Intervenir sur le territoire de Kahnawake ? Le président du syndicat des policiers de la Sûreté du Québec aurait eu peur pour ses membres. Il semble croire à la présence d’armes de guerre sur le territoire. Tout comme le premier ministre qui a osé parler publiquement de AK-47.
Les Mohawks de Kahnawake ont décidé de libérer la voie ferrée. Unilatéralement. Tout le monde était soumis. La situation avait tourné au ridicule depuis l’entente avec les représentants des chefs héréditaires Wet’suwet’en. Les Mohawks appuyaient des gens qui n’étaient même plus eux-mêmes en moyens de pression.
Je parle des Mohawks, il faut toujours nuancer cette généralisation. Combien ont vraiment participé aux barricades ? Qu’en pensait la majorité silencieuse dans la communauté ? Ceux qui désapprouvaient cette prise en otage du reste de la population auraient-ils pu l’exprimer sans peur ? Pas clair.
L’épisode des blocus ferroviaires nous a rappelé le triste souvenir de 1990, certes. Mais il nous a aussi mis au visage l’inefficacité de tous les compromis qui ont suivi. Des compromis pour avoir de bonnes relations ? Voilà qui est tout à fait souhaitable. Des compromissions pour acheter la paix, voilà qui est moins beau... et plus risqué à terme.
Les Peacekeepers
L’entente remettant la responsabilité des services policiers de la communauté aux Peacekeepers fut reconnue comme une avancée exceptionnelle. Un geste de reconnaissance de leur autonomie. Peu nombreuses sont les communautés des Premières Nations au Canada qui bénéficient d’une telle entente.
Quel bilan faire du travail des Peacekeepers au cours du dernier mois ? Des gens obstruent la voie ferrée, aucune intervention. La cour émet une injonction, ils ne permettent même pas qu’un huissier ou quiconque puisse aller au minimum remettre le papier aux auteurs du blocus.
Des individus masqués dessinent une ligne que les journalistes ne doivent pas dépasser. Les Peacekeepers n’interviennent ni pour assurer la libre circulation des personnes sur le territoire ni pour assurer le principe de liberté de presse.
Quelle loi ?
En plusieurs matières, les gouvernements ont fait de l’aveuglement volontaire avec la non-application de multiples lois. Prenons la vente de tabac. Des cigarettes produites et vendues à Kahnawake contreviennent à une longue liste de lois en matière de santé, d’affichage et de commerce. Sans parler de l’enjeu des taxes.
Depuis l’an dernier, le gouvernement a aussi fermé les yeux sur l’installation d’un nouveau casino. Pourtant, lorsqu’il fut question d’un casino à Québec, Loto-Québec a soigneusement mesuré les effets de concurrence sur Charlevoix. Le casino de Kahnawake se situe à 25 km de celui de Montréal. Pas un mot, pas de questions de l’opposition, tout le monde a agi comme si cela n’existait pas.
Le cas Kahnawake n’a rien à voir avec le dossier autochtone dans son ensemble. Les récents événements nous ont rappelé l’enjeu de sécurité qui existe à quelques kilomètres de Montréal, un territoire aux lois aléatoires, où personne ne peut intervenir.
Pour l’instant, nos gouvernements ont eu une seule réponse : fermer les yeux. Ça n’a pas marché.