Le tourisme sauvage, ennemi de la civilisation

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« Il faudra empêcher l’armée du tourisme international de piétiner la planète comme une terre de conquête. »


Il y a un peu plus d’un mois, à Venise, un immense paquebot de croisière a causé tout un remous dans la lagune en percutant un petit navire touristique.


En fait, cet accident a déclenché une colère profonde chez les Vénitiens, manifestement exaspérés de voir leur ville occupée de brutale manière par les armées souriantes du tourisme mondialisé. Quelques jours après, ils défilaient dans les rues contre la présence des paquebots dans l’intimité de leur ville.


Venise


Mais les Vénitiens ne sont pas exceptionnels. Un peu partout, on fait le même constat, et on se demande comment lui résister. Le tourisme massif est un tourisme sauvage qui prétend amener la prospérité, mais qui en fait vient étouffer les villes qui le subissent.


Barcelone, Prague, Paris : on ne compte plus les grandes villes qui se font intégrer dans le circuit du tourisme de masse et qui sont dès lors condamnées à la déculturation. Appelons ça de la pollution économique. Elles doivent désormais se transformer en décor à grande échelle pour individus en quête d’un exotisme facile. Il s’empare ainsi des plus beaux lieux et il les soumet à ses désirs, qui ne sont pas toujours très sophistiqués. Le monde devient ainsi un parc d’attractions où se prendre en selfie. Pensons seulement au Vieux-Québec.


Car rarement, le touriste arrive avec une forme de respect pour le pays où il arrive. À la différence de la figure antique du voyageur, il ne lui vient pas à l’idée de se faire tout petit, et de respecter les coutumes locales, même minimalement.


Le tourisme relève de la consommation. La ville qu’il visite doit être au service du touriste et offrir les dispositions qu’il attend d’elle.


Le touriste, trop souvent, se montre particulièrement agressif. Il est à ce point convaincu de ses droits, et de sa supériorité en tant que créature valorisée par la mondialisation, qu’il ne comprend pas qu’on ne l’accueille pas automatiquement comme un sauveur enrichissant ceux qu’il visite, admirable bienfaiteur universel venant dépenser ses dollars chez ceux qui n’ont pas les moyens de suivre son rythme.








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Le tourisme de masse représente, de ce point de vue, l’expression la plus délirante du capitalisme qui marchandise intégralement l’existence. Les grandes villes ne sont plus faites pour ceux qui y vivent, mais pour ceux qui y passent. Et que dire du mauvais sort réservé aux stations balnéaires ?


En fait, ceux qui y vivent sont de trop : on juge qu’ils ne s’adaptent pas suffisamment à la logique du commerce et de la mondialisation. Ils entravent la logique du tout-au-tourisme.


Mondialisation


Depuis le début des années 1990, nous vivons sous l’empire de la mondialisation. Un peu partout, on commence à se dire qu’il faut s’en déprendre. Il ne faut évidemment pas entrer en guerre contre les voyages, mais les civiliser. Il faudra empêcher l’armée du tourisme international de piétiner la planète comme une terre de conquête. De mille manières, il faut apprendre à résister à la mondialisation.