rivalité entre les Ice Dogs et les Lions, mais ce n'est jamais allé vraiment loin comme ça », indique Marc-André d'Entremont, un joueur des Lions de Clare.
Francis Robichaud, directeur général des Lions, indique que le père d'un joueur de l'équipe de Barrington Passage s'est interposé lors de l'incident. « Il lui a demandé de s'en aller de la patinoire. Ça fait que l'individu en question s'en est allé », dit-il.
M. Robichaud affirme qu'il a reçu des dizaines de plaintes au sujet de l'incident.
C'est vraiment quelque chose qui nous frappe, qui nous touche. Comme on le sait, le drapeau acadien pour nous autres est symbolique. Ça représente plusieurs éléments, que soit pour la culture et tout le reste. C'est vraiment une insulte.
— Francis Robichaud, directeur général des Lions de Clare
La direction des Ice Dogs sait qui a commis ce geste. Elle a l'intention d'interdire à cette personne d'assister aux matchs. Les Lions vont prendre la même mesure.
La GRC n'a pas reçu de plainte jusqu'à présent. Elle s'est quand même penchée sur l'incident et elle juge qu'il ne s'agit pas d'un crime haineux. Selon les policiers, c'était un geste irréfléchi commis par un partisan frustré.
L'équipe de Barrington Passage a essuyé une défaite lors du match de vendredi, qui s'est soldé par la marque de 5 à 1. Les Lions ont perdu le match suivant, disputé samedi, mais ils ont éliminé les Ice Dogs en remportant une autre victoire dimanche. Ils ont ensuite fait flotter de grands drapeaux acadiens sur la patinoire.
Archives de Vigile Répondre
23 février 2011Avez-vous réussi à publier cette information dans les grands quotidiens du Canada?
Voilà pourquoi les Canadians feignent l'ignorance!