Amphithéâtre de Québec

Leçon de démocratie

L'affaire Desmarais



Le volontarisme, dont le maire Régis Labeaume a fait sa marque de commerce, a ses vertus. Il y a des lourdeurs de systèmes qui ne peuvent être vaincues que par une détermination à toute épreuve. Qu'il ait choisi de s'associer Pierre Karl Péladeau dans ce projet d'un nouvel amphithéâtre sportif pour y accueillir une équipe de hockey de la LNH n'est sans doute pas un hasard. Il avait besoin d'un partenaire aussi déterminé que lui pour ramener les Nordiques à Québec.
La méthode Labeaume a aussi ses faiblesses. Ce fonceur fait peu de cas des principes démocratiques. À la manière d'un Jean Drapeau, l'homme des grands projets montréalais d'une autre époque qui semble l'inspirer, il mobilise l'opinion publique autour de ses projets pour forcer la main des pouvoirs publics supérieurs. C'est ainsi qu'il a ainsi arraché 200 millions à Jean Charest pour son projet d'amphithéâtre. Comme lui, il contourne lois et règlements quand bon lui semble. Pour ce projet, il a ainsi mis en place un échafaudage juridique qui lui a permis de se dérober à la procédure d'appels d'offres pour trouver le futur gestionnaire de l'amphithéâtre. Les appels d'offres, c'est pour quand la Ville dépense. Ici, il ne s'agit pas de dépenser, mais d'aller chercher des revenus qu'apportera ce gestionnaire, a-t-il décrété péremptoirement. Pas question non plus pour lui de permettre des consultations publiques sur le projet.
Malgré tout, la réalité démocratique aura rattrapé le maire Labeaume. Des voix se sont élevées pour contester cet échafaudage juridique quelque peu byzantin et remettre en question les coûts du projet. Les démarches de Denis de Belleval, qui porte cette contestation font en sorte de créer une incertitude quant à la capacité de la Ville de Québec de respecter les échéanciers, ce qui aurait un effet refroidissant sur les négociations avec la LNH pour ramener un club de hockey à Québec. Craignant de tout perdre, le maire Labeaume n'a eu d'autre choix que de demander à l'Assemblée nationale d'avaliser à rebours sa démarche en adoptant un projet de loi privé qui le mettrait à l'abri de toute contestation judiciaire.
Le débat auquel Régis Labeaume voulait échapper aura lieu, grâce à l'exigence de l'unanimité pour le dépôt de ce projet de loi privé. L'Assemblée nationale fera le travail qu'aurait dû faire le conseil municipal. Devront être entendus tous les intéressés au débat: les opposants au projet, les experts du ministère des Affaires municipales et, surtout, Régis Labeaume et ses partenaires. Le but de l'exercice ne devrait pas être de bloquer un projet pour des raisons idéologiques ou d'une autre nature — il y a des villes concurrentes à Québec et des entreprises qui préféreraient voir à Quebecor ailleurs —, mais de faire la démonstration qu'à défaut d'avoir respecté la lettre de la loi, le maire de Québec en a respecté l'esprit. Pour nous en convaincre, il devra mettre cartes sur table.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->