Alexandre Shields - Le Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC) souhaite que ceux-ci aient leur mot à dire sur la politique de rémunération des hauts dirigeants des sociétés ouvertes. La chose est d'autant plus nécessaire que la surenchère dans ce domaine est une des causes de la présente crise financière, selon le fondateur de l'organisme, Yves Michaud.
Le MEDAC propose ainsi que «le conseil d'administration adopte une règle de gouvernance stipulant que la politique de rémunération de leurs hauts dirigeants fasse l'objet d'un vote consultatif auprès des actionnaires». Cette proposition fait partie des quatre qui seront déposées auprès de 11 sociétés ouvertes canadiennes et qui devraient être débattues au cours des prochains mois dans les assemblées annuelles des actionnaires.
Selon M. Michaud, «il est inadmissible de constater, comme l'a confirmé une étude du Centre canadien des politiques alternatives publiée au début de 2008, que l'écart entre la rémunération d'un p.-d.g. et celle d'un salarié moyen atteint aujourd'hui 218 fois. Dix ans auparavant, un tel rapport était de 104 fois».
Il estime d'ailleurs que cette «spirale démentielle» est en partie responsable de la débâcle financière que traverse présentement la planète. «La principale cause de la crise financière actuelle, c'est la culture de voracité, de rapacité et d'enrichissement sans cause qui s'est installée dans la gestion des sociétés ouvertes», a-t-il affirmé hier en conférence de presse.
Le MEDAC juge également nécessaire de limiter à quatre le nombre de conseils d'administration auxquels peut siéger un administrateur, et ce, afin de lui permettre de «jouer pleinement son rôle», qui consiste entre autres à protéger les actionnaires. Cela implique, selon Yves Michaud, de pouvoir y consacrer «tout le temps nécessaire» dans un contexte de «complexité croissante dans lequel les sociétés opèrent».
Le Mouvement propose en outre l'adoption, «pour les membres du comité de rémunération et les conseillers externes en rémunération, la même politique d'indépendance que celle qui régit les membres du comité de vérification et les vérificateurs externes».
Une dernière proposition vise à favoriser la nomination de femmes au sein des conseils d'administration par l'adoption d'une politique stipulant que 50 % des nouvelles candidatures proposées soient féminines, jusqu'à l'atteinte de la parité hommes-femmes. «Chez Power Corporation, on compte une femme pour 17 membres au conseil d'administration, a déploré M. Michaud. Il est possible d'en arriver à un meilleur équilibre.»
Outre les sept plus grandes banques canadiennes, les propositions du MEDAC seront présentées aux assemblées des actionnaires de la Financière Manuvie, de Power Corporation, de BCE et de Bombardier.
Le salaire des dirigeants soumis au vote des actionnaires?
Le MEDAC dévoile quatre propositions
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