Un autre que Marc Bellemare aurait été ébranlé par les contradictions et incongruités devant lesquelles on l'a mis, hier, à la commission Bastarache. L'avocat a tenu bon. C'est plutôt en cour d'appel, contre le Directeur général des élections, qu'il a perdu une manche.
D'entrée de jeu, le procureur de la commission lui a remis sur le nez sa boulette chronologique de la semaine dernière. Comment un rapport de la vérificatrice générale peut-il étayer une conversation tenue à l'été 2003 s'il n'a été publié qu'en février 2004? Une erreur aussi grossière, de la part d'un homme qui se flatte de sa mémoire, est très embarrassante. Mais Marc Bellemare n'a pas laissé cette impression s'installer.
Au lieu de nier son erreur, il s'est employé à renforcer le coeur de son propos - les soupçons qui, selon lui, planaient déjà sur le père du juge Bisson. Ce qui lui a permis, lorsque la procureure du gouvernement a tenté de ramener le sujet sur le tapis, d'en parler comme d'une affaire classée, lui rappelant qu'il avait déjà reconnu s'être trompé.
Les autres points soulevés en interrogatoire étaient loin d'être aussi simples. Une épreuve pour le témoin Bellemare, mais aussi pour les procureurs et pour le grand public. Si le premier a eu besoin de toute sa concentration pour répondre sans se nuire, les suivants ont dû ramer ferme pour extraire un semblant de démonstration de ce fatras de dates et de noms-qu'on-ne-peut-nommer. Et franchement, ils n'ont impressionné personne. Que le grand public s'y perde, passe encore. Sauf qu'il n'en est rien ressorti de bien éclairant pour la commission non plus.
La plus grande faiblesse du témoignage de Me Bellemare est en train de se révéler un atout majeur. L'ex-ministre de la Justice, on le sait, n'a pas grand-chose pour soutenir ses allégations. Peu de témoins, pas du tout lors de ses conversations les plus importantes avec Jean Charest. Pas d'agenda, ni de notes personnelles qu'il aurait prises à chaud. Il a donc toute la liberté de se distancier des écrits qu'on lui soumet. Les notes et la correspondance de son personnel? Il ne les a jamais vues, n'est pas sûr de les comprendre, refuse de les interpréter. Très pratique.
L'avocat Bellemare a passé sa vie à défendre des victimes d'accidents et d'actes criminels. Il en a préparé des centaines à se faire interroger et contre-interroger. Imaginez la préparation à laquelle il a dû s'astreindre lui-même avant de comparaître devant cette commission. Si les procureurs du gouvernement, de Jean Charest ou du Parti libéral veulent le trouver en défaut ou le déstabiliser, ils vont devoir arriver avec des éléments très forts. Parce que leurs trucs d'avocats ne marcheront pas sur ce témoin-là.
Le seul qui a eu raison de Me Bellemare hier est le Directeur général des élections, qui a gagné le droit de l'interroger. L'ex-député risque gros: quel déconfiture ce serait si le DGE ne trouvait rien d'incriminant sur le financement du PLQ dans son témoignage!
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